Coronavirus : 35 nouveaux ressortissants français arrivés sur le site de l'Ensosp à Aix-en-Provence

Un troisième groupe de rapatriés venus de Wuhan (Chine) est arrivé dimanche 9 février. L'avion affrété par les autorités britanniques a atterri vers 13h30 à Istres. 35 personnes ont été placées en quarantaine à l'Ensosp d'Aix-en-Provence. 

35 ressortissants français en provenance de Wuhan, l'épicentre de l'épidémie de Coronavirus, sont arrivés le dimanche 9 février sur un vol affrété par les autorités britanniques. 

Le boeing 744 de la compagnie Wamosair a décollé de Wuhan dans la nuit et a atterri dimanche matin, à 8h20, à l'aéroport de Brize Norton, dans la province d'Oxford au Royaume-Uni. Il y a avait à son bord, près de 200 personnes, britanniques et d'autres nationalités. 

Tous les tests effectués négatifs

L'appareil a redécollé à 11h38 de Brize Norton et s'est posé à 13h30 sur l'aéroport militaire d'Istres, dans les Bouches-du-Rhône.   34 des 35 Français ont immédiatement rejoint les 78 personnes rapatriées dimanche 2 février et placées en quarantaine de 14 jours à l'Ecole nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers (Ensosp) d'Aix-en-Provence a indiqué le préfet de la région Paca.  Une seule personne a nécessité son transfert à l'IHU de la Timone. Les tests se sont révélés négatifs et elle a pu rejoindre les autres rapatriés lundi.

Pour éviter tout risque de contamination, cette troisième vague de rapatriés français est hébergée dans une autre unité de l'Ensosp. 

Selon un bilan communiqué par la préfecture, les précédents rapatriés arrivés en France sont exactement 225 à Carry-le-Rouet, très majoritairement des Français, et 78 à Aix-en-Provence, dont 19 Français.

Dimanche 2 février, 2ème vague de rapatriement

La deuxième vague de rapatriés était arrivée en France le 2 février  à bord d'un A380-800 de la compagnie maltaise Hi Fly de retour de Wuhan. L'avion s'était posé peu après 14h30 sur la base militaire d'Istres.

À bord, 254 passagers dont 65 Français. Ce vol transportait également des couples binationaux et des ressortissants de 30 pays dont la Hongrie, l'Italie, le Danemark, la Suède, la Belgique, la Lituanie, l'Espagne, le Mexique ou encore le Rwanda. 

Parmi l 36 passagers présentant des symptômes suspects de la maladie, seize sont retournés dans leur pays d'origine, et vingt sont restés sous surveillance à la base militaire d'Istres.

Le lendemain, les résultats des tests effectués sur ces 20 personnes se sont révélés négatifs et elles ont été transférées.

"Toutes les familles avec enfants ont été prises en charge à Carry-le-Rouet. Les personnes françaises isolées ou en couple ont été transférées à l'Ensosp pour une durée de 14 jours", avait indiqué Agnès Buzyn, ministre de la Santé. 

Par ailleurs, 124 étrangers sont retournés dans leur pays par avion et une soixantaine de non-Européens d'origine variée, Mexique, Rwanda, Brésil, Géorgie est restée sur le sol français.

Les familles transférées à Carry

41 rapatriés de ce vol ont rejoint les premiers Français confinés à Carry-le-Rouet. Les familles sont prioritaires pour ce transfert, la configuration du centre de vacances étant "plus propice à accueillir les familles" selon Adrien Taquet, secrétaire d'Etat auprès de la ministre de la Santé. 

84 ressortissants sont hébergés à l'Ensosp. L'ancienne base militaire des Milles, entièrement fermée et grillagé peut héberger jusqu'à 500 personnes.

Le site, situé en zone rurale loin des habitations, à une dizaine de kilomètres du centre-ville d'Aix-en-Provence avait été vidé de ses stagiaires les jours précédents.

La maire d'Aix solidaire

La maison de Jessie Capion se trouve à une trentaine de mètres du site. La riveraine n'est pas très rassurée. Elle craint "qu'il y ait des fuites. On ne sait pas vraiment comment ce virus va se comporter". 

D'abord inquiète par le choix de ce site sur sa commune, la maire d’Aix-en-Provence s'est rendue sur place le dimanche le 2 février et a déclaré vouloir "être solidaire".

Maryse Joissains-Masini tient à rassurer ses administrés : "tout se fait en interne, rien ne sort". Une réunion d'information a permis de rassurer les habitants.

La vie en quarantaine s'organise à Carry-le-Rouet

Pendant ce temps, à quelques kilomètres de là, à Carry-le-Rouet, la vie des rapatriés suit son cours dans le centre de vacances Vacanciel.

Un couple venu de Mulhouse s'est présenté aux grilles fermées pour remettre quelques affaires à leur fils. 

"On est encore très inquiets, a confessé le père du jeune homme, pas par rapport à la prise en charge mais c'est une situation qui n'est pas toujours facile à vivre pour un jeune de 22 ans et ses parents". 

Ces derniers ont eu des nouvelles rassurantes. "Il est super bien, ils sont bien pris en charge, ils ont été bien accueillis, et il attend maintenant la fin de la quarantaine."  

Les 182 adultes et enfants du premier vol arrivés le 31 janvier, au centre de vacances de Carry-le-Rouet, après un atterrissage à la base militaire d'Istres, sont pour 14 jours à l'isolement.

Ils sont libres de tout mouvement dans l'enceinte du centre, et ils sont soumis à une prise de température obligatoire deux fois par jour.

A l'intérieur, l'intendance est assurée par des personnels et volontaires de la Croix Rouge chargés notamment d'assurer la distribution des repas. 

Des précautions de bon sens 

"Ils portent des masques et des gants, ce sont des précautions de bon sens mais sans exagération, indique Marc Zyltman, responsable dispositif Croix-Rouge à Carry-le-Rouet, il ne s'agit pas d'être anxiogène."

"Il y a des studios et des chambres individuelles, les familles pourront rester entre elles, cela permettra de respecter le chacun chez soi",
ajoute-t-il. 

Une réunion d'information pilotée par l'Agence Régionale de Santé a rassuré la population locale. Plusieurs dizaines d'habitants sont venus s'informer des mesures prises.

Tous les rapatriés ont par exemple signé une décharge leur interdisant de sortir du centre, aucun civil n'est autorisé à y entrer.

Les deux passagers isolés à l'atterrissage de l'avion pour des soupçons de symptômes du Coronavirus ont été testés négatifs.

Sébastien Ricci, journaliste de l'AFP, est un des premiers rapatriés, il est arrivé à Carry le 31 janvier.

La plage des Eaux salées interdites

A Carry-le-Rouet, le Club Vacanciel, entouré d'une grande pinède, est situé dans une calanque accessible uniquement par une étroite impasse de la petite station balnéaire de 5.800 habitants, à une trentaine de kilomètres de Marseille.

Le site est étroitement surveillé. Un arrêté préfectoral interdit le survol de la zone, y compris par des drones.

Le maire d'Ensuès-la-Redonne, commune limitrophe, a pris à titre préventif un arrêté d'interdiction à la plage des Eaux salées "pour éviter une présence à proximité immédiate du site".

Cette interdiction concerne à la fois l'accès à la plage et le chemin d'accès depuis la calanque du Puits.

Dans le centre de vacances, environ 80 réservistes sanitaires se relaient par équipes. La Croix-Rouge mobilise quant à elle près de 200 bénévoles et salariés. 

Ils gèrent les repas, joueront aussi le rôle d'une conciergerie pour faire des courses pour les rapatriés et proposeront des animations, notamment pour les enfants - une cinquantaine, dont quelques bébés - si leur situation médicale le permet.

"Il y a un protocole qui permet aux gens de vivre dans ce centre de vacances. a indiqué le préfet de région Paca, Pierre Dartout, lors d'une conférence de presse le 30 janvier. 

Ils sont par famille dans des chambres distinctes. S'ils doivent sortir, ils porteront des équipements pour se protéger les uns des autres.

"Il y a des précautions au moment des déjeuners et des dîners pour qu'ils ne soient pas tous ensemble concentrés dans la même salle."

La réserve sanitaire mobilisée

Philippe De Mester, directeur général de l'Agence régionale de santé a précisé avoir "mobilisé la réserve sanitaire, des volontaires, médecins, infirmiers, infectiologues, psychologues, qui vont venir au nombre de 22 personnes. Ils assurent une présence 24/24 auprès des résidents".

Si un cas se déclare, le malade est aussitôt dirigé vers l'Institut Hospitalo-Universitaire (IHU) Méditerranée Infection, sur le site de La Timone, à Marseille.

L'IHU dispose d'une vingtaine de places en cas de nécessité, "équipées et adaptées pour accueillir des personnes qui pourraient présenter des risques de contagion important", a indiqué Philippe De Mester.
Coronavirus: un passager "présentant des symptômes" transféré à l'hôpital

Nous avions filmé le service d'infectiologie de La Timone. C'est là que se trouve le passager présentant des symptômes du coronavirus 2019-nCoV Les infos, le direct ??https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/bouches-du-rhone/coronavirus-centre-accueil-carry-rouet-requisitionne-francais-evacues-wuhan-1781175.html

Publiée par France 3 Provence-Alpes sur Vendredi 31 janvier 2020

Toutes les précautions sont prises

Un certain nombre de places ont également été recensées dans les hôpitaux voisins et en dehors des Bouches-du-Rhône, dans le Gard, notamment à Nîmes et Montpellier.  

"Il a d'abord été décidé d'accueillir ces ressortissants dans le département des Bouches-du-Rhône en raison des aéroports disponibles, de l'IHU de La Timone et des centres de vacances isolés", a précisé le préfet de région.   

Il n'y a aucune raison de se faire du souci

Interrogé sur le risque de contamination, le directeur régional de l'ARS a rappelé que ce risque était "extrêmement faible, d'autant que les précautions prises sont importantes, il n'y a donc aucune raison de se faire du souci".

"Les psychoses, il ne faut pas les entretenir", a ajouté le préfet de région. "Il faut rassurer l'ensemble des habitants du secteur pour leur dire que c'est une opération d'intérêt national qui se tient chez eux (…) mais nous prenons toutes les précautions nécessaires pour nous assurer qu'il n'y a pas de cas problématiques".

La colère du maire de Carry 

Avant l'arrivée des premiers rapatriés, le maire de Carry-le-Rouet craignait justement qu'"une psychose" gagne la population.

"On attend 4 à 5000 personnes ce dimanche", s'inquiétait surtout Jean Montagnac, le 30 janvier dernier, alors que la ville s'apprêtait à célébrer les "Oursinades", une fête populaire au cours de laquelle la commune, pendant un mois, se déclare capitale des oursins qui seront dégustés sans modération.

"Si on l'avait su on aurait reporté". Sans vouloir se dérober à ses responsabilités, l'élu n'a pas caché sa colère d'avoir été prévenu au dernier moment. 

"Je viens d'avoir la préfecture parce que c'est moi qui les ai appelés, ce qui est quand même navrant", s'insurgeait l'élu.
Coronavirus : pas content le maire de Carry-le-Rouet

Coronavirus : pas content le maire de Carry-le-Rouet de se retrouver devant le fait accompli, juste avant une oursinade... ? Toutes les infos ici ?? https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/bouches-du-rhone/coronavirus-centre-accueil-carry-rouet-requisitionne-francais-evacues-wuhan-1781175.html

Publiée par France 3 Provence-Alpes sur Jeudi 30 janvier 2020

 

La ministre de la santé sur place

Le centre de vacances Vacanciel a été choisi car facilement "sécurisable" selon le maire, il ne dispose que d'un accès voiture et deux accès piétons. La ministre de la santé Agnès Buzyn s'est rendue sur place, le 31 janvier dernier, pour visiter les installations et rencontrer les équipes médicales. Selon le maire de Carry, "le directeur général de Vacanciel a d'abord dit non car ils ouvrent le 20 février. Une fois qu'ils seront partis, il va falloir tout décontaminer".

"On met en difficulté une entreprise et ça impacte notre commune de Carry, car un tiers de notre économie se fait pendant ce mois de l'oursin". 

"Peut-être que des gens ne viendront pas cet été, sachant ça"
projette déjà Jean Montagnac.    
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