Pour apaiser la colère des agriculteurs, le gouvernement a annoncé ce jeudi lors d'une conférence de presse, la mise en "pause" du plan Ecophyto, un plan qui permettait de réduire de 50 % l'usage de produits phytopharmaceutiques ou pesticides dans un délai de 10 ans. Dans la région, cette annonce inquiète les agriculteurs en bio.
"Ecophyto". C'était le plan du gouvernement pour réduire l'usage des pesticides. L'annonce de sa suspension ce jeudi 2 février, a lancé la polémique, du côté des associations environnementales mais pas seulement. Revendication de certains agriculteurs, la mise en pause du plan Ecophyto suscite à la fois le désarroi et l'incompréhension chez les agriculteurs en bio, notamment en Paca, région qui compte le plus d'exploitation en agriculture biologioque.
"C'est fort dommage, commente Maxime Rotureau, maraîcher Bio à Roquebrune sur Argens, et administrateur du groupement des agriculteurs bio du Var. On a tous pris conscience qu'il y a besoin de trouver des alternatives et des solutions pour l'avenir. Et faire un frein sur une démarche qui devait permettre de réduire les produits chimiques de synthèse notamment dans les cultures, ou en réduire une bonne partie, eh bien ça ne va pas dans ce sens-là".
"Le choix de l'argent"
Avec ce nouveau report, la principale victime des mesures annoncées, c'est l'écologie. Ce n'est pas la première fois qu'Ecophyto est repoussé. Sa première version a été adoptée en 2008. Elle a pour objectif de réduire de 50 % l'usage des pesticides en dix ans. Ce sera un échec.
En 2015, le seconde version du plan poursuit les mêmes objectifs. Elle se soldera par un nouvel échec. Le plan Ecophyto 3 devait être annoncé à la fin du mois de Janvier avec en ligne de mire une réduction de 50% des pesticides d'ici 2030.
"On pourrait penser que le gouvernement a fait le choix de l'argent au détriment de celui de la terre. Il y a des intérêts particuliers qui l'emportent sur l'intérêt collectif, et c'est ce qui explique que nos politiques prennent des décisions contraires à l'intérêt collectif (...) Le gouvernement a pris une décision à court terme et ce sera les générations futures qui vont devoir payer la facture", regrette Maxime Rotureau.
"Ça m'a fait mal au ventre"
"Ecologiste convaincu", comme il se définit, Thibaud Beysson est maraîcher Bio à Gignac-la-Nerthe, dans les Bouches-du-Rhône. Asperges, choux, poireaux, brocolis, salades, fenouils, fraises... Depuis 2017, Thibaud Beysson déploie des trésors d'énergie pour cultiver des produits de saison. Aujourd'hui, chef d'exploitation, il pratique la vente en directe pour, dit-il, "maîtriser sa commercialisation".
"Quand j'ai entendu qu'ils prolongeaient la dérogation sur l'utilisation des néonicotinoïdes, réagit-il, ça m'a fait mal au ventre. Il faut arrêter, on sait que c'est cancérigène !".
Il n' y a rien de pire. Ils ont reculé sur le glyphosateThibaud Beysson, maraîcher Bio à Gignac-la-Nerthe
France 3 Provence-Alpes
Toujours au smic après six ans d'activité, Thibaud ne perd pas de vue ses convictions. "Sortir du système, ce n'est pas facile. Pendant cinq ans, je ne me suis pas versé de salaire, je mettais toutes mes économies pour lancer mon activité. Mais aujourd'hui (...) je m'y retrouve. Il ne faut pas baisser notre qualité."
Maxime a suivi le même chemin il y a deux ans : "Il y a des défis à relever. C'est passionnant et ça donne justement envie. Je pense qu'il y a toute une génération et pleins de personnes qui ont envie de faire quelque chose, donc au contraire, restons positifs et allons-y !"
Pour le gouvernement, cette mise à l'arrêt du plan Ecophyto n'est qu'une pause, «le temps d'en retravailler un certain nombre d'aspects, de le simplifier» a précisé le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau. Il a assuré qu'il proposera une nouvelle version de son plan d'ici le Salon de l'agriculture, dans trois semaines.