Nice : "Les enfants restent sur des brancards faute de place", le cri d'alarme des urgences pédiatriques de l'hôpital Lenval

Les pédiatres de l'hôpital Lenval, à Nice, se joignent à 4000 autres patriciens et associations de patients pour alerter sur la situation difficile que traversent les urgences pédiatriques.

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"On a beaucoup de mal aujourd'hui à répondre à l'ensemble des situations, on manque de soignants et de lits. Moi j'emploie toute mon énergie à garder mes internes", souffle le docteur Philippe Babe, chef de service des urgences pédiatriques de l'hôpital Lenval, à Nice.

Avec d'autres pédiatres et plusieurs associations de patients (4000 personnes en tout), il est à l'origine d'une tribune adressée à Emmanuel Macron, et publiée dans Le Parisien le 21 octobre.

L'objectif ? Alerter les pouvoirs publics sur la situation de ces enfants "quotidiennement en danger". 

Une épidémie de bronchiolite

En ce moment, la situation est particulièrement tendue à cause d'une épidémie de bronchiolite. Mais cela vient révéler les carences des urgences pédiatriques, que les médecins dénoncent depuis de nombreuses années. 

Cette infection respiratoire des petites bronches, très contagieuse, touche chaque année 30% des enfants de moins de 2 ans, et mène certains à l'hospitalisation.

"Dans le Sud, la bronchiolite, ça a démarré beaucoup plus tôt que d'habitude, dès début octobre. On a un très grand nombre de jeunes nourrissons hospitalisés, qui ont entre trois semaines et un mois. Donc le nombre d'enfants que l'on est amené à garder à l'hôpital est plus important", explique le docteur Babe, également membre du syndicat des pédiatres hospitaliers.

Malgré les températures presque estivales que l'on connaît actuellement, le virus circule. "Ce qui joue, ce sont les différentiels de température, quand il fait froid le matin et chaud l'après-midi, par exemple", précise le pédiatre de l'hôpital Lenval. 

Les jeunes pédiatres quittent l'hôpital

Il faut ajouter à cela le manque de personnel dans les urgences pédiatriques. Les jeunes internes en pédiatrie préfèrent exercer en libéral, où ils sont mieux rémunérés et ont moins des horaires plus confortables, avec moins de gardes de nuit.

A l'hôpital Lenval, la moitié des admissions de patients se fait après 18h30. "Cela fait des gardes de nuit très lourdes, et tout ça pour 267€, un tarif qui n'a pas été augmenté depuis plus de dix ans...", explique le docteur.  

Philippe Babe a mené une enquête sur près de 900 jeunes pédiatres, résultat : 52% envisagent de quitter l'hôpital dans les 2 à 5 ans qui arrivent.

Après un ou deux ans d'assistanat au sein de l'hôpital, ils constatent les difficultés au quotidien et partent. Les jeunes générations ne veulent plus travailler de cette façon-là

constate le docteur Babe.

"A cause du manque de personnel, on est dans l'incapacité d'augmenter notre nombre de lits, donc on connaît des situations comme dans les urgences adultes : les enfants restent sur des brancards faute de place dans l'hôpital pédiatrique", déplore le médecin. 

L'hospitalisation des jeunes de 0 à 18 ans, également pris en charge par ces services, ajoute une pression supplémentaire sur le personnel. "En cinq ans, on a vu le nombre de jeunes en souffrance, hospitalisés pour des tentatives de suicide, être multiplié par deux", constate le pédiatre. 

A l'hôpital Lenval, les médecins craignent de devoir bientôt refuser des patients, ou devoir les transférer vers d'autres hôpitaux. 

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