Lors de sa visite ce 10 janvier, Emmanuel Macron doit rencontrer les associations d'aide aux sinistrés des vallées des Alpes-Maritimes. 15 mois après la tempête les besoins des particuliers et des professionnels sont encore immenses. Le Secours populaire, les Week-ends Solidaires, Mission Trekkeurs et la Croix-Rouge vont demander des moyens pour agir. Seules ces associations peuvent intervenir auprès d'eux.
4 millions d'euros. Voilà ce que demandent les associations à Emmanuel Macron. 4 millions d'euros sur l'enveloppe globale de plus de 500 millions attribuée à la reconstruction des vallées. Dans ce contexte de campagne électorale, les associations espèrent obtenir plus que des promesses lors de leur entretien avec le président de la République à la mi-journée ce lundi 10 janvier.
Ce qu'il faut comprendre c'est que nous intervenons là où l'état ne peut pas intervenir
Jean Stellittano, secrétaire général du Secours Populaire 06
Selon le secrétaire général du Secours populaire : "il reste d'énormes chantiers qui sont vitaux pour les particuliers et professionnels des vallées mais les collectivités territoriales ne peuvent pas intervenir".
En effet, tout ce qui est du domaine privé doit être pris en charge soit par les assurances, soit par le fond Barnier. Mais dans les faits, il y a beaucoup d'exceptions : un pont, une voie d'accès privée, le réseau d'eau, sont autant d'éléments qui ne font pas partie de la maison et ne sont donc pas assurés.
Un mur de soutènement peut coûter des dizaines de milliers d'euros et sans ça, la maison est condamnée.
Jean Stellittano
Pour pouvoir intervenir sur ces chantiers, l'association estime les besoins à 4 millions d'euros. Selon le secrétaire général, par les effets de levier : "un euro investi permet en réalité de débloquer jusqu'à 4 euros en valeur marchande ", car nous faisons travailler les professionnels de la vallée et que nous remettons en place des commerces.
Trop de freins logistiques
L'Association d'Aide aux Sinistrés et les Week-end Solidaires travaillent en parallèle des chantiers publiques et se heurtent à de nombreux freins logistiques. Par exemple : les associations sont obligées de louer des machines coûteuses au lieu de pouvoir utiliser celle des collectivités quand celle-ci sont à l'arrêt.
Il faut aider cette force associative, si tous les bénévoles n’étaient pas là, on en serait pas là.
Wilfrid Bricourt, Association d'Aide aux Sinistrés
L'Association d'Aide aux Sinistrés porté par Wilfrid Bricourt regroupe plus d'une cinquantaine de membres. En étant basée dans le Vaucluse, elle ne peut pas bénéficier d'aides locales.
C'est par le biais de conventions avec la Croix Rouge et le Secours populaire ainsi que les dons que les bénévoles peuvent aider depuis plus d'un an. Selon lui, il faudrait pouvoir "améliorer la coopération avec les pouvoirs publics pour être plus efficace, car nous, on s'est engagé pour aller jusqu'au bout".
De l'argent pour Casterino : la réponse du Président
La Mission Trekkeurs menée par Martial Lyonnais, demande elle, au Président de la république d'intervenir auprès des hôteliers du hameau de Casterino. Là-haut, la route pour accéder au hameau n'est pas terminée, l'activité économique ne pourra reprendre qu'à partir de 2023.
Les hôteliers sont inquiets. Selon eux, les charges fixes s'élèveront à 400.000 euros, sans aide, ils "déposeront le bilan". Ils demandent donc une aide exceptionnelle pour prendre en charge ce coût.
Nous avions demandé au président de la République une bouée de sauvetage pour Casterino, aujourd'hui on va lui demander sa réponse
Martial Lyonnais, fondateur de Mission Trekkeurs
Dans une lettre adressée au président de la République en septembre 2021, l'association demandait de l'aide pour Casterino. Le cabinet d'Emmanuel Macron avait répondu en apportant "son soutien".
Lors de la visite dans la vallée de la Roya ce lundi 10 janvier, l'association espère obtenir une réponse concrète.
Changer les lois ?
Les bénévoles des différentes associations représentent plus de 2 000 personnes et des milliers d'heures de travail. Au-delà de ce formidable élan de générosité et d'engagement, la question se pose du rôle des associations et du cadre législatif. Est-ce aux associations de reconstruire un pont d'accès à une maison, détruit par une tempête, ou à la collectivité ? Où doit s'arrêter le champ de compétences de chaque acteur ?
Pour l'instant, on pare à l'urgence, mais il faudra réfléchir et peut être légiférer sur le sujet,
Jean Stellittano, secrétaire général du Secours Populaire 06
Selon Jean Stellittano : "on pourrait par exemple envisager l'élargissement du cadre d'intervention en cas de catastrophe naturelle pour permettre aux collectivités territoriales d'intervenir sur le domaine privé dans des situations bien précises".
Même si les associations vont alerter sur ce sujet, leur priorité reste de venir en aide au plus vite aux sinistrés. Selon elles, le déblocage des fonds (4 millions d'euros) peut se faire très rapidement, si la volonté politique est là.
A moins de 100 jours de l'élection présidentielle, les associations comptent sur le calendrier pour obtenir des réponses concrètes du président en campagne.