Alors que le concert dirigé par la cheffe d'orchestre proche de l'extrême droite italienne Beatrice Venezi avait commencé, les forces de l'ordre ont expulsé des militants antifascistes et empêché un de nos journalistes de faire son travail.
C'est une tradition à l'opéra de Nice (Alpes-Maritimes). Chaque année, l'orchestre philharmonique offre une représentation, cette année consacrée aux valses de Vienne. À la baguette : la cheffe d'orchestre Beatrice Venezi.
Un concert qui a été perturbé ce lundi par des militants antifascistes. Dans le public, à l'avant-dernier balcon, trois personnes, deux hommes et une femme, ont déroulé une banderole où était écrit en rouge et noir : "Pas de fascistes à l'opéra. Pas d'opéra pour les fascistes".
Les militants ont ensuite replié leur banderole avant de se rasseoir. Sur la scène, la cheffe Beatrice Venezi a souri avant de reprendre la direction de l'orchestre.
Cette situation a créé une certaine tension sur place. Alors que les trois spectateurs sont interpellés et contrôlés dans le hall de l'opéra, une policière s'agace. "Vous ne prenez pas de photos, là ?", dit-elle à un journaliste de France 3 Côte d'Azur présent sur place dans le cadre d'un reportage. Ce dernier a alors été éloigné, sous la menace d'"un bon coup de pied" par les forces de l'ordre.
"Banalisation du fascisme"
L'annonce de la venue de la cheffe italienne trentenaire à Nice avait fait réagir un collectif d'associations l'été dernier. Il demandait au maire Christian Estrosi et au directeur général de l'Opéra d'"annuler l'événement", y voyant une "banalisation de l'extrême-droite et du fascisme".
Car, en Italie, Beatrice Venezi est une proche de l'extrême droite : elle est conseillère "musique" du gouvernement de Giogia Meloni et la fille d'un ancien dirigeant du parti néofasciste Forza Nuova. Face à la polémique, le directeur de l'Opéra avait répondu que "la musique ayant le pouvoir de transcender les clivages et de rassembler les individus autour d'une expérience commune, il est essentiel de séparer l'art de la politique".
Ce n'est pas la première fois que la venue de la cheffe d'orchestre en France est perturbée. En avril, une cinquantaine de personnes avait manifesté contre sa présence à l'opéra de Limoges.
(Avec Ali Benbournane, à Nice)