Le commissaire Rabah Souchi avait ordonné une charge des manifestants au cours de laquelle Geneviève Legay avait été grièvement blessée.
Plus de vingt mois après le début de "l'affaire Legay", le commissaire divisionnaire Rabah Souchi a été mis en examen pour "complicité, par ordre ou instruction, de violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique", a indiqué ce jeudi 10 décembre le parquet de Lyon.
Cet officier de la police nationale commandait le dispositif de maintien de l'ordre, dans le centre-ville de Nice le 23 mars 2019, en pleine crise des "gilets jaunes" et à la veille d'une visite du président chinois Xi Jinping.
Dans la matinée, au cours d'un rassemblement non autorisé par la préfecture des Alpes-Maritimes, place Garibaldi, il avait ordonné une charge policière au cours de laquelle Geneviève Legay, militante d'Attac bien connue à Nice, avait été grièvement blessée à la tête et aux côtes.
"Ordres inadaptés" selon l'IGPN
Un rapport de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), rendu public fin septembre, a pointé un usage de la force disproportionnée en raison "d'ordres inadaptés". L'IGPN a notamment relevé "des différences d'appréciation" sur le terrain entre les commandants d'unités et le responsable opérationnel du maintien de l'ordre - le commissaire Souchi - dont "la stratégie adoptée et les ordres donnés" se sont caractérisés "par un manque de clarté et un aspect directif", selon ce rapport.
Après avoir d'abord rejeté avec force l'idée d'un "contact" de la police avec cette manifestante de 73 ans, le procureur de la république de Nice de l'époque avait finalement affirmé, le 29 mars 2019, que "au regard des images extrêmement détaillées, on peut dire d'une manière certaine que le policier a bien poussé Mme Legay. J'ai décidé d'ouvrir une information judiciaire pour violences volontaires ayant entraîné une incapacité de travail de plus de 8 jours, commises par un détenteur de l'autorité publique."
Un officier médaillé et soutenu
En juillet 2019, la Cour de cassation avait ordonné le dépaysement de l'instruction de l'affaire à Lyon. L'avocat général près la Cour de cassation se fondait notamment sur le fait que "le procureur de la République (de Nice) avait d’abord confié l’enquête à la sûreté départementale alors que la cheffe de ce service avait elle-même participé à l’opération de maintien de l’ordre dans le périmètre où Mme Legay a été bousculée et était la compagne du commissaire chargé du commandement de cette opération".
Le commissaire Souchi avait quant à lui été distingué de la médaille de la sécurité intérieure pour son engagement dans des opérations d'ordre public. Geneviève Legay s'était alors dit "dégoutée" qu'une telle récompense lui soit donnée.
S'il est regrettable que Mme Legay ait été blessée dans une manifestation interdite, je veux dire, au moment où les Français ont besoin de voir leur sécurité garantie par nos policiers, mon soutien au commissaire Souchi qui œuvre de manière exemplaire pour la sécurité des Niçois. https://t.co/UUdMraKIcc
— Christian Estrosi (@cestrosi) December 10, 2020
Jeudi soir, à l'annonce de la mise en examen du commissaire Souchi, le maire de Nice a réaffirmé son "soutien" à un officier de police qui, affirme Christian Estrosi, "œuvre de manière exemplaire pour la sécurité des Niçois".