"Les superficies étaient vraiment impressionnantes", un pompier maralpin de retour du Canada

Le Canada est en proie à d'immenses feux de forêt depuis plusieurs mois. Déjà trois détachements français y sont allés en renfort. Pierre Arnaud, pompier volontaire de Théoule-sur-Mer, faisait partie du deuxième.

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Il est rentré dans la nuit de jeudi à vendredi après 22 jours de mission sur un autre continent. Pierre Arnaud, 39 ans et pompier volontaire depuis 23 ans, réalisait son premier détachement à l'international et il en garde un souvenir majeur : la taille du territoire.

"Le premier feu sur lequel nous avons été engagés faisait 22 000 hectares, c'était au camps de Pastagama, au Québec. Le second faisait 122 000 hectares, nous ne sommes pas habitués à cette superficie en France" relate-t-il deux jours après son retour. 

Pour cette expérience outre-atlantique, il s'est porté volontaire et sa hiérarchie a ensuite sélectionné les candidats. Au total, ils étaient 140 pompiers français dont cinq Maralpins sur ce détachement. À leur retour, trois autres ont pris le relais. 

J'ai pensé que ce serait une expérience supplémentaire, un enrichissement professionnel. J'aime tout ce qui est action et différent du quotidien."

Pierre Arnaud, pompier volontaire de Théoule-sur-Mer

De cette expérience il en retient un bon accueil et surtout de bons moments de convivialité avec ses collègues, tous baignés dans l'intensité du moment. Pour leur premier jour, ils ont reçu une formation pour apprendre les techniques utilisées sur place, "mais nous utilisons les mêmes dans les Alpes-Maritimes, alors c'était facile de s'adapter pour mes collègues du 06 et moi" explique-t-il. Les autres viennent de toute la France, de Gironde, de Bretagne, d'Isère du Rhône... 

Nouvelle application et nouveau vocabulaire

Ils ont aussi appris à se servir d'une application qu'il aimerait bien avoir en France. Celle-ci cartographie les lieux et répertorie les points chauds, "elle nous montre même le chemin à emprunter, ça évite de se perdre au retour" s'amuse-t-il. Autre avantage, elle calcule les distances entre le point chaud et le premier point d'eau, ce qui permet d'adapter le matériel à emporter. Car sur les feux qu'ils combattaient, pas de camion de feu de forêt, ils partaient en hélicoptère ou en pick-up. 

Autre enseignement de taille : les différences de langage. "Ce que nous appelons les fumeroles, eux appellent ça des boucanes", il a fallu un temps d'adaptation pour se faire à ces termes canadiens. 

Sur place, Pierre a essentiellement fait du travail de déforestage avec les tronçonneuses et de noyage sur de grandes superficies, grâce à l'eau des nombreux lacs canadiens. Les journées étaient intenses avec un lever à 5h du matin pour le petit déjeuner. Parfois il fallait partir dès 6h30 en intervention, sinon le rassemblement était à 7h avec chaque matin un point sécurité, "on nous rappelait sanc cesse l'équipement et les règles, notamment pour le tronçonnage, avec le feu les racines des arbres sont moins profondes qu'en France, il faut être très vigilant quant aux chutes" se souvient-il. Pendant sa mission, un pompier canadien est décédé d'une chute d'arbre. Depuis le début de ces gros incendies qui ont ravagé plus de 11 millions d'hectares, trois soldats du feu ont perdu la vie.

Les journées se terminaient généralement entre 17h et 18h, un rythme intense auquel il faut ajouter la chaleur et les insectes. 

Les moustiques et les mouches à chevreuil parvenaient à nous piquer même à travers les vêtements, on avait toujours une moustiquaire sur la tête et pour manger c'était difficile.

Pierre Arnaud, pompier volontaire de Théoule-sur-Mer

Des précautions à prendre contre les moustiques mais aussi contre les animaux sauvages que nos pompiers français n'ont pas l'habitude de voir : les ours. "On nous a expliqué qu'il fallait faire attention, ne pas faire de gestes brusques et bien observer autour de soi avant d'avancer" indique le Maralpin. 

Pierre a déjà repris les permanences à Théoule-sur-Mer et se verrait bien repartir en mission extérieure comme ça s'il en a l'opportunité, "mais il faut laisser la place aux autres et que ça tourne". Les pompiers sont chaque fois nombreux à se porter volontaire. Une solidarité internationale primordiale, aux yeux de ce pompier doublement volontaire. 

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