Ils ont marqué l'imaginaire social des années 1980, en pleine flambée du chômage : les bénéficiaires des TUC, ou travaux d'utilité collective. Yves Coussement en est un. Habitant le Var, il se félicite des avancées du gouvernement qui vient d'ajouter ces temps de travail dans le décompte pour la retraite. La fin d'un long "oubli".
Ils ont marqué l'imaginaire social des années 1980, en pleine flambée du chômage : les bénéficiaires des TUC, ou travaux d'utilité collective, devraient voir ces emplois aidés de leur jeunesse compter pour leur retraite.
"Je veux que l'on répare une injustice de notre système", a lancé Elisabeth Borne lors de la présentation de la réforme des retraites, en annonçant que les trimestres passés en TUC pourraient "enfin" être validés.
"Le seul point positif" du projet gouvernemental, a raillé le 12 janvier dernier le numéro 1 de la CGT, Philippe Martinez. Selon la Première ministre, "près de 2 millions" de personnes seront concernées par la mesure, qui devrait couvrir des dispositifs comparables comme les stages d'initiation à la vie professionnelle (SIVP) et les "jeunes volontaires".
Entre 1984 et 1990, des centaines de milliers de jeunes sans activité ni formation se voient proposer des stages à mi-temps dans des services publics ou des associations. Surveillant dans un lycée, animateur culturel ou agent d'accueil à l'hôpital... Il s'agit en réalité de véritables emplois. D'une durée de 3 mois à 1 an, renouvelables plusieurs fois.
Ali Ben Bournane et Djamel Mouaki ont rencontré, sur la Côte d'Azur, un représentant de ces emplois aidés.
"On était persuadés qu'on cotisait suffisamment, mais c'était une belle arnaque", estime Yves Coussement, 62 ans, qui a été "jeune volontaire" puis "tuciste" avec des responsabilités d'encadrement dans des centres de vacances et des classes de neige.
La réforme n'est pas populaire et vu qu'on est quand même inclus dans une réforme qui n'est pas forcément populaire donc on ne voudrait pas se réjouir trop tôt !
Yves Coussement, trésorier de l'association "TUC, les oubliés de la retraite"
Cet habitant de Gattières dans les Alpes-Maritimes fait partie de l'association "TUC, les oubliés de la retraite".
Un soulagement pour lui et les adhérents, "on aurait préféré que notre cas soit pris à part dans la réforme et pas englobé dans la réforme. Mais bon, après on est quand même satisfait que le gouvernement nous est entendu et qui a des termes d'injustice et réparations qui sortent. Donc, on apparaît bien à la rubrique [réparer les erreurs du passé]"
Stagiaires ces "tucistes"
Jusqu'en 1990, pour s'insérer dans le milieu professionnel, les "tucistes" se voient proposer des missions de quelques mois dans des services publics ou des associations.
Sous ce statut, les cotisations vieillesse étaient prises en charge par l'État sur des bases forfaitaires insuffisantes pour ouvrir à la validation de trimestres.
"L'argument avancé était : Vous étiez stagiaires. Mais seuls 8% d'entre nous ont reçu des formations !", souligne le consultant de 62 ans.
Un groupe Facebook "TUC, les oubliés de la retraite", une pétition en ligne et une association ont porté la voix de ces travailleurs. La mobilisation des anciens "tucistes" a poussé l'Assemblée
nationale à mener une "mission flash" qui a conduit à une proposition de loi (PPL) demandant la reconnaissance des trimestres effectués.
Si Yves bien des attestations et bulletins prouvant son "temps de TUC", d'autres anciens bénéficiaires ne sont pas dans cette situation. Ils redoutent d'avoir des difficultés à faire valider leurs trimestres par la Caisse nationale d'assurance vieillesse (Cnav).
Avec AFP