Les salariés de l'Ehpad Orpea de Marignane (Bouches-du-Rhône) ont fait grève pour la première fois

Estimant ne plus pouvoir s'occuper des résidents correctement, les salariés réclament davantage de moyens, quelques jours après la publication du livre enquête "Les Fossoyeurs", dénonçant des cas de maltraitance dans certains Ehpad privés.

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De mémoire de résident comme de salarié, on n'avait jamais vu ça : à l'Ehpad Les grands pins de Marignane (Bouches-du-Rhône), le personnel s'est mis en grève contre le manque de moyens.

"Les conditions de vie sont inhumaines", déplore-t-on en interne, quelques jours après la sortie du livre enquête Les Fossoyeurs, dénonçant des cas de maltraitance en Ehpad au sein du groupe privé Orpea, propriétaire coté en Bourse de l'établissement de Marignane. 

Impossible toutefois de recueillir directement leur témoignage : les salariés craignent pour leur emploi. 

Leur grève, avant tout symbolique (il faut bien s'occuper des résidents), s'est étalée sur deux heures, jeudi 27 janvier, lors d'une journée nationale de mobilisation interprofessionnelle

Mais les grévistes pourraient ne pas s'arrêter là, si leurs revendications ne sont pas entendues.

Alors que les langues se délient sur les situations de précarité rencontrées en Ehpad, les blouses blanches de Marignane font eux aussi un constat alarmant : personnel réduit à sa portion congrue, manque de temps pour s'occuper des résidents, nourriture rationnée au milligramme, toilettes chronométrées...

Contraints de mentir aux résidents

"Dans mon équipe, on était plusieurs à se dire qu'on avait honte de travailler comme ça, nous raconte une ancienne cadre de santé, en procédure de licenciement dans un autre établissement. Parfois, on a honte de soutenir le regard de certains patients, à qui l'on sait pertinemment que l'on ment, quand on leur dit qu'ils auront droit à telle prise en charge, tel intervenant."

En plein burn-out, Marianne (son prénom a été changé) a fini par se mettre en arrêt maladie. "Il y a vraiment une dichotomie en nous qui au bout d'un moment n'est plus supportable, dit-elle encore. J'ai craqué."

Particulièrement vieillissante, la région Paca compte quelque 600 Ehpad. Selon l'association Alma, une plateforme d'écoute téléphonique réservée aux personnes âgées fragilisées et à leurs familles, le nombre de cas de maltraitance en Ehpad dénoncés par téléphone a bondi de 37 % en France, entre 2020 et 2021. 

Manque de qualification

"Ces chiffres s'expliquent aussi par le manque de savoir-faire, estime Michèle Bernard, bénévole pour l'association Alma13, à Marseille. À l'Ehpad, les personnels ne sont pas formés, ils vont très vite, il y a un turn-over très important."

Ce que nous confirme Marianne, l'ancienne cadre de santé : les directions font parfois appel à du personnel sous-qualifié, moins bien payé. 

À l'Ehpad de Marignane, c'est encore différent : il n'y a même plus de direction, l'ancienne patronne ayant laissé son siège sans avoir été remplacée à ce jour.

Conscient des nombreux problèmes recensés en Ehpad depuis plusieurs années, le gouvernement a promis un plan d'urgence de 160 millions d'euros sur 5 ans, avec à la clé la création de 10.000 emplois supplémentaires dans ce type de structures.

Pour l'heure, les salariés de l'Ehpad de Marignane estiment travailler avec deux fois moins de personnel qu'il n'en faudrait pour assurer correctement le soin des résidents. 

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