"C'est une particularité sûrement unique en Europe" : un rucher fortifié réhabilité dans la vallée de la Roya

Découvrez un édifice multicentenaire réhabilité par des passionnées, le rucher fortifié est un mode d'élevage particulier à la vallée de la Roya dans les Alpes-Maritimes.

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La construction insolite, accrochée à la montagne, interpelle. En pierre sèche et en forme de fer à cheval, le rucher fortifié de Tende a plus de 400 ans. 

La position de chaque rucher a été étudiée pour un écosystème optimal.

Franck Servetti, apiculteur

à France 3 Côte d'Azur

Avec son association Api Roya, cet apiculteur passionné tente de réhabiliter une espèce d'abeille endémique et son habitat. Des recherches historiques ont permis de mettre au jour 145 ruchers dans la vallée de la Roya. Beaucoup sont envahis par la végétation, laissés à l'abandon et en ruine. Celui de Tende a été rénové depuis trois ans.

L'accès s'y fait par un petit chemin d'un kilomètre, le long du fleuve. 

Des ruches sédentaires

La plupart des apiculteurs transhument leurs ruches dans les champs de fleurs (lavande, thym, châtaigniers) et utilisent une espèce d'abeille qui produit beaucoup et qui reste très docile. Cette méthode induit une forte mortalité des colonies d'une année à l'autre. Les abeilles sont fragiles face aux frelons asiatiques par exemple et n'ont (la plupart du temps) pas assez de miel pour survivre seules. Il faut donc racheter des essaims régulièrement pour renouveler la production. 

Les apiculteurs de l'association Api Roya, utilisent, eux, une abeille endémique dite abeille noire (Apis Méllifera Méllifera) qui est rustique. 

Tout est adapté à cette espèce, les fleurs de serpolet des montagnes par exemple font pile la bonne taille pour la langue des abeilles noire alors que celle de l'abeille Mellifera serait trop petite.

Franck Servetti, apiculteur

à France 3 Côte d'Azur

Cette abeille est frugale, elle se nourrit peu, il est donc facile de produire du miel, d'en garder assez pour elles l'hiver. L'association élève des reines et assure la continuité des colonies. Si l'abeille ne vit que 50 jours, la reine, elle, peut vivre jusqu'à quatre ans.

Pour que la ruche soit sédentaire (qu'elle reste au même endroit toute l'année) il faut aussi que les conditions climatiques soient adaptées, d'où la construction de ces ruchers. 

Les ruches sont posées sur des banquettes, face au soleil et le mur d'enceinte garanti une isolation. Les abeilles butinent jusqu'à 3 km à la ronde, offrant un miel typé en fonction de la flore. Parfois un miel de châtaigner ou encore un miel de thym. 

Slow tourisme

Pour promouvoir ce mode d'élevage, l'association a répondu à des appels à projet pour obtenir des financements. C'est ainsi que le rucher entre dans le concept de "slow tourisme". Ce tourisme durable qui promeut une autre vision des voyages, à la découverte du patrimoine local en prenant le temps. 

La visite du rucher et les animations dans l'éco-lodge permettent à l'apiculteur de diversifier son activité et de recevoir du public pour sensibiliser les visiteurs au rôle des abeilles. Pour vivre de cette passion, l'apiculteur doit voir son métier autrement. Il ne produit qu'une tonne et demie de miel par an.

Je prône le respect de l'insecte et une production raisonnée de miel

Franck Servetti, apiculteur

à France 3 Côte d'Azur

Sans la transhumance et en ne faisant qu'une récolte par an, la quantité de miel est moins importante que chez certains apiculteurs.

Franck Servetti, valorise l'ensemble de la production de sa centaine de ruches. Ainsi, il vend la propolis, la gelée royale, le pollen...

Avec le miel, il fabrique des produits dérivés qu'il vend en direct sur les marchés du littoral. Cette façon de commercialiser qui induit une masse de travail considérable lui permet de vivre de son activité. Il tente de convaincre les apiculteurs pour que d'autres s'installent dans la vallée de la Roya.

Son prochain défi consiste à obtenir la certification IGP pour le miel de la vallée. 

Le saviez-vous ?

  • L'abeille vit cinquante jours. 
  • L'abeille "élève" le miel, comme le ferait un vigneron : elle remplit une alvéole avec de l'eau et du sucre, y ajoute des enzymes et attend que ça se transforme. 
  • Le miel est imputrescible, il ne moisit pas, à partir du moment où il atteint 18% d'humidité. 
  • L'abeille ne se nourrit pas vraiment de miel. Pour elle, c'est un moyen de conserver le nectar, lorsqu'elle se nourrit, elle dilue le miel avec de l'eau. De leur naissance à la sortie de la ruche il y a trois semaines, pendant ce temps, il faut nourrir les larves.
  • L'abeille est une femelle, pour féconder la reine, il faut un bourdon. Rien à voir avec l'espèce d'insecte, c'est juste le nom donné aux mâles abeilles. Les mâles sont nourris par les abeilles, une fois qu'ils ont fait leur travail de fécondation, ils sont "invités à aller mourir ailleurs". 
  • La température dans la ruche est de 37 degrés, été comme hiver, soit les abeilles ventilent soit elles s'agglutinent pour réguler la température. 
  • Les abeilles ne sortent plus de la ruche dès que la température extérieure atteint 14 degrés. 

Et une dernière info qui force le respect : une abeille produit une cuillère à café de miel dans toute son existence.

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