Loto de la biodiversité : la réhabilitation des tortues d’Hermann au Cap Taillat et de la posidonie en Méditerranée parmi les projets retenus

3 euros seulement pour sauver certains sites emblématiques de France, mais également pour remporter jusqu’à 30 000 euros. Un jeu de grattage qui pourrait bien changer la face de l’environnement méditerranéen et arrondir des fins de mois des joueurs. En région Provence-Alpes-Côte d'Azur, deux projets emblématiques ont été retenus.

Largement inspiré par le loto du patrimoine de Stéphane Bern, le loto de la biodiversité « mission nature » a été lancé en ce lundi 23 octobre. Il va permettre de soutenir une vingtaine de projets de restauration de la biodiversité, comme l’a indiqué il y a quelques jours le secrétariat d’Etat à la biodiversité. 

L’un des projets phares de cette « mission nature » : la réhabilitation des tortues d’Hermann

La détresse de ces tortues malmenées par la nature a forcément attiré l’attention du jury du loto de la biodiversité. En 2017, un incendie avait décimé la population sur la Cap Taillat puis, en août 2021, un autre incendie s’était déclenché dans l'arrière-pays tropézien et le massif des maures, causant la destruction de plus 7000 hectares dans le Var. Trente tortues avaient été soignées au village des tortues à Carnoules. 

Sur leur passage, les flammes ont détruit les habitats naturels essentiels à la survie des tortues d’Hermann, des milliers d'entre elles ont été brûlées puis sans refuge.

Une quarantaine d'espèces ont été relâchées dans le massif du Golfe de Saint-Tropez, Olivia Delorme, chargée de mission vérifie leur évolution. 

"L'idée c'est de renforcer les populations en les relâchant des zones individus dans une zone où des tortues d'Hermann sont déjà présentes, mais en faible nombre, pour relancer la dynamique de population"

Olivia Delorme, chargée de mission Soptom

Le financement du loto de la biodiversité permettra détendre la zone de repeuplement, un projet à plus de 530 000, la subvention du loto pourrait être de 411 000 €.

La posidonie au cœur de toutes les attentions

Selon WWF, l’herbier de posidonie, plante sous-marine et poumon endémique de la Méditerranée, aurait perdu entre 10 et 30% de sa surface en un siècle. Comme les tortues, elle est aussi en situation de détresse et c’est pourquoi le jury du Loto de la biodiversité l’a également sélectionnée.

1 million d’euros pour restaurer de manière « passive » la posidonie, c’est également le montant qu’il faudrait à la mission animation du Mediterranean Posidonia Network pour atteindre son objectif. C'est la somme qu'il faudrait pour mettre en place des plans de balisage plus respectueux des herbiers de Posidonie. 

5 à 10% d’herbiers disparaitraient chaque année à cause du ragage des chaines de bateaux. Il est donc temps d’agir rapidement en impliquant un maximum de communes, d’élus et de citoyens.

L’objectif est d’instaurer un plan d’aménagement durable des habitats côtiers marins dans la bande des 300 m2 afin de protéger les herbiers de Posidonie des effets néfastes. Pour que les choses bougent concrètement, il est nécessaire d’inclure la protection de cet habitat naturel endémique dans les plans de balisage construction de toutes les communes

Léane Chemineau Chargée de mission animation du Mediterranean Posidonia Network et sensibilisation milieu marin chez Office français de la biodiversité

Le montant du projet a été estimé à 950 000 euros. Pour ce réseau régional de protection de la posidonie, ce loto pourrait être une véritable aubaine. Ainsi, d’ici 2025, la nature pourrait avoir enfin retrouver ses droits.

Plus d’une trentaine de projets en tout

Le Loto de la biodiversité fait littéralement le tour de France. En plus des 20 projets, 14 projets annexes englobant notamment les gorges de la Siagne. Il s’agirait d’envisager la conservation et la restauration de deux sites majeurs à chauves-souris. Car selon l’Observatoire national de la biodiversité, 43% des chauves-souris ont disparu en 15 ans.

Autre projet mais en Occitanie, Gypaète barbu. La Ligue de protection des oiseaux espère recevoir des dons pour gonfler le peuplement du Gypaète barbu, le plus grand rapace d’Europe, dont le Parc du Mercantour avait fêté les 30 ans de la réintroduction en mai dernier.

Il avait disparu de l’Hexagone jusqu’en 1935. Seulement 80 couples vivent actuellement en France, principalement dans les Alpes et le Massif central.

Le jeu à gratter est disponible dans tous les points de vente de la Française des Jeux et a pour objectif de lever 6 millions d'euros pour l'Office Français de la Biodiversité, afin de financer une vingtaine de projets. 14 millions de tickets en tout pour 6 millions reversés à l’Office Français de la biodiversité. Ce nouveau loto qui va durer 6 mois fait déjà polémique car certaines associations dénoncent une confusion entre jeux d'argent et intérêt général.