Le collier GPS du loup de Valberg a été retrouvé le 22 janvier dernier dans la Drôme. Les circonstances de cette trouvaille restent encore floues et laissent peu d'espoir quant à la survie de l'animal. Ce jeune loup avait été trouvé dans le Mercantour fin 2019 et avait été relâché dans la nature.
L'histoire est rocambolesque et connaît encore de nombreuses zones d'ombre. En octobre 2019, un louveteau avait été trouvé errant et très affaibli dans les rues de Valberg, dans les Alpes-Maritimes, par des habitants du village.
Capturé par l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), il avait été rapidement confié à un centre spécialisé pour recevoir des soins. Interrogées à l'époque, les associations de défense des animaux locales étaient d'accord pour dire que ce jeune loup semblait orphelin, sa famille ayant pu être décimée par des tirs dans le Mercantour.
Rappelez-vous, lors de sa capture :
Quelques mois après cette intervention et sans nouvelles de l'animal, des militants avaient lancé une pétition en mars 2020 pour demander son retour en milieu naturel : 45 500 signatures avaient été recueillies.
À l'été 2020, le préfet référent sur la politique du loup Jean-Paul Celet avait finalement annoncé que le "loup de Valberg" avait été relâché discrètement, dans un lieu tenu secret, et qu'il avait été équipé d'un collier émetteur permettant son traçage.
Observé pour la dernière fois en octobre 2020
Depuis cette date, difficile d'en savoir plus sur le parcours du jeune loup. Selon nos sources, l'Office français de la biodiversité (OFB) aurait été partiellement écarté du dossier, jugé sensible par les autorités gouvernementales. Contacté par France 3 Côte d'Azur, le ministère de la Transition Écologique préfère quant à lui le terme de "tutelle".
Les dernières nouvelles de l'animal remontent au mois d'octobre 2020 : la Fédération des Chasseurs de la Drôme est alors été alertée de sa présence par l'un de ses pièges photos. Le loup de Valberg a pu être facilement identifié, car il était alors le seul de son espèce à être équipé d'un collier GPS à ce moment-là en France.
Le collier découvert dans la Drôme
Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Ce 22 janvier dernier, Michel Castro, un ancien berger et sympathisant des associations de protection des animaux, contacte l'OFB Auvergne-Rhône-Alpes après avoir découvert un collier à proximité de sa propriété de Plan-de-Baix dans la Drôme. Il prévient également son ami Roger Mathieu de France Nature Environnement.
Tous font rapidement le lien avec le loup de Valberg, photographié quelques semaines plus tôt.
On ne sait pas si ce loup a été braconné. Mais une chose est sûre, le collier a été sectionné. Il y a donc deux hypothèses possibles : soit il a été coupé sur le cadavre du loup, mais ce moment-là je ne comprends pas pourquoi le cadavre n'aurait pas été signalé à l'OFB, soit une personne a volontairement tiré sur ce loup et récupéré ce collier, avant de le déposer chez mon ami Michel.
Comment ce collier a-t-il pu échouer à Plan-de-Baix ? S'agit-il d'une provocation vis-à-vis de Michel Castro, qui n'est pas opposé à la co-habitation avec le loup dans la Vallée de la Gervanne ? De nombreuses questions restent aujourd'hui encore sans réponse. En revanche, il y a une quasi-certitude : "Il est plus que probable que le loup soit mort", avance Roger Mathieu.
Pourquoi l'alerte n'a-t-elle pas été donnée plus tôt ?
La découverte de ce collier relève finalement du hasard. Et c'est justement ce qui étonne les associations de défense des animaux, à l'image de FERUS. "Si le collier a arrêté d'émettre ou si l'animal ne bougeait plus depuis plusieurs jours, il aurait dû y avoir une alerte", soulève Hervé Boyac, référent dans les Alpes-Maritimes.
L'association a porté plainte et compte mener prochainement une action pour demander des explications. De son côté, le ministère de la Transition Écologique ne donne guère plus d'éléments : "Le recours au collier GPS est réservé à des situations exceptionnelles", écrit-il. "Dans le cas présent, il était destiné à évaluer la réussite de l'opération et être en capacité d'intervenir en cas d'interactions négatives avec les activités humaines. Ce qui n'a pas été constaté."
La piste humaine privilégiée
Suite à ces événements, une enquête a été ouverte. Bien que les services de l'État ne relèvent pas de problème particulier à ce jour, la scission du collier laisse toutefois peu de doute sur l'implication de l'Homme dans cette affaire.
Le collier a été coupé et non arraché : à première vue, il n'a pas été enlevé par le loup lui-même. Et le système de "drop-off", qui permet à l'animal de se libérer de son collier au bout d'un certain temps, ne s'est visiblement pas activé non plus. Tout porte donc à croire qu'il y a bien eu une action humaine.
Bien que le braconnage ne soit pas avéré, la peur du loup est bien réelle dans la Drôme, et particulièrement chez les éleveurs.
En octobre dernier, la Fédération Départementale Ovine avait été surprise, pour ne pas dire choquée, d'apprendre qu'un prédateur avait été repéré par la Fédération des Chasseurs. "Aucun des professionnels siégeant au groupe National Loup n’a eu connaissance du fait qu'un loup ait été relâché avec un collier GPS", avait-elle assuré.
À ce jour, plusieurs dizaines de loups seraient présents dans le département.
Selon la préfecture de la Drôme, plus de 160 attaques ont été recensées entre janvier et septembre 2020 : sur le territoire, neuf loups ont été légalement tués cette même année, dans le cadre d'un plan national pour réguler le nombre de prédateurs.