Après plusieurs siècles d'activité, le moulin à huile d'Opio a cessé de tourner le 30 septembre dernier. Un coup dur pour les oléiculteurs amateurs et professionnels qui venaient y broyer leurs olives. Cette année, ils n'ont pas d'autre choix que d'utiliser les autres moulins de la région.
L'huile ne coule plus dans le moulin d'Opio. Depuis que le bâtiment a fermé ses portes à la fin du mois de septembre, c'est tout le village qui s'en voit bouleversé. Il faut dire que ce moulin était l'emblème du patrimoine d'Opio, commune oléicole de 2.400 habitants près de Grasse, dans les Alpes-Maritimes.
Sa gérante, Christine Michel, ne peut pas léguer le moulin à ses enfants car les droits de succession sont trop élevés. La commune n’a pas non plus les moyens de le reprendre et le moulin vieux de plusieurs siècles est fermé pour une durée indéterminée.
Un projet de reprise du moulin
À la mairie d'Opio, on rappelle "la grosse déception" des oléiculteurs, qui sont les premiers sanctionnés. Et on prie pour que l’arrêt du moulin soit temporaire. "C’est difficile pour moi d’imaginer Opio sans moulin", déclare le maire Thierry Occelli.
"C'est pour ça qu'on est en train de travailler sur une reprise de l’activité", assure-t-il. Dans ce cadre, l'édile s'est rapproché de la Communauté d'Agglomération Sophia Antipolis (CASA) et de son président Jean Leonetti. Le budget d'un tel projet avoisinerait les deux millions d'euros.
Les oléiculteurs doivent s'adapter
En attendant le temps (qu'elle espère le plus court possible) de la réouverture du moulin, la mairie d'Opio met à disposition une liste des autres moulins de la région sur son site internet. Car les oléiculteurs amateurs et professionnels de son territoire doivent tout de même broyer leurs olives.
Ils se rabattent sur d'autres moulins. Ils vont par exemple à ceux de Castagniers ou de Sainte-Anne, à Grasse.
Françoise Camatte, référente oléicole du Syndicat interprofessionnel de l'olive de Nice.
Non sans une pointe d'amertume. Jeannot Mancini utilisait le moulin d’Opio chaque année depuis qu’il était enfant. Aujourd'hui âgé de 86 ans, ce producteur d'huile amateur confie que la fermeture du moulin "lui a fait un coup".
"Le moulin, c'est comme s'il nous appartenait un peu. Ça fait mal de voir qu'il ne tourne pas, c’est une perte pour Opio, continue-t-il. Malgré tout, il va s'adapter : "cette année, on va essayer de trouver un moulin de substitution, pour essayer de faire encore un peu d’huile..."
Françoise Camatte, qui est aussi oléicultrice à Saint-Cézaire-sur-Siagne (Alpes-Maritimes), note "qu'il y en a pas mal qui viennent à Saint-Cézaire". "Évidemment, on les accepte ! Surtout que nous avons un nouveau moulin qui a la capacité de les accueillir", s'enthousiasme-t-elle.
Vers une bonne récolte cette saison ?
Après une très mauvaise récolte en 2022 - due à des phénomènes météorologiques ayant fortement impacté les oliveraies - celle de cette année devrait rassurer les oléiculteurs. "La récolte sera meilleure que les années précédentes", indique Françoise Camatte.
"Les moulins triturent depuis 15 jours et ça tourne pas mal, se réjouit-elle, même s'il est "trop tôt pour avançer des chiffres". L'agricultrice s'empresse néanmoins de nuancer son propos : "ce ne sera pas non plus une année exceptionnelle !"
Car la récolte est inégale. "C'est très aléatoire selon les secteurs, détaille Françoise Camatte, par exemple, ça va très bien au Paillon ou dans le pays grassois mais c'est moins bon dans les hauteurs de l'arrière-pays".
Au total, le syndicat regroupe des oléiculteurs de 99 communes des Alpes-Maritimes.