En première instance, Mohamed Ghraieb et Chokri Chafroud avaient écopé de 18 ans de prison pour association de malfaiteurs terroriste. L'avocate générale avait demandé la peine maximale : 20 ans de réclusion. Des peines de 18 ans de réclusion criminelle, assorties d'une peine de sûreté des deux tiers ont été prononcées ce jeudi soir.
Des peines de 18 ans de réclusion criminelle, assorties d'une peine de sûreté des deux tiers, ont été prononcées ce jeudi par la cour d'assises spéciale de Paris à l'encontre des deux accusés jugés en appel au procès de l'attentat de Nice qui a fait 86 morts le 14 juillet 2016.
Poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste, Mohamed Ghraieb, réceptionniste d'hôtel franco-tunisien de 48 ans, et Chokri Chafroud, 44 ans, un migrant tunisien sans-papier, ont apporté "un soutien logistique et idéologique" à Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, le Tunisien de 31 ans auteur de l'attentat au camion-bélier sur la promenade des Anglais le soir de la fête nationale, a affirmé la cour au terme de son délibéré.
Selon une information de France 3 Côte d'Azur, Chokri Chafroud va se pourvoir en cassation. Mohamed Ghraieb a cinq jours pour en faire la demande, s'il le souhaite.
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Récit de cette dernière journée d'audience
Parfois, les débats durent plus longtemps que prévu. Mais difficile de savoir où va pencher l'intime conviction des juges qui se sont retirés depuis 9h30. Une cour de spécialistes : la cour d'assises spéciale de Paris est composée exclusivement de juges professionnels, il n'y a pas de jurés issus de la société civile.
Le verdict a d'abord été annoncé pour 16h30. Mais la coordinatrice judiciaire sur place avait prévenu : les horaires peuvent changer. Devant la grille qui mène à la salle de retransmission, les proches des victimes se sont rassemblés et ont attendu. Certains marchent avec des béquilles, des personnes âgées ont besoin de s'asseoir et dans la rue, il n'y a rien.
Ils ont vite été déçus : le verdict ne sera pas prononcé avant 18h15... voire 19h30.
Un report qui suscite incompréhension et interrogations. Pour certains, cette nouvelle attente est insoutenable. Pas de chaise, pas d'endroit où patienter car la salle niçoise dans le quartier de l'Arénas est interdite au public le temps des délibérations parisiennes.
La supplication de Mohamed Ghraieb a-t-elle suffi à infléchir les juges ? Ou les longues plaidoiries des avocats de la défense ont-elles ébranlé les certitudes des assesseurs ?
Ce matin, Mohamed Ghraieb s'est exprimé pendant plusieurs minutes pour clamer son innocence et demander la clémence des juges. "Je souffre pour quelque chose que je n'ai pas fait, je suis pas radicalisé. Laissez-moi une chance, je suis réinsérable. Je suis un homme de parole, je vous jure, je suis pas dangereux, je cherche la paix", a-t-il dit. À côté de lui dans le box des accusés, Chokri Chafroud n'a rien ajouté pour sa défense. Pas un mot pour les victimes non plus.
La procédure d'appel, une opération risquée
En première instance Mohamed Ghraieb et Chokri Chafroud avaient écopé de 18 ans de prison. L'avocat général avait alors demandé 15 ans de réclusion.
Mais faire appel est toujours une opération risquée, comme l'a souligné l'avocate générale. La peine peut être diminuée, identique ou plus importante.
Naïma Rudloff, l'avocate générale, a demandé la peine maximale : 20 ans de réclusion. Dans son réquisitoire, elle a tenté d'établir les liens entre les deux accusés et le terroriste, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, abattu par des tirs de policiers le 14 juillet 2016 sur la Promenade des Anglais.
À l’opposé de la démonstration de l'avocate générale, les avocats de Mohamed Ghraieb et Chokri Chafroud ont demandé eux l'acquittement de leurs clients. L'acquittement, une décision qui était la hantise des victimes et de leurs proches.