Alors que la majorité des salariés de Sophia-Antipolis dans les Alpes-Maritimes est en télétravail, la technopôle résiste à la crise. Et même plutôt bien. Les investisseurs recherchent de nouveaux bureaux. Même si cuisine, salon ou balcon sont les nouveaux lieux de travail pour salariés nomades.
C'est l'un des paradoxes de la crise du Covid : Sophia-Antipolis dans les Alpes-Maritimes résiste à la crise, même si toutes les entreprises y sont à l’arrêt. Actuellement, confinement renforcé oblige, la majorité des salariés de Sophia-Antipolis est en télétravail, (près de 90%), ce qui n'empêche pas les entreprises de continuer à recruter.
Soulagé
A la lecture des derniers chiffres pour l'année 2020, l'année maudite placée sous le signe du Covid, Alexandre Follot, s'est senti soulagé : « on craignait les chiffres mais en fait Sophia n’a pas perdu d’emplois depuis sa création ». Le directeur adjoint de la communauté d’agglomération Sophia-Antipolis - CASA (et directeur général du syndicat mixte) se voyait mal annoncer des pertes d'emplois pour ce fleuron de l'économie high-tech.
Biotechnologies et intelligence artificielle
Covid ou pas, « les secteurs des biotechnologies et de l’intelligence artificielle ne vont pas s’arrêter là ! » En effet, ces entreprises qui phosphorent sur le futur semblent être épargnées.
En 2020, des emplois ont été créés. Pas autant que les années précédentes où l’on recensait 1000 à 1500 emplois en moyenne, mais le solde reste positif.
Pas de quoi se montrer triomphaliste. Pas de quoi déprimer non plus : « On n’est pas en négatif, c’est ça qui est magique ! », s'exclame Alexandre Follot, directeur adjoint de la CASA. On le sait des entreprise comme Amadeus ont supprimé au printemps dernier la présence de consultants dans ses rangs et réduit de 10% ses effectifs avec un plan de départ volontaire.
Faire baisser le nombre de mètres carré
Avec la généralisation du télétravail, Alexandre Follot estime que 15 à 20% des locaux seront disponibles après la crise. « Je ne pense pas que l’on retournera à la situation précédente. A ce titre, je pense que beaucoup de salariés seront en télétravail 1 à 2 jours par semaine ».
De nouvelles habitudes de travail qui devraient faire baisser le nombre de mètres carré nécessaire dans les entreprises.
Pourtant, la perspective de bureaux désertés ne lui fait pas peur. Le directeur de l'aménagement est même satisfait de cette nouvelle « marge de manœuvre ». Car depuis quelques semaines, malgré le confinement renforcé, son téléphone sonne à nouveau. Les investisseurs recommencent à appeler et à s’intéresser à la Côte d’Azur.
La superficie de Sophia-Antipolis est de 483 km² :
Délocalisation au soleil
Pour les entreprises de la région parisienne, la qualité de vie des salariés, qu’ils soient en télétravail ou au bureau, est devenu un enjeu primordial.
Les start-up, « piégées » dans les grands centres urbains, cherchent à se délocaliser au soleil, dans un cadre naturel. Une bonne nouvelle pour Sophia-Antipolis. Les programmes immobiliers ont pris du retard à cause de la crise sanitaire et la technopôle manque très vite de mètres carré pour de nouveaux projets.
Bureaux avec vue sur la pinède
En pleine crise, business is business ! Stena, l’un des plus grands propriétaires de Sophia a décidé de vendre sa filiale de bureaux, soit 85.000 mètres carré. Une mauvaise nouvelle pour la « silicon valley » de la Côte d’Azur ? Pas du tout !
Les affaires sont les affaires… "Le nombre de candidats à la reprise est très important", précise Alexandre Follot.
Sans révéler de noms pour l'instant, mais il s’agit d’investisseurs locaux, régionaux, voire internationaux. Sophia-Antipolis n’aurait donc pas perdu de son attractivité. On pourrait même se battre pour des bureaux rénovés avec vue sur la pinède ! A des prix du mètre carré identiques à ceux qui se pratiquaient avant le Covid, soit des loyers de 120 à 170 euros dans l’ancien et 190 à 225 m2 dans le neuf. La précision est importante.
Un demi-siècle d’innovation
Alexandre Follot passe en revue les années difficiles : 2001 avec la crise internationale, 2008 la crise financière des subprimes et 2020 année du Covid. Finalement, Sophia-Antipolis démontre sa capacité de rsistance aux chocs et aux mutations économiques. La technopôle a fêté ses 50 ans il y a 2 ans, l'âge de l'expérience et de la maturité. Les salariés avaient alors réalisé un logo humain géant (photo) pour symboliser ce demi-siècle d’innovation.
L'idée de son fondateur, Pierre Laffitte, de concentrer entreprises, ingénieurs, chercheurs, étudiants sur un même territoire pour obtenir "de la fertilisation croisée", reste donc une bonne recette. Même si le travail se déroule actuellement à distance.
« Avec cette crise, vous gagnez 10 ans ! »
Le directeur va même plus loin : « Avec cette crise, vous gagnez 10 ans ! » Il veut croire que les choses vont changer. Fini les bouchons du matin ? Selon lui, la mobilité devrait changer également. Et dans le bon sens.
Entre le développement du télétravail, l'arrivée du bus tram et de nouveaux programmes de logements, la circulation devrait se fluidifier.
Tous les ingénieurs d'Amadeus, d'Orange ou les chercheurs du CNRS et de l'INRIA vous le confirmeront : les embouteillages restent le point noir de ce territoire.
Malgré toute l'intelligence artificielle et humaine regroupée sur ce petit morceau de la côte d'Azur, on n'a pas encore trouvé l'équation parfaite...
Bureaux flexibles disponibles en quelques clics
Comme les conditions de travail changent, certains s'engouffrent dans ces nouveaux espaces. Avec Flex-O, Christophe Courtin vient de lever 15 millions d’euros. Son idée ? Des bureaux flexibles, disponibles en quelques clics, de l’espace de co-working à la salle de réunion.
#Levéedefonds : Flex-O lève 15 M€ pour créer une vingtaine de sites #FlexOffice en 5 ans
— Invest in Côte d'Azur (@TeamCotedAzur) March 22, 2021
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Flex-O promet des bureaux équipés de "connexion sécurisée premium", "conviviaux" avec café et services à proximité (salles de sport, commerces, crèches) et vue sur les arbres, « dans une ambiance cosy ».
Promis, dans le monde d'après, on va même oublier de travailler !