C'est une nouvelle étape entérinée par la justice qui a été communiquée ce mercredi 17 janvier. La décision de référé du tribunal judiciaire de Grasse interdit à Marineland de déplacer ses orques tant que les conclusions d'une expertise ne seront pas rendues. Le parc antibois a 15 jours pour faire appel.
"La demande de One Voice recevable et bien fondée". C'est ainsi que la décision de référé du tribunal judiciaire pourrait se résumer, dans ce long feuilleton judiciaire qui oppose le parc Marineland à l'association de défense des animaux présidée par Muriel Arnal.
Ce 17 janvier, le tribunal de Grasse a décidé de "faire interdiction à la société Marineland de déplacer en tout autre lieu que le parc [...] les trois orques suivants : le mâle Inouk (24 ans), sa soeur Wikie (21 ans) et son fils Keijo (8 ans)".
Ces derniers jours, la présence de moyens logistiques avaient laissé penser que cette famille de mammifères antibois pourrait quitter les lieux.
Cette interdiction prendra effet "jusqu’à la fin des opérations d’expertises et le dépôt du rapport d’expertise des deux experts désignés par ordonnance et par décision de la cour d’appel d’Aix-en-Provence du 21 septembre 2023, sous astreinte de 50.000 euros par jour de manquement à cette interdiction".
Pour l'avocate de l'association, maitre Caroline Lanty, cette procédure d'expertise pourrait prendre au minimum plusieurs mois.
La présidente de One Voice se dit soulagée
Muriel Arnal, la présidente de l'association One Voice, a accueilli très positivement cette décision. "Nous sommes soulagés de savoir que les experts vont pouvoir mener à bien cette expertise en profondeur, à la différence de celle des experts du ministère qui sont restés deux heures. Là, on parle de quelque chose de tout à fait différent. Ils vont demander énormément de papiers à Marineland, pouvoir observer la santé des orques, l'état des bassins... C'est ce que nous souhaitions, puisque nous y avions droit, le tribunal l'avait autorisé."
Muriel Arnal évoque avec émotion le décès de Moana, en octobre 2023 à l'âge de 12 ans, "celui d'une adolescente" précise-t-elle, quand ces animaux peuvent vivre jusqu'à 50 ans en captivité.
La présidente de One Voice milite également pour que ces trois orques prennent la direction d'un sanctuaire situé en Nouvelle-Ecosse, une province canadienne à l'extrême est du pays.
Muriel Arnal l'assure, elle sera pleinement mobilisée avec son association pour les prochaines réunions d'expertise, dont la première doit se tenir ce vendredi 19 janvier en présence des experts désignés par la justice, des avocats des deux parties, ainsi que des représentants de l'association ainsi que du parc animalier antibois.
"Le zoo Marineland n’en partage néanmoins pas le raisonnement juridique"
Contacté ce mardi 17 janvier en début d'après-midi, le service communication a fait savoir vers 18h30, par mail, que le "zoo Marineland prend acte de la décision du 17 janvier 2024 du juge des référés du tribunal de Grasse faisant interdiction au zoo Marineland de déplacer les orques jusqu’à la fin des opérations d’expertise ordonnées par arrêt de la cour d’appel d’Aix-en-Provence".
"Le zoo Marineland n’en partage néanmoins pas le raisonnement juridique" précise le courrier électronique.
Par la voix de son directeur de la communication, Romain Serigne, Marineland souhaite rappeler que les "deux experts indépendants, mandatés par le ministère de la Transition écologique, se sont déjà rendus à Marineland le 28 novembre 2023 pour étudier les conditions de vie et l'état de santé des orques de Marineland, émettant des rapports favorables, dont le champ d’application est encore plus large que cette expertise judiciaire."
Et de rajouter que "dans leurs rapports respectifs, ils ont souligné le professionnalisme et l’expertise de l'équipe, l'adéquation des infrastructures, de l'alimentation, des soins et du suivi vétérinaire des orques, ainsi que la qualité de l'eau des bassins. Ils ont notamment souligné que les équipes animalières et vétérinaires disposaient de toutes les compétences et de tous les moyens nécessaires pour assurer la santé et la qualité de vie des orques."
"En ce qui concerne l'état de santé des animaux, les experts ont reconnu la qualité des soins prodigués" rappelle Marineland.