Témoignage. "La première nuit, j'ai chaviré deux fois" : il traverse l'Atlantique seul à la rame et croit devenir fou

Publié le Mis à jour le Écrit par Nathalie Deumier
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Dominique Meynadier n'aimait pas tellement la mer. Mais le défi sportif l'a poussé vers une course décrite comme "la plus dure du monde".

Pas d'assistance, deux rames et l'Atlantique. Les participants partent des Canaries et arrivent aux Antilles. Ils sont 38 au départ dont 11 solitaires. La course s'appelle World's Toughest Row (la course à la rame la plus dure du monde), elle est organisée par des Britanniques et s'étend sur 4800 kilomètres. Dominique Meynadier l'a bouclé en 62 jours. A peine rentré à terre, il s'est confié à France 3 Provence-Alpes. 

"J'ai attendu que la douleur passe"

Le sportif a acheté un bateau, 80 000 euros, et s'est entraîné, de jour comme de nuit, sur l'étang de Berre et le golfe de Fos-sur-mer. "La difficulté de cette course a réveillé mon sens du défi. Attiré par cet environnement méconnu, j'ai voulu gérer mon sommeil, mes conditions de vie et mon effort physique." A 58 ans, le participant habite à Martigues et aime les sports d'endurance.

"J'ai pris le départ aux Canaries, à La Gomera, le 13 décembre. La première nuit a été rude, j'ai chaviré deux fois, le décor était planté. J'étais déjà détaché du groupe de tête et mon moral en a pris un coup."

Cinq jours plus tard, il chavire de nouveau et se casse plusieurs côtes. Un appel de détresse est possible, comme pour tout marin. Il peut être secouru par un porte-conteneurs ou un voilier. "Mais cela signifie que j'abandonne mon bateau. J'ai estimé que ma blessure n'était pas vitale. J'ai attendu que la douleur passe pendant 5 jours, incapable de bouger le petit doigt". Et puis il est reparti. Mais dans son dessalage, il a perdu tous les morceaux de musique qu'il avait embarqués.

"Je sens que je deviens un peu fou"

Malgré tout, le bateau est rassurant, il est conçu pour cette traversée et supporte des creux de plusieurs mètres. Le rameur martégal se couche vers minuit, dans l'une de ses deux cabines. Il dort 4 heures, prend ses repas aux heures habituelles, rame et communique avec son routeur, Nicolas Jarrossay, resté à terre. "Je pense à la course, à ma famille, au prochain repas, toujours aux mêmes choses. Je sens que je deviens un peu fou".

Les embruns, la houle, les vents contraires et les creux ne lui déplaisent pas. "Ce que j'ai vu de plus beau ? L'océan. Il change tout le temps. Je m'y suis immédiatement senti bien. Les matins changent, les couleurs aussi. J'ai aimé sentir l'air frais arriver, puis fouetter, quand ça me tombe dessus, c'est grisant." 

Il perd 16 kilos, un rameur meurt

Il a mal aux mains, aux fesses, et perdra 16 kilos pendant la course. L'épreuve est tellement difficile qu'un rameur australien y laissera la vie.

Le 13 février, Dominique touche enfin la terre d'Antigua, aux Antilles. Il ne tient plus debout, est d'une maigreur impressionnante mais il est en 7ème position. Il est ému et fier. Sa famille et des amis sont venus l'accueillir.

Deux personnes sont déjà intéressées pour racheter son bateau. La course remporte un tel succès qu'il faut compter 3 ans d'attente pour s'inscrire. "Le refaire ? C'est trop lourd, mais je repartirai volontiers". La décision ne presse pas, Dominique doit d'abord réapprendre à marcher sans tanguer.

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