Au début du mois de février 1956, l'Europe a subi une vague de froid très intense. La région la plus chaude de France n'a pas échappé à cet hiver infernal. Les températures sont descendues jusqu'à -20 degrés Celsius à Aix-en-Provence et des dizaines de centimètres de neige sont tombés. Plongée dans les archives.
Si vous pensiez avoir froid ces derniers jours, ces images vont peut-être vous faire relativiser. En février 1956, il y a 67 ans, les températures ont baissé considérablement dans toute l'Europe et au Maghreb. La région Provence-Alpes-Côte-d'Azur n'a pas échappé au coup de froid.
La vague de froid a duré trois semaines. Les températures négatives descendaient à -8°C à Cannes, -12°C à Saint-Raphaël, -14°C à Toulon, -17°C à Marseille, -20°C à Aix-en-Provence et Brignoles.
Menton a connu 14 jours de gelée, tandis que Nice en a connu 17, et il y en a eu une vingtaine à Cannes et Saint-Raphaël. À Marseille, les fontaines du Parc Longchamp étaient gelées, tout comme l'étang de Berre et le Vieux-Port. "A Tarascon, le bras mort du Rhône est pris par la glace sur une longueur de 3 kilomètres", précise ce document qui recense les glaces du Rhône et de la mer Méditerranée notamment.
La neige est tombée et a tenu pendant plusieurs jours. Les Azuréens ont vu 95 cm à Lorgues, 45 cm à Coursegoules, 35 cm à Vence, 31 à Antibes, 40 à Nice, et même 14 cm sur l'île Sainte-Marguerite. Un document datant de 1957 recensant les observations sur ces jours de grand froid dans les Alpes-Maritimes et le Var souligne que "la zone littorale et celle de la moyenne montage furent plus enneigées que les zones septentrionales (plus au nord, NDLR) ou de haute altitude".
Certains lieux sont restés glacés et enneigés pendant plusieurs jours. La villa Thuret à Antibes a été glacée durant 20 jours !
De nombreux arbres dévastés
Ce temps glacial a eu des conséquences durables sur la flore locale. Les lauriers roses ont été entièrement gelés et les oliviers ont subi de nombreux dégâts "préoccupants", d'après Alfred Dugelay, conservateur des eaux et des forêts à Nice, dans son rapport dans la Revue Forestière de 1957.
Certaines communes comme Saint-Cézaire-sur-Siagne et Cabris ont perdu de nombreux oliviers. Dans le Var, seul 5% des arbres oliviers s'en étaient sortis indemnes. "Sur certains arbres, les écorces éclatées se sont même détachées en lanières, mettant le bois à nu", ajoute la Revue. La perte avait été estimée à 5.000 tonnes d'olives et 800 tonnes d'huile.
Dans les Alpes-Maritimes, les pins d'Alep ont également beaucoup souffert. De nombreux arbres sont tombés au Cap Martin, Cap Ferrat et Cap d'Antibes. La perte sur les Alpes-Maritimes et le Var a été estimée à 22.000 m3. En revanche, les pins maritimes et les pins piniers n'ont pas subi de dégâts importants.
Ce mois de février 1956 a marqué les Azuréens qui ont dû supporter trois vagues de froid, le 1er et le , du 10 au et du 19 au . Ces épisodes ont été suivis par d'énormes précipitations au mois de mars : à Nice, il a notamment plu pendant 66 heures consécutives.