Vinci Autoroutes a travaillé avec une société de Mandelieu pour installer des filets de récupération des déchets sur le réseau de collecte des eaux de pluie de l'autoroute. Des tonnes de plastique et polystyrène sont récoltés.
Avez-vous déjà, au moins une fois, jeté un emballage de sandwich, une bouteille en plastique, ou un mégot par la fenêtre de votre voiture sur l'autoroute ?
Selon une étude commandée par la société Vinci Autoroutes, 1 usager sur 4 avoue que ça lui arrive. Si rien n'est fait, ces déchets sauvages, emportés par les eaux de pluie, finissent immanquablement dans la mer.
Sept filets anti déchets entre Mandelieu et Nice
A Nice, dans le grand virage que fait l'A8 en direction de Cagnes-sur-Mer, à quelques mètres en retrait de la chaussée, se trouve un bassin de récupération des eaux de pluie.
C'est ici, sur une buse de sortie d'eau, que l'un des sept filets a été installé.
Tous les 15 jours, les services de Vinci Autoroutes viennent le vider.
Ce jour-là, ce n'est pas moins d'une tonne de déchets qui a été déversée dans le camion-benne.
Nous récupérons ici tout un tas de déchets : polystyrène, plastiques, emballages, mégots... à lui seul un mégot pollue plusieurs centaines de litres d'eau. Nous avons mis en place ces collecteurs pour que ces déchets ne poursuivent pas leur route vers la mer.
Michael Malher, chef du district Nice Côte d'Azur, Vinci Autoroutes
Ces filets - il y en a sept sur le réseau autoroutier des Alpes-Maritimes - ont été mis au point par une société de Mandelieu-La Napoule.
Pollustock travaille depuis dix ans à perfectionner ce système dans un objectif double : retenir un maximum de déchets sans contrarier l'écoulement des eaux de pluie.
Résultat, un filet à double maille qui permet de garder des macro-déchets, mais aussi des éléments plus petits, comme des feuilles.
Nous aimons beaucoup les feuilles parce qu'elles viennent piéger les petits déchets, voire les micro-déchets. C'est très important pour nous.
Stephane Asikian, fondateur de Pollustock
Le concepteur de ces filets est venu vérifier leur efficacité sur site :
Ce qu'on voit dans ce filet, ce sont des polluants extrêmement dangereux pour la nature. Le polystyrène dans le milieu naturel, c'est 1000 ans de présence.
29 tonnes de déchets ramassés chaque jour sur les autoroutes françaises
Ces filets, voués à équiper d'autres sites, ne récupèrent en réalité qu'une petite partie des déchets sauvages disséminés sur le réseau autoroutier.
Les agents en jaune collectent chaque jour quantité de choses. Des bouts de cargaisons perdus involontairement, ou des déchets sciemment jetés par la fenêtre des véhicules.
Pour cela, ils prennent des risques.
Sur le bas-côté, on utilise une pince et un sac poubelle. Pour les obstacles qui sont sur la chaussée c'est à la main, le plus vite possible, pour notre sécurité et pour celle des usagers.
Vincent Canavero, agent de viabilité
29 tonnes de déchets sauvages sont ainsi récupérées chaque jour sur le réseau autoroutier français.
Les mentalités sont encore difficiles à faire évoluer. Il faut que chacun prenne conscience que dans sa voiture il doit agir de la même manière qu'à la maison.
Michael Malher, Vinci Autoroutes
Des filets dans les villes aussi
Ce système de filets anti déchets retient de plus en plus l'attention des collectivités.
La communauté d'agglomération Cannes Pays de Lérins a posé ses premiers filets en 2020 pour limiter la pollution marine en provenance de la terre.
A Mandelieu tout d'abord, aux extrémités d'exutoires d'eaux pluviales se jetant dans la Siagne. Puis à Cannes-La Bocca, ainsi que dans le Vieux-Port.
Il y a quelques semaines, Monaco a à son tour équipé un déversoir d'orage sur le Port de Fontvieille.
La société de Mandelieu Pollustock a là encore été sollicitée ; la Principauté projette d'équiper d'autres sites sur son territoire.
Et l'idée de piéger les déchets avant qu'ils n'atteignent la mer continue de faire son chemin. A Marseille, la start-up Green City a elle aussi déployé ses mailles dans le Vieux-Port l'an dernier.
A Draguignan, la start-up Vertuoso est née en 2019. Ses deux fondateurs ont mis au point un système de réceptacles rigides en inox.
Quatre d'entre eux ont déjà été posés pour le compte de l'agglomération Dracénie Provence Verdon dans la zone de Salamandrier.
A cet endroit se trouvent les plus gros exutoires de Draguignan. Ils se déversent dans la Nartuby et, in fine, dans la mer.