De plus en plus de guichets fermés à la SNCF et l’impossibilité d’acheter un billet. Des usagers de la vallée de La Roya dans les Alpes-Maritimes, disent leur ras-le-bol face à la difficulté croissante de se procurer des titres aux guichets.
Ces usagers de la SNCF ne décolèrent pas. Verbalisés début mars comme de vulgaires resquilleurs.
Ce sont en fait des salariés qui utilisent régulièrement le train entre Breil-sur-Roya ou Sospel et Nice. Mais voilà ce jour-là, impossible pour eux comme ils le font d’habitude d’acheter leur billet au guichet.
À la gare de Sospel, une affichette pas plus grande qu’une feuille A4 qui se la joue discrète explique : "à partir du 7 mars, les guichets ouvriront à 9 h 10".
À bon entendeur ! Le sang de la poignée d’usagers ne fait qu’un tour. Colère. Car à cette heure-là, ils seront déjà sur leur poste de travail.
Repli sur les distributeurs automatiques. "En fait il n’y en a qu’un mais il ne marche pas" s’étrangle Laurence Sarfati de l’association du train Nice-Cuneo-Vintimille.
Et pour ceux, précautionneux, qui auraient le sésame, un billet pour emprunter le train, pas de chance... Le composteur n’est pas accessible, car à l’intérieur de la gare fermée pour le coup précise l'intéressée.
Ubuesque. Bien hardis les passagers à monter dans le train sans titre valable en se disant que si à bord, ils croisent un contrôleur, les choses devraient bien se passer. Après tout, ce sont aussi des personnes capables de comprendre la situation.
Mal leur en a pris car Nice : comité d’accueil. Contrôle en sortie de gare. Résultat : 12 de nos habitants de la vallée, passagers réguliers du train ont été verbalisés. L’amende est salée : 50 €.
Amende salée
La situation des guichets à horaires de plus en plus réduits dans les Alpes-Maritimes serait généralisée. En 2018, la fermeture des guichets d'accueil des gares de Tende, Sospel, La Trinité, Menton Garavan, Villefranche-Sur-Mer et Carnolès avait mobilisé.
Ainsi, à Menton, les créneaux d'ouverture, souvent d’un seul guichet destiné à la vente de billets se réduisent à peau de chagrin.
Laissant des passagers un peu de marbre, car incapables d’acheter des billets sauf à passer par les automates ou l’appli de la SNCF que beaucoup ne plébiscitent guère.
Une situation assumée par l’entreprise ferroviaire explique ce contrôleur syndiqué qui préfère garder l’anonymat : "cela fait des années qu’on assiste à une réduction d’effectifs à tous les niveaux. L’idée est de tout mettre sur Internet et de limiter les canaux de distributions".
Rien qu’aux guichets en gare de Nice, une trentaine de postes auraient été ou ont été supprimés ou re-ventilés sur d’autres activités.
Sur les petites gares du département, il n'y a bien souvent plus aucune vente « physique » d'assurée.
Ou à des horaires inadaptés.
En revanche, les contrôles seraient en force hausse pas tant à bord des trains qu’en gare. Le sujet sensible, ce sont les « brigades hybrides. »
C’est d’ailleurs à un tel type de brigades que les passagers de la vallée ont été confrontés. "En fait, vous arrivez en gare de Nice explique l’un deux, puis il y a comme un barrage en haut des marches vers la sortie".
Faire du chiffre ?
Toutes les personnes sans billets sont systématiquement verbalisées. Pas de temps pour la négociation. On appelle cela des EMI, équipe mobile d’intervention nous explique le délégué syndical. Apparu il y a quelques années en France ils sont organisés et mis en place par RFF, réseau ferré de France.
Aux côtés des agents, bien souvent la police vient en renfort. Selon les syndicats, il s’agirait là de « faire du chiffre.» Les usagers qui n’avaient pu acheter leur billet comptent bien protester au nom de leur bonne foi.
La SNCF sollicitée sur le thème n’a pas souhaité répondre à nos demandes d’interviews ni confirmer ces propos.