Guerre Israël-Hamas : "notre réponse doit être celle du savoir", Sciences Po Menton au cœur d'une nouvelle polémique

Le campus de Sciences Po Menton est au cœur d’une nouvelle polémique alors que des inscriptions pro-Palestine ont été faites sur ses murs et qu’un drapeau palestinien a été brièvement déployé. La direction condamne ces modalités d’action tout en rappelant que la liberté d’expression se doit de vivre pleinement au sein de l'université.

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Nouvel épisode de tension à Sciences Po Menton. Depuis un an, cette antenne sur la Côte d'Azur est le théâtre de divisions liées au conflit israélo-palestinien. Ce mardi 8 octobre, au lendemain de l’hommage aux victimes de l’attaque du 7 octobre perpétrée par le Hamas en Israël, des inscriptions ont été découvertes sur les murs du campus.

"Un an de résistance, un an de génocide" ou encore "Blood on your hands" (du sang sur vos mains) pouvait-on lire. Plus tard, lors de la pause déjeuner, un drapeau palestinien a brièvement flotté sur la façade de l’établissement.

Son directeur, Youssef Halaoua, s’exprime auprès de France 3 Côte d’Azur.

« Notre réponse doit être : le savoir »

Dès 9h le mardi 8 octobre, le directeur nous confie s’être rendu au commissariat pour porter plainte. "L’exploitation des images vidéo montre que les personnes à l’origine des inscriptions sont deux. Je ne peux pas être certain que ce sont des étudiants de Sciences Po, même si cela est possible."

Dans un mail transmis à France 3 Côte d'Azur et envoyé dans la matinée du 8 octobre, le directeur de l'établissement écrit à ses étudiants : "Même si nous ignorons si les auteurs de ces inscriptions appartiennent ou non à la communauté de Sciences Po, nous vous rappelons à toutes fins utiles qu’une inscription non autorisée peut être qualifiée de dégradation d’un bien public qui est une infraction réprimée par le Code pénal. À ce titre, une plainte a été déposée ce matin au commissariat de police nationale de la ville de Menton."

Plus tard, lors de la pause déjeuner, un drapeau palestinien a été déployé sur la devanture de l'établissement : "Ça a duré à peine 10 minutes" précise Youssef Halaoua, rappelant que ce type d’actions ne fait pas partie des règles de l’université.

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"Conduire ce type d’actions, ou même bloquer le campus ou empêcher la tenue de certains cours, cela est interdit. On ne peut pas s’approprier l’image d’une institution pour défendre une cause."

Le directeur nous rappelle que son université tient une position républicaine et que la liberté d’expression des étudiants peut notamment exister à travers l’organisation de conférences ou de rencontres.

"Ni l’ONU, ni une association militante"

« Nous ne sommes ni l’ONU, ni une association militante. Nous sommes une université, et notre réponse à nous doit être celle du savoir. »

L’université, rappelle-t-il, compte un grand nombre d’étudiants étrangers parmi ses quelque 500 étudiants. "Il y a des Russes, des Philippins, des Arméniens, des Comoriens… Ce sont autant d’étudiants qui ont chacun, aussi, des problématiques politiques dont ils pourraient sûrement souhaiter parler également."

Youssef Halaoua l’assure : l’université continuera de préserver la liberté d’expression nécessaire au débat, mais uniquement dans des cadres éducatifs et pédagogiques. « Organisez des conférences, faites vivre le débat… mais respectez les règles. (…) Chacun doit être pleinement en sécurité. » Le directeur insiste notamment sur la nécessité d’éviter toute violence à l’égard des étudiants de confession juive.

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L’internationalisation d’un conflit et d’une guerre sans fin

Le campus de Menton est spécialisé dans les études méditerranéennes et moyen-orientales. Les enjeux géopolitiques sont donc forcément au centre des préoccupations de ses étudiants. Sur son site, l’établissement mentionne : « Ils [les étudiants] étudient les enjeux politiques, économiques et sociaux contemporains des pays du pourtour méditerranéen, du Moyen-Orient et du Golfe, dans une perspective critique et pluridisciplinaire. »

L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 avait fait 1200 morts. Ce sont également 250 personnes qui avaient été kidnappées. La réponse d’Israel s’est faite par une guerre meurtrière ayant fait plus de 40 000 morts et ayant provoqué le déplacement de près de 2 millions de personnes dans la bande de Gaza.

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Dès mai 2024, l’Etat d’Israel était à ce titre pointé du doigt par les Nations Unies, qui évoquaient alors des risques de génocide dans la région. En dépit du droit international, le gouvernement de Benjamin Netanyahu a continué son offensive, qui s’étend désormais également au Liban. Un mandat d’arrêt a été requis à l’encontre du Premier ministre israélien par la Cour Pénale Internationale. 

Alors que le conflit israélo-palestinien est un sujet de premier plan sur la scène internationale, il résonne tout particulièrement à Menton, où les étudiants viennent d’horizons divers. L’événement du mardi 8 octobre est un exemple parmi d’autres des tensions qui existent sur les campus universitaires autour des questions politiques et sociales.

Le directeur de l'établissement de Menton évoque ainsi une crise plus large : "Ce qu’on constate dans ce conflit, c’est qu’on a un déficit de savoirs." En appelant à une approche moins passionnelle autour de ce sujet en France, il plaide pour un retour à la discussion. "On est tous d’accord qu’il faut la paix, mais il faut bien que les gens se parlent et se comprennent pour faire la paix."

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