800 000. C'est le nombre de places manquantes en établissement adapté pour les adultes handicapés en France. Face à ce problème de société, les associations prennent le relai, comme Toit pour nous, un projet d'habitat inclusif.

Atteint d'une maladie génétique rare, Tom, 21 ans, ne peut pas mettre ses chaussures sans aide, et il lui est difficile de se faire des amis chez ses parents.

Pour les jeunes adultes handicapés comme Tom, un hébergement dans une structure spécialisée est nécessaire. Jusqu'à 18 ans, les jeunes atteints d'un handicap mental sont pris en charge dans des instituts médico-éducatifs. Passé cet âge, la suite logique serait un accueil au sein de foyers pour adultes handicapés ou, si la personne peut travailler, en établissement et service d'aide par le travail (Ésat).

C'est là que le bât blesse. Selon l'INSEE, il manquerait 800 000 places en établissement adapté pour les adultes handicapés. Conséquence : pendant des années, certains adultes restent dans les instituts destinés aux mineurs, bloquant par la même des places déjà chères, tandis que d'autres doivent être pris en charge par leur famille, qui peuvent difficilement se substituer aux équipes médicales.

Habitat inclusif

C'est ainsi que des solutions alternatives, portées par des associations, se développent timidement en France, mauvaise élève de la prise en charge des personnes handicapées. En septembre, le pays a été épinglé par l'ONU sur ce sujet. Olivier Lemaitre, le père de Tom, est à l'initiative du projet Toit pour nous, un "habitat inclusif" à taille humaine implanté au sein du département des Bouches-du-Rhône.

Avec ce logement pensé comme une colocation comprenant un accompagnement par des professionnels de santé et une ouverture sur le monde extérieur, l'association espère "proposer une alternative aux institutions souvent saturées et à l'hébergement en familles souvent épuisées". Plus qu'une solution d'hébergement, Olivier Lemaitre décrit un véritable "projet de vie sociale qui va se faire avec les autres, c’est à dire avec le quartier dans lequel les personnes vivent".

Pour Dimitrios Zygouristas, un habitant de la région père d'un fils atteint d'un trouble du spectre autistique, ce genre d'initiative est absolument nécessaire. 

"C’est le seul moyen pour qu’en tant qu’adulte, mon fils puisse mener la vie la plus heureuse, la plus pleine possible, et ne soit pas exclu de la société. On a des adultes qui méritent d’avoir une vie normale même s’ils ont besoin de moyens particuliers pour s’épanouir", déclare-t-il.

Des avancées timides

Les habitats inclusifs s'insèrent dans une dynamique impulsée par l'Etat depuis 2018 avec la loi Elan. D'ici 2022, ce sont 400 projets visant à améliorer les conditions de vie des personnes handicapées qui sont prévus.

Une goutte d'eau dans l'océan, selon Olivier Lemaitre, qui déplore des actions toujours insuffisantes. "400 projets, ce n'est rien à l'échelle de toutes les personnes handicapées du pays", regrette-t-il.

En France et au sein du département, les initiatives associatives se développent timidement. Dans les Bouches-du-Rhône, 3 ou 4 autres projets d'habitats inclusifs ont vu le jour depuis 2018.

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