À Nice, le sommet pour le climat s'ouvre ce jeudi 26 septembre avec comme thème l'océan. "Une répétition" avant le grand congrès des Nations-Unies sur les océans en juin 2025. Cet évènement, en proie aux polémiques lors de sa dernière édition et cette année encore, fait-il bouger les lignes ?
L'an dernier, le sommet avait été boycotté par des scientifiques ou des politiques, notamment à cause de l'un de ses sponsors, la firme Total Energies. Le Nice Climate Summit est organisé cette année par la métropole Nice Côte d'Azur et le journal économique la Tribune, avec parmi ses partenaires, la compagnie de transport marseillaise CMA-CGM ou encore l'aéroport Nice Côte d'Azur.
De quoi faire grincer les dents des élus écologistes. Ce jeudi matin, en marge du sommet, les associations étaient nombreuses devant le Palais de la Méditerranée : L214, One Voice ou encore Terre bleue.
"On demande des explications"
"On est là pour interpeller le monde. Vu que la CMA-CGM qui est un leader du secteur est présente et comme l'Union européenne n'a pas révisé sa législation depuis 2004. On veut les interpeller sur la sécurité maritime, la pollution maritime, l'état des océans, les navires bétaillés, le transport d'animaux vivants, sans aucune donnée. On demande des explications, on veut trouver des solutions" explique Hélène Granouillac conseillère écologiste de la métropole et fondatrice de l'association Terre Bleue. Hélène Granouillac présice qu'elle ne vise pas directement CMA-CGM, mais leur demande un soutien pour plus de clarté dans ce secteur.
Pour Hélène Granouillac, un des dangers et la vétusté des navires :"ils ont en moyenne 40 ans et mettent en péril, les animaux et les océans".
L'élue déplore également que dans le monde des animaux puissent être jetés vivants par-dessus bord. Elle précise : "Dans ces conditions, le contrat CMA-CGM stipule :"Si un animal vivant est susceptible de nuire à un autre animal vivant ou à une personne ou à un bien à bord, ou de retarder ou d'entraver le transport du navire, cet animal vivant peut être détruit et jeté par-dessus bord sans que le transporteur encoure aucune responsabilité". Nice est la capitale de ces sujets jusqu'à juin prochain". Des termes de contrats que n'avons pas pu nous faire confirmer pour le moment.
Juliette Chesnel-Le Roux, présidente du groupe écologiste à la Métropole de Nice Côte d'Azur dans les colonnes de Nice-Presse, fait le parallèle avec le tabagisme :"Est-ce que le maire ferait financer un sommet contre le tabagisme en choisissant Philip Morris ?!" D'autres voient la présence de ces grands acteurs comme une opportunité.
L'antichambre du sommet sur les Océans de l'ONU
Au programme, des dialogues, des tables rondes, des entretiens... Les personnalités présentes sont des chercheurs tels que Nathalie Hilmi, membre du GIEC, des patrons tels que la directrice du groupe CMA CGM, le directeur du port de Nice, ou encore des politiques, Christophe Castaner en tant que président du grand port maritime de Marseille, Christian Estrosi bien sûr, et son adjoint à la santé et l'environnement Richard Chemla.
Les enjeux sont énormes parce qu'ils nous permettent dans ce sommet de réunir des personnes, d'origines, de fonctions différentes. Nous avons des associations, des institutions, des producteurs de gaz à effets de serre, des ONG, des directeurs de groupe. On va essayer de travailler ensemble pour lutter, s'adapter contre le changement climatique.
Richard Chemla, vice-président à la Transition Ecologique de la Métropole Nice Cote d’Azur.à France 3 Côte d'Azur.
Mais une fois le temps du constat passé, y a-t-il une place pour les solutions ? Pour leur mise en ouvre ?
Pour l'adjoint à la métropole de Nice :"Ce qui est important, c'est de coordonner son travail. Nous sommes dans l'antichambre de UNOC 2025. Nous allons toucher l'iceberg climatique, nous allons avoir une plaie, mais elle ne sera pas mortelle si nous arrivons à mettre en place les solutions. Nous devons nous battre pour notre espèce, nos enfants et petits enfants."
Au niveau local, ces discussions ne sont pas vaines, nous assure-t-il : "Vous verrez que dans les prochains conseils municipaux, nous mettons une part considérable du budget à la sensibilisation, les nouveaux bons gestes".
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"Il y a des bonnes nouvelles, mais il va falloir travailler"
Parmi les autres invités, Jean-Pierre Gattuso, océanologue, directeur de recherche CNRS, laboratoire d’océanographie de Villefranche-sur-mer, CNRS et Sorbonne Université.
L'océan est un acteur, une victime et une solution. Il existe des cadres, par exemple, les accords de Paris. La décarbonation de l'industrie est totalement insuffisante, la pollution plastique est un autre véritable problème, mais les progrès sont très très lents.
Jean-Pierre Gattuso, océanologue, directeur de recherche au CNRS,
Pour ce dernier, des solutions et même des améliorations existent :" Il y a des bonnes nouvelles sur certains aspects, par exemple, la qualité des eaux s'est améliorée sur la rive nord de la Méditerranée avec l'obligation de créer des stations d'épurations pour les villes côtières, malheureusement au sud ce n'est pas encore le cas".
Des acteurs locaux comme Jean-Pierre Gattuso permettent d'alerter sur des problématiques concrètes pour les habitants : "Les villes côtières sont soumises à l'élévation du niveau de la mer, qui a augmenté de 20 cm depuis 1900. Les projections du GIEC estiment que ça pourrait aller jusqu'à 1,20 m d'ici à 2100, il va falloir travailler sur l'élévation des ports, ou ici de l'aéroport par exemple, qui est construit en partie sur la mer..." Reste à voir si pour l'Aéroport de Nice, partenaire de l'événement, des réflexions seront à venir.
Le chercheur conclut :"tous les citoyens ont un rôle à jouer pour agir sur le changement climatique."
La conférence des Nations-Unies sur les Océans aura lieu à Nice du 9 au 13 juin 2025.