De plus en plus de communes de la Côte d'Azur se retrouvent dans l'obligation d'appliquer des mesures drastiques pour économiser leurs ressources en eau. Le village de Castillon, dans les Alpes-Maritimes, a organisé son raccordement à une nouvelle source par hélicoptère.
Depuis le mois de juin, les niveaux de la source qui alimente le village de Castillon, dans l'arrière-pays mentonnais, sont dangereusement bas. A tel point que l'entreprise Véolia, chargée de la gestion des eaux, est obligée de venir remplir les réservoirs plusieurs fois par semaine, par camion-citerne.
"Depuis le mois de juin, il n'y aurait plus d'eau au robinet chez les habitants de Castillon si Véolia n'avait pas rempli les bassins", alerte Olivier Chantreau, maire de la commune.
Face à cette situation, le maire et la Communauté de communes de la Riviera Française (CARF) ont décidé en urgence de raccorder le village à une nouvelle source par... hélicoptère. L'héliportage ce vendredi 5 août a permis de transporter le matériel nécessaire pour réaliser les travaux, qui devraient être terminés d'ici trois semaines.
"Le lieu où se trouve la source n'est pas accessible en véhicule, ça se situe en contrebas d'un vallon, c'est très difficile d'accès", justifie Jean-Marc Amourdedieu, responsable du service eau et assainissement à la CARF.
La communauté de communes organise et finance l'opération, dont le coût est estimé à 170 000€.
En première ligne face au dérèglement du climat
Olivier Chantreau constate directement les conséquences du réchauffement climatique dans sa commune.
C'est une situation que l'on a jamais connue. On a été l'un des premiers villages à être impacté par le manque d'eau mais, à un moment donné, on va tous être concernés
Olivier Chantreau, maire de Castillon
Dès le 14 juin, l'élu avait d'ailleurs pris un arrêté municipal interdisant l'arrosage et le remplissage des piscines.
Cette sécheresse d'une ampleur exceptionnelle a aussi touché plusieurs villages de la région. Dans le département voisin du Var, plusieurs communes ont dû couper l'alimentation en eau. L'eau du robinet est devenue impropre à la consommation, car les nappes étaient trop asséchées et les pompes, en raclant le fond, prélevaient aussi des sédiments.
Neuf villages varois ont été contraints d'imposer des restrictions d'eau à leurs habitants : pas plus de 200 litres d'eau, par jour et par personne.
A Castillon, le choix a été fait de relier le village à une source privée, la Sambora. Mais la solution reste temporaire : "c'est chez un particulier et il nous autorise à l'utiliser jusqu'en octobre", explique Jean-Marc Amourdedieu.
Et après ?
"Après octobre, on espère que la situation va revenir à la normale", indique le responsable du service eau et assainissement de la CARF. Cette zone connaît en général des précipitations vers le mois d'octobre.
Mais c'est aussi un sujet d'inquiétude pour le maire de Castillon : "j'espère qu'on n'aura pas un bis repetita avec ce qu'il s'est passé dans la vallée de La Roya - la tempête Alex, qui a dévasté la région en 2020. Si ça arrive oui, on aura les ressources en eau, mais à quel prix ?"