Les électeurs de Vallauris voteront le 12 novembre prochain pour élire leur maire. Les opposants et les dissidents étaient parvenus à mettre Kévin Luciano en minorité, le contraignant à faire démissionner son équipe pour provoquer une nouvelle élection. Mais réussiront-ils à le battre dans les urnes grâce à une liste d'union ? On fait le point.
"Ma liste est faite". Michelle Salucki ne perd pas de temps. L'ancienne maire de Vallauris Golfe-Juan dans les Alpes-Maritimes veut, dit-elle, sauver sa ville d'une situation de crise inédite. Battue en 2020, elle avait décidé de ne pas siéger dans l'opposition, mais suivait de près les débats municipaux.
La voilà déterminée à retrouver son fauteuil de maire, elle qui se verrait bien en femme providentielle.
Les résultats des urnes en 2020 :
À Vallauris, le niveau de tension est inédit. Je reviens pour apaiser. Je sais gérer la ville.
Michelle Salucki, ancienne maire de Vallauris Golf-Juan.
Rassembler les opposants et les dissidents
Mais Michelle Salucki réussira-t-elle à rassembler autour de son nom ? Plusieurs connaisseurs de la vie politique locale décrivent une personnalité très clivante : décriée par les uns, considérée comme la seule capable de redresser la situation par les autres.
A-t-elle réussi à convaincre ceux que le maire appelle "les fêlons" : les conseillers municipaux qui ont quitté la majorité, mettant Kevin Luciano en minorité ? Rassemblera-t-elle l'opposition au-delà des différences partisanes ?
Nous avons eu des contacts. Ce sont des gens de qualité, qui ont siégé avec courage : les dix-huit membres de l'opposition se sont levés pour dénoncer des pratiques inacceptables. Le prochain mandat, en 2026, sera politique. Là, on n'en est pas là. On est dans une catastrophe.
Michelle Salucki, ancienne maire de Vallauris Golfe-Juan
Son point faible : n'avoir pas siégé au sein du conseil municipal au lendemain de sa défaite en 2020.
Elle avait complètement abandonné ses électeurs en rase campagne en 2020. Les urnes parleront
Kevin Luciano, maire de Vallauris Golfe-Juan (LR)
"Ça s'appelle passer le flambeau, rétorque l'ancienne maire. Les membres de mon équipe ont travaillé avec courage. Je reviens pour apaiser"
Entre volonté d'union et ambitions personnelles
On n'en saura pas plus sur la composition de sa liste. Silence et discrétion également pour Emélie Leduc. Cette opposante représentait le groupe "Ensemble pour Vallauris-Golfe-Juan" au sein du conseil municipal. Son leader, Jean-Noël Falcou, n'a jamais pas siégé, et le petit groupe avait rapidement volé en éclats. Elle s'attelle à construire une liste sans étiquette, une deuxième.
À situation exceptionnelle, proposition exceptionnelle. Tous ceux qui ont voulu continuer à servir l'intérêt général sont les bienvenus sur cette liste d'union.
Emélie Leduc, conseillère municipale d'opposition (groupe Ensemble pour Vallauris Golfe-Juan)
Selon elles, une majorité d'opposants y travaillent.
Personne n'est exclue, de l'extrême gauche à l'extrême droite.
Emélie Leduc.
Son ancienne colistière, Emmanuelle Cantoni, qui avait rapidement acté leurs désaccords en quittant le groupe au lendemain des élections municipales, estime que les ambitions personnelles ne doivent pas alimenter des divisions.
Nous ne sommes pas dans une logique électoraliste : notre objectif ça n'est pas d'être élu. Alors nous prendrons nos responsabilités : si nous ne parvenons pas à une union large, nous ne participerons pas à une mascarade électorale qui favorisera Kévin Luciano.
Emmanuelle Cantoni, conseillère municipale d'opposition (groupe PACTE : pour un avenir citoyen transparent écologique et solidaire)
Pour elle, il y a deux sujets non négociables : la lutte contre le projet de déviation routière, et le contrôle par Anticor (Association citoyenne contre la corruption et pour l'éthique en politique) de la procédure de délégation des ports, l'association de lutte contre la corruption ayant déjà saisi la justice.
Le maire, Kevin Luciano, ne croit pas à une large liste d'union, rappelant que le groupe Ensemble pour Vallauris-Golfe-Juan avait volé en éclats au lendemain des élections municipales de 2020.
"S'ils n'ont pas pu s'entendre à quatre, je ne vois pas bien comment ils pourraient s'entendre à 35. Avec des gens aussi différents que des macronistes, des gens de droite, de gauche. Ce sera le mariage de la carpe et du lapin"
Kévin Luciano, maire de Vallauris Golfe-Juan (LR)
Il affirme avoir l'embarras du choix, au vu du nombre de candidatures, pour constituer sa liste, déjà en grande partie composée des élus de la majorité sortante.
À l'extrême droite, Reconquête et le Rassemblement national se préparent également. Le parti d'Eric Zemmour se dit prêt " à porter une liste ou soutenir le candidat qui s'engagera dans une démarche de coalition des droites".
Lionel Tivoli, lui, veut proposer à son parti d'investir Dorette Landerer. Désormais député, le délégué départemental du RN ne peut plus prétendre à un mandat de maire. Dorette Landerer s'est déjà essayée au combat politique lors des précédentes élections législatives : elle avait été éliminée au premier tour dans la 8e circonscription des Alpes-Maritimes.
Enfin, Armand Bisror, médecin de profession, veut retenter sa chance. Il a annoncé sa candidature. En 2020, il avait recueilli 8% des suffrages au premier tour. Le second tour avait été marqué par une quadrangulaire, opposant Kevin Luciano, Michelle Salucki, Jean-Noël Falcou et Lionel Tivoli.
Les candidats ont désormais 7 semaines devant eux pour mener campagne.