Le recours a été déposé devant le tribunal administratif en ce lundi 22 janvier par l’association niçoise "De Nice à Gaza" pour faire enlever le drapeau israélien du fronton de la mairie de Nice affiché depuis le mois d’octobre. La réponse de Christian Estrosi ne s’est pas fait attendre.
Le 9 octobre 2023, lors d'un rassemblement pour soutenir la communauté israélienne lors duquel plusieurs centaines de personnes s'étaient réunies devant l'hôtel de ville, Christian Estrosi avait assuré que le drapeau resterait en place sur la mairie "tant qu'Israël n'aura pas gagné cette guerre". Le ton était donc donné.
Face à cette déclaration, l’association "De Nice à Gaza" préparait déjà ses arguments. Aujourd’hui, un recours a été déposé devant le tribunal administratif de Nice pour que ce drapeau soit retiré de la façade.
Un acte solidaire
C’est depuis l’attaque du Hamas contre Israël et les contre-attaques d’Israël dans la bande Gaza et en Cisjordanie le 7 octobre que le maire (Horizons) de Nice décidait d’afficher son soutien au peuple israélien en arborant sur la façade sa mairie, le drapeau étoilé.
Sont aussi accrochés les drapeaux français, niçois et européen.
Nice et Netanaya sont jumelles depuis 1968. La ville israélienne avait soutenu la capitale azuréenne après les attentats du 14 juillet 2016, Christian Estrosi avait tenu à leur rendre également hommage.
Face au recours, il s’est exprimé très rapidement dans la soirée de ce 22 janvier par un communiqué.
Le drapeau israélien, aux côtés du drapeau français et du drapeau niçois, restera présent sur la façade de la mairie jusqu’à la libération des otages détenus par l’organisation terroriste du Hamas et pour dénoncer le pogrom du 7 octobre... Lorsque nous avons été frappés par l’attentat islamiste du 14 juillet 2016, la même solidarité chez eux. C’est notre unité affirmée dans l’exigence d’éradication du terrorisme islamiste dans son ensemble.
Christian Estrosi, maire de Nice.
"De Nice à Gaza" est une association caritative créée par 4 femmes niçoises en novembre 2023 pour sensibiliser à la cause Palestinienne à Nice. Aujourd'hui, elle s'oppose frontalement à la volonté de Christian Estrosi de maintenir la présence de ce drapeau.
« On ne peut pas afficher des drapeaux étrangers sur la façade de mairies »
Presque 4 mois après la pose de ce drapeau, l’association de « Nice à Gaza » commence à trouver le temps long. Dès le 16 octobre, elle avait adressé un courrier à la mairie pour exprimer sa vive préoccupation quant à la présence prolongée de ce drapeau sur un édifice public. Sans réponse de la part de la municipalité, l'association saisit la justice.
Avec le soutien de notre avocat @Me_GuezGuez nous venons de saisir le tribunal de Nice pour demander le retrait du drapeau israélien qui flotte sur le fronton de la mairie depuis le 8 octobre 2023.
— Amira Zaiter (@amirazait) January 22, 2024
La loi est pour tous
Le principe de neutralité est pour tous . pic.twitter.com/gfdwbOcNac
Courrier dans lequel on peut lire que cet « affichage peut être interprété de différentes manières par la population locale et certains résidents se sentent heurtés ».
Une polémique qui avait commencé il y a bien longtemps
Presque 4 mois après la pose de ce drapeau, l’association de « Nice à Gaza » commence à trouver le temps long. Dès le 16 octobre, elle avait adressé un courrier à la mairie pour exprimer sa vive préoccupation quant à la présence prolongée de ce drapeau sur un édifice public.
Courrier dans lequel on peut lire que cet « affichage peut être interprété de différentes manières par la population locale et certains résidents se sentent heurtés. »
Sans réponse de la part de la mairie, l'association porte plainte... encore.
De l'huile sur le feu
En décembre 2023, Christian Estrosi fait notamment réagir les associations en accusant les médias de diffuser des images d’un faux bébé mort à Gaza. Au lendemain de cette déclaration, l'association "De Nice à Gaza" décide une nouvelle fois de porter plainte. Dans un communiqué, elle fait part de sa "profonde préoccupation concernant les propos du maire de Nice".
🟣 #HanoukaElysée
— DimancheEnPolitique (@DimPolitique) December 10, 2023
"Je ne suis pas choqué. Nous sommes dans une guerre d'image." déclare @cestrosi (@HorizonsLeParti), "Ce n'est pas une entorse à la #Laicite mais cela doit rester exceptionnel". #dimpol @letellier_ftv @FranceTV #france3 pic.twitter.com/7zH4dPBwz7
Aujourd’hui, le maire de Nice et l’association se retrouvent de nouveau sur un terrain judiciaire.
Règles en vigueur.
En ce temps de polémique, il est temps de rappeler les règles en vigueur.
Selon l’article 2 de la Constitution française précise que l’emblème national est le drapeau tricolore, bleu, blanc, rouge. En dehors de cette disposition, aucun texte législatif ou réglementaire ne fixe les règles de pavoisement des édifices publics. Seuls l’usage et la tradition républicaine sont pris en considération. La mairie représentant la République, il est souhaitable que le drapeau français y flotte en permanence.
Nous devons respecter le principe de neutralité. La jurisprudence interdit aux mairies d’afficher des drapeaux étrangers sur leurs façades. En réalité, il s’agit d’une question politique.
Sefen Guez GuezAvocat au barreau de Nice
Un préfet des Pyrénées-Atlantiques s’était retrouvé confronté à l’installation d’un drapeau palestinien sur le fronton d’une mairie depuis plus de 3 ans. Il en avait conclu que les bâtiments doivent toujours respecter les règles de la neutralité, que cette présence pouvait être tolérée mais uniquement de manière temporaire (cela fait 5 mois que le drapeau bleu et blanc est sur la façade de la mairie de Nice) et ne devait pas présenter de troubles à l’ordre public.
Depuis ce lundi 22 janvier, la ville de Nice affiche de nouveau les portraits et les noms des otages français encore détenus par le Hamas à Gaza afin qu’ils ne soient pas oubliés. C'est la deuxième campagne d'affichage dans les rues que met en place la municipalité depuis le début de la guerre.
L’affaire du drapeau est à présent entre les mains du tribunal de Nice qui ne devrait pas trancher avant plusieurs mois.