Bruno Gabelier est installé depuis 40 ans avec son troupeau aux Courmettes au-dessus de Tourrettes-sur-Loup dans l’arrière-pays vençois dans le département des Alpes-Maritimes. Mais l'histoire va bientôt s'arrêter, car l'éleveur part à la retraite. Pour l'instant, Bruno Gabelier n'a trouvé personne pour lui succéder. Mais l'espoir demeure pour celui prêt à donner la main à son successeur.
Quand, Bruno Gabelier, s’installe sur les collines des Courmettes qui font partie du Parc Naturel Régional des Préalpes d’Azur (PNR) et du site Natura 2000 des Préalpes de Grasse situé dans le département des Alpes-Maritimes, le domaine est en ruine. Il n’est pas issu du milieu agricole et pourtant il est convaincu que c'est sa voie.
"C’était il y a plus de quarante ans. Je ne connaissais rien à cette activité. Mais quand je suis arrivé sur ce plateau, à 800 mètres d’altitude, avec la Méditerranée sous mes yeux, j’ai tout de suite su que c’était ici qu’était ma vie. Le domaine était en ruine, ce n’était vraiment pas un cadeau, mais c’était ici que je voulais vivre."
Une vocation d'agriculteur-éleveur
À l’époque, rien n'aurait pu le décourager : "J’avais envie de m’installer comme agriculteur-éleveur, en zone de montagne, pour être en communion avec la nature et au contact des animaux. Je voulais un métier où l’on est aux commandes de sa propre destiné. J’avais envie de me battre avec les éléments pour produire des aliments de qualités pour nourrir la population."
Etre en communion avec la nature, les animaux. Je voulais produire des aliments de qualités.
Bruno Gabelier
À s’engager sur cette voie, Bruno n’est pas un cas unique. Ainsi, l’observatoire de l’installation ovine en Provence-Alpes-Côte-d'Azur a révélé, lors d’une étude qui s’étale de 2014 à 2018, une véritable dynamique dans ce secteur d'activité économique. En effet, sur cette période, l’organisme a répertorié 300 installations. Cela représente suivant les années, un renouvellement entre 4 et 6% des actifs. 40 % des installés ont entre 20 et 29 ans et près de 40% des personnes s’installent avec le BPREA. C’est le diplôme minimum pour pouvoir percevoir les aides à l’installation. Parmi eux, 26% ont un niveau de formation égal ou supérieur à Bac +2. En moyenne, ces agriculteurs sont âgés de 33 ans. Bruno Gabelier avait, lui 23 ans, lors de son implantation aux Courmettes. En quarante ans cette donnée n'a guère évolué.
Une belle réussite professionnelle et personnelle
De producteur de viande, il devient producteur de fromages. Trois ans seulement après son installation, il passe son exploitation "en bio" et se fait, assez rapidement, une solide réputation. L’exploitant agricole privilégie les circuits courts en vendant notamment à la coopérative du Rouret. Une belle réussite professionnelle et personnelle. Mais, à la veille de prendre sa retraite, Bruno Gabelier se rend bien compte que son exploitation et son métier n'attirent pas vraiment la convoitise d’éventuels repreneurs.
Ce n’est pas pour autant qu’il se décourage de transmettre et son outil de travail et son expérience. "Dernièrement, j’ai eu pas mal de contacts qui pourraient me laisser espérer que je pourrais transmettre mon activité au complet" et d’ajouter "Cela m’attristerait vraiment que tout cela s’arrête, là."
Hors de question, en tout cas pour le moment, pour ce futur retraité de démanteler son exploitation en vendant le matériel de traite d’un côté, le matériel de la fromagerie d’un autre et le troupeau encore à quelqu’un d’autre.
La transmission d'exploitations agricoles : un vrai sujet
Une situation dont ont tout à fait conscience les équipes des Chambres d'agriculture de PACA. Pour preuve, elles proposent, avec l’ensemble des partenaires de la transmission, du 15 novembre au 29 novembre 2024, une quinzaine de la transmission avec plus de vingt manifestations sur l’ensemble de la région. Des rendez-vous pour préparer la retraite des exploitants et aussi et surtout réussir la transmission de leurs exploitations.
Cela m’attristerait vraiment que tout cela s’arrête, là.
Bruno Gabelier
D’ici à la prise effective de sa retraite, Bruno Gabelier, lui, va déjà un peu lever le pied. Cultiver ses arbres fruitiers et profiter, enfin, de moments de liberté sans horaire ni contraintes. Il en a rêvé durant toutes ces années d’activité : "Le plus gros changement que j’attends de ce changement de situation, c'est d’avoir le temps d’avoir le temps. L’élevage, c’est tous les jours de toute l’année, années après années."
Dans l’absolu, Bruno voudrait bien partir avant le 31 décembre, date anniversaire de son installation, il y a 42 ans. Un départ avec le sentiment du travail accompli et surtout pas très loin de celles "qu'il aime tant", ses chèvres.