Dans les Alpes-Maritimes, à la frontière italienne, les habitants de la Roya ont été confrontés à l'arrivée inattendue de centaines de migrants. Entre doute et engagement spontané, ils témoignent. Ce film donne aussi la parole à des migrants qui ont trouvé un refuge provisoire dans la vallée.
C’est l’histoire d’une vallée magnifique, paisible, en bordure de l’Italie. Et puis un jour, surgit l’inattendu. Des dizaines, bientôt des centaines de migrants, font irruption sur la route, sur les chemins. Ils ont décidé de quitter leur pays, leurs repères, pour vivre une nouvelle vie, quitte à tout perdre.
Une fois retombés les feux de l’actualité, que reste-t-il de cette aventure extraordinaire qui voit l’engagement des uns, les doutes des autres, la désobéissance civile des plus motivés, la sourde hostilité des silencieux ?
Mourir et naître à nouveau
Comme à l'image de Chamberlain, ils sont nombreux à fuir leur pays dans l'espoir de trouver un refuge.
Nous sommes dans cette fuite et dans cette fuite on cherche un refuge, on cherche un endroit où se poser.
Alors malgré la tristesse de la séparation d'avec leur famille et leurs racines, ils tentent l'aventure. Des périples souvent dangereux qui causent parfois des drames. Mais ils continuent d'avancer, la tête haute, sur les chemins et dans la vie parce que "pleurer ne sert à rien".
Petit à petit, ces migrants apprennent à dépasser une frontière, terrestre certes, mais aussi culturelle. Ils s’imprègnent de la vie quotidienne, découvrent pour certains que les femmes peuvent travailler et les hommes passer le balai… Des échanges bien plus que réciproques. Les habitants de la Vallée de la Roya et les migrants forgent des liens uniques, allant jusqu'à se considérer de la même famille.
Ca met une échelle de priorité dans la vie. Quand tu as à côté de toi des gens qui n'ont rien, tu fais tout ce que tu peux pour les aider.
La peur dépassée, l’envie d’aider
Dans cette vallée plutôt calme, sans trait de caractère particulier, Françoise, Nathalie, Richard, Alain et beaucoup d'autres, ont dépassé leurs peurs et leurs angoisses. Accueillir des étrangers chez soi ce n’est pas simple, surtout quand ils arrivent par dizaine. Aucun d’entre eux n’était programmé pour assister à une telle tristesse et beaucoup se sont retrouvés dans le désarroi.
Mais l’élan de solidarité et l’envie d’aider étaient plus forts que tout... Noël 2016 : 50 migrants hébergés à Saorge, un village de 450 habitants à l'année. On peut dire que la solidarité est bien présente dans le coin, comme nous le montre Richard, à la tête d'une association qui offre de la nourriture à toutes les personnes dans le besoin.
On m’a dit : il y a une famille qui est dans la plus grande panade, avec trois gosses, ils sont dans la rue. C’est vrai que je les ai remontés, c’est interdit mais je l’ai fait. Et d’une certaine façon, ce n’est pas ce que j’ai fait de plus mal dans ma vie…
Une vallée, deux identités ?
Quand certains se battent pour la solidarité, d'autres défendent leur droit à la "tranquillité".
Comment aider ces migrants ? Comment les soutenir sur la durée ? Suzel, Cédric et Richard ont choisi d'allier l'humanitaire au politique pour que des aides concrètes et durables leurs soient apportées, pour que les mentalités évoluent et pour témoigner de ce "racisme anti-migrants".
Vallée solidaire mais pas que... Et si l'accueil des migrants incitait à s'orienter politiquement vers les extrêmes ? Au moment du tournage du film, à Breil-sur-Roya, le Front national dépassait les 40 %...
Tout le monde sait que je suis front national à fond. Au début on ne le savait pas, on ne me disait pas bonjour. Maintenant les mains se tendent.
La tête haute, au cœur de la vallée de la Roya
Un film de 52’ de Thierry Leclère. Une coproduction France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur / Babel Doc.
Diffusions lundi 3 mai à 23h00 et mardi 4 mai à 9h15 sur France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur dans le cadre de l'opération #NousLesEuropéens de France Télévisions (Première diffusion en mars 2019.)