Ils disent avoir eu le soutien de la mairie pour rester ouverts toute l'année. Mais la préfecture a finalement décidé de ne pas leur accorder de dérogation. Les plagistes de Menton doivent donc démonter leurs infrastructures au plus vite.
Ce vendredi, sur la nouvelle promenade de la Mer de Menton, inaugurée le 15 juillet dernier, il y a de l'agitation. Les plagistes s'activent pour ranger leur matériel et démonter leurs infrastructures. Car ils ont appris la mauvaise nouvelle lors du conseil municipal mardi dernier : la préfecture leur refuse une ouverture à l'année.
C'est une grande déception pour les plagistes qui ont investi beaucoup d'argent, une grande déception pour le maire et les mentonnais, parce que c'était des lieux de vie qui commençaient à prendre.
Yves Juhel, maire de Mentonà France 3 Côte d'Azur
Raison avancée : les plages privées ne sont pas suffisamment protégées en cas de coup de mer.
50 CDI embauchés
Sur le bord de mer, les plagistes sont dépités. Après avoir vécu une saison estivale raccourcie (qui a commencé mi-juillet), ils espéraient pouvoir obtenir une ouverture à l'année. "Si je reste ouvert à l'année, je table sur un chiffre d'affaires d'1,3 million d'euros et ça me permettrait de garder le personnel, de payer mes loyers, mes crédits...", avait expliqué Fernando Usai, le gérant de La Pergola, à France 3 Côte d'Azur mi-octobre.
Les plagistes avaient donc continué leur activité, avec l'aval de la mairie, affirment-ils, au-delà du 15 octobre, date à laquelle ils auraient normalement dû démonter leurs établissements.
On a eu une réunion avec le maire le 14 octobre où on nous a confirmé que la mairie prenait ses responsabilités et nous laissait ouvrir à l'année. Alors on a signé des CDI, annulé le démontage prévu en octobre et bouclé le planning jusqu'à fin janvier.
Rocco Loisi, gérant de la plage La Cabaneà France 3 Côte d'Azur
Les plagistes avaient alors embauché 50 CDI et une dizaine de CDD. Ce revirement risque d'avoir un impact financier important pour ces entreprises.
Je dois rembourser 10.000€ par mois de crédit, ainsi que six employés en CDI que je dois indemniser.
Fernando Usai, plagisteà France 3 Côte d'Azur
"Ça fait deux jours que je ne dors pas la nuit et je repense à tout ce que j'ai fait pour respecter le cahier des charges", se désespère Fernando Usai.
Démontage des pergolas en attente
Ces installations de plage sont soumises à la loi Littoral. C’est elle qui les oblige à fermer durant l’hiver. Problème, les délais sont désormais trop courts pour réaliser le démontage intégral des structures.
Notre société spécialisée dans le démontage des pergolas n'est pas disponible avant le mois de janvier. Donc on va démonter en janvier une structure qu'il faudra remonter au mois de mars, avec un coût d'environ 30.000 euros ?
Fabio Gambarino, gérant des Sablettes Beach Clubà France 3 Côte d'Azur
Même son de cloche pour Fernando Usai : "mon fournisseur est disponible à partir de fin février".
Dans une lettre au préfet, les gérants demandent un assouplissement et un "démontage partiel des structures", et non total.
Travaux de la digue à venir
Les plagistes accusent la municipalité d’avoir tardé dans sa demande de dérogation auprès de la préfecture. Le maire de Menton s’en défend. Pour lui, les plages ne sont pas assez protégées.
Les plages doivent être entièrement protégées. Si ce n'est pas le cas, elles doivent être intégralement démontées le 15 octobre et remontées à partir du 15 avril, c'est la loi. La protection sur la digue des Sablettes n'est pas encore faite. Une enquête publique aura lieu d'un jour à l'autre.
Yves Juhel, maire de Mentonà France 3 Côte d'Azur
La mairie assure qu'elle se tient aux côtés des plagistes pour les aider à stocker leur matériel "dans des locaux municipaux" et étudie la possibilité de les aider financièrement dans cette étape.
Quant aux travaux de la digue, ils devraient être lancés en début d’année prochaine. Contactée, la préfecture n’a pas justifié pour l’heure sa décision.
(Avec Damian Cornette, à Menton)