Début janvier, le service européen Copernicus sur le changement climatique a révélé que l’année 2021 était à la 5e place des années les plus chaudes de l’histoire. Dans le Var et les Alpes-Maritimes, d'importants épisodes de sécheresse ont été enregistrés. On fait le point.
A quel point la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, a-t-elle suffoqué ces derniers mois ?
L'année 2021, s'inscrit dans le contexte du changement climatique (augmentation des températures moyennes.) Il s'agit de la 17e année la plus chaude enregistrée depuis 75 ans, dans les Alpes-Maritimes et la 15e dans le Var.
Début janvier, le programme européen Copernicus sur le changement climatique, a dévoilé que l’année 2021 était à la 5e place des années les plus chaudes de l’histoire. Ce rapport détaillait notamment :
Globalement, les cinq premiers mois de l'année ont connu des températures relativement basses par rapport aux dernières années très chaudes. De juin à octobre, cependant, les températures mensuelles ont toujours été parmi les quatre plus chaudes jamais enregistrées au niveau mondial.
Des épisodes caniculaires
Entre le 12 et le 16 août 2021, sur les Alpes-Maritimes et le Var, des températures anormalement élevées, ont été enregistrées par Météo France.
Durant cet épisode de canicule, des pics de chaleur atteignaient les 40° dans les terres. Les températures restaient également chaudes en bord de mer, jusqu'à 26°.
Depuis 10 ans, les températures sont en hausse, comme le montre ce graphique qui enregistre les températures dans le Var depuis 75 ans :
Néanmoins, on peut d’abord voir dans ces relevés une bonne (ou pas trop mauvaise) nouvelle :
2021 ne bat pas le record de chaleur en région PACA. Cette année, reste moins chaude que les années précédentes (+0.59°C en moyenne par rapport aux normales 1981-2010 sur les Alpes-Maritimes, +0.6°C en moyenne sur le Var).
Florian Gibier, Météo France
Pour rappel, c'est en 2015 que la Côte d'Azur, enregistrait un record de +1.23°C par rapport aux normales de saison.
Le Var a lui a atteint son pic en 2018.
Des problèmes d'eau constatés
Concernant les précipitations, des déficits en eau ont été enregistrés. Cette année, il a moins plu dans la région. "Nous avons enregistré un déficit de 25% sur les Alpes-Maritimes et de 14% dans le Var", ajoute Florian Gibier météorologue au service Météo France.
Par exemple à Nice, 606 mm de pluie sont tombés durant l'année soit un déficit de 17% sur la commune.
A Toulon, en revanche, les cumuls étaient proches de la normale.
Certains bouleversements ont néanmoins eu lieu. Le 4 octobre 2021, une ligne orageuse très active donne de forts cumuls sur le Var.
Cumuls supérieurs à 350 mm à l'ouest de Brignoles, en moins de 12 heures, des crues comme Le Caramy sont alors constatées :
Même constat à quelques kilomètres de là, pour les communes de Régusse, Méounes-les-Montrieux, Varages, ou encore Aiguines.
Des conséquences pour l'agriculture
Ces épisodes, contrastés, d'un extrême à un autre, ont fortement inquiété la chambre d'agriculture du Var.
Avec les épisodes de sécheresse ou de gel, 800 producteurs varois ont été impactés
déplore François Drouzy, directeur adjoint de la chambre d'agriculture du Var
A partir du moins de juin, d'importants déficits en eau ont été constatés par le secteur.
En août, avec la sécheresse des sols, plusieurs incendies ont ravagé des exploitations. Le feu de forêt géant du massif des Maures (Var) avait parcouru plus de 6.000 hectares en 24 heures.
Depuis cet été, plusieurs zones du département ont été placées en alerte sécheresse. Et les arrêtés préfectoraux, se multiplient pour alerter les populations sur le manque d'eau dans les nappes phréatiques : "interdiction de remplir les piscines", "d'arroser les jardins" etc.
Les épisodes de pluie épars n'ont pas suffi à compenser ces problématiques. François Drouzy ajoute : "L'eau ruisselle jusqu'à la mer, elle n'imprègne plus les sols."
Seul point positif, l'absence d'eau a empêché la prolifération de nuisibles ou de champignons dans les cultures.
Se réinventer
Face à la hausse des températures et au manque d'eau. Les agriculteurs doivent s'adapter.
Les viticulteurs sont contraints d'aller chercher leurs cépages en Italie ou en Espagne, pendant que les cépages régionaux montent progressivement en Bourgogne ou dans le Beaujolais.
François Drouzy, directeur adjoint de la chambre d'agriculture du Var parle même d'un "stress hydrique". Pour conserver l'humidité, des systèmes d'ombrières sont mis en place.
Les cultures sont moins désherbées qu'avant, afin de conserver au maximum les nitrates présents dans la terre.
François Drouzy ajoute également : "Nous restructurons les sols pour avoir une qualité plus conséquente. On travaille énormément sur le canal de Provence pour une meilleure distribution de l’eau dans les milieux ruraux."
Un énième cri d'alerte lancé
Près de 1400 chercheurs s'inquiètent de «l'absence de débat démocratique» portant sur le climat et la biodiversité dans la campagne présidentielle et pressent les candidats de s'exprimer sur ces sujets essentiels, dans une tribune parue mardi 1er février sur le site de Franceinfo.
Ils précisent notamment :
Nous constatons avec inquiétude l'absence de débat démocratique dans la campagne présidentielle sur les graves bouleversements en cours et à venir, qu'ils concernent le climat, l'océan, la biodiversité ou les pollutions
Les signataires de la tribune sur franceinfo.fr
Un constat qui rappelle malheureusement une fiction ? Le film Don't Look Up : déni cosmique sorti depuis le 24 décembre sur Netflix.
Il raconte la découverte, par deux scientifiques, d'une comète fonçant droit sur notre planète et dont la collision causera l'extinction de la vie sur terre. Il décrit ensuite l'inaction des politiques et de la société face à cette alerte.
Un constat scientifique étayé, une menace globale, des stratégies de lutte tardant à se mettre en place... Tout ceci, résonne en écho à la crise climatique.