À Marseille, les ménages les plus modestes très affectés par l'extension de la ZFE

Mise en place le 1er septembre 2022, la zone à faible émission à Marseille doit permettre de lutter contre la pollution de l'air. En septembre 2024, les véhicules classés 5,4 et 3 seront exclus de la zone. Une étude montre que ce sont les foyers le plus modestes qui seront touchés.

Après les véhicules Crit’Air 5 interdits au 1er septembre 2022, la restriction s’est étendue aux Crit’Air 4 au 1er septembre 2023 et au 1er septembre 2024 ce sera la tour des véhicules Crit'air classés 3. Ils seront interdits à la circulation et au stationnement dans la Zone à faibles émissions (ZFE) de Marseille. Selon une étude présentée ce mardi 5 novembre par BNP Paribas Mobility, cela devrait concerner près d'un tiers des véhicules de la métropole d'Aix-Marseille dont la majorité se situe dans des quartiers où les ménages modestes sont surreprésentés.

317.000 véhicules concernés

"317.000 véhicules particuliers circulant régulièrement dans la Métropole d'Aix-Marseille-Provence pourraient ne plus avoir l'autorisation de s'y rendre", ont détaillé les auteurs de l'étude.

La ZFE s'étend sur 19 km² en plein cœur de Marseille. Le périmètre est délimité par le Prado, Rabatau, le Jarret, Plombières et intègre la zone portuaire d'Euromed. Le périmètre est délimité par l’intérieur des boulevards, à savoir avenue du Cap Pinède, boulevard Capitaine Gèze, boulevard de Plombières, avenue Alexandre Fleming, boulevard Françoise Duparc, boulevard Sakakini, boulevard Jean Moulin, boulevard Rabatau et l'avenue du Prado 2.

"30% des véhicules qui sont aujourd'hui en circulation sur l'agglomération ne pourront plus circuler à partir de septembre 2024", a précisé Christophe Michaëli, directeur du marché de la mobilité de BNP Paribas Personal Finance France, lors d'une conférence de presse.

Les quartiers les plus pauvres et les moins bien desservis par les transports

"On a une hyper-concentration de ces véhicules (...) dans les quartiers nord-ouest de Marseille, là où il y a une surreprésentation des ménages à revenus modestes", a-t-il ajouté. Or, ces quartiers pauvres de la deuxième ville de France "sont moins bien desservis en termes de transports publics", a poursuivi M. Michaëli. "Ces ménages à revenus modestes n'ont pas d'autres choix que d'utiliser leur véhicule au quotidien (...) c'est pas un luxe, ça s'impose à eux", a-t-il conclu. "La question c'est comment on (...) met en place des mesures qui permettent d'amortir" l'impact social afin que le changement soit perçu comme "positif pour notre santé collective et non pas comme injuste socialement", a souligné auprès de l'AFP Sébastien Barles, adjoint au maire de Marseille pour la transition écologique qui prône, entre autres, covoiturage et systèmes d'autopartage. En pleine crise du pouvoir d'achat, les ZFE sont devenues un symbole de l'exclusion des automobilistes les plus modestes. Les véhicules moins polluants, hybrides et électriques, restent chers à l'achat neuf et rares sur le marché de l'occasion.

Un rapport sénatorial préconise "d'assouplir" le calendrier de mise en oeuvre des ZFE

Dans le 3e arrondissement de Marseille, très pauvre,"52% des véhicules sont Crit'air 3, 4 ou 5" et seraient interdits de rouler d'ici un an et demi selon l'actuel calendrier de mise en oeuvre des zones à faibles émissions (ZFE), qui prévoit l'interdiction des véhicules Crit'air 3 au 1er septembre 2024.C'est un des exemples cité par un rapport sénatorial publié le mercredi 14 juin et qui préconise "d'assouplir" ce calendrier. "Partout où elles sont instituées, les ZFE-m se heurtent à des crispations et de vives incompréhensions, tant de la part des collectivités territoriales chargées de les mettre en place que des usagers, particuliers et professionnels, dont les mobilités quotidiennes seront affectées par les restrictions de circulation", indique un résumé du rapport sénatorial qui préconise aussi de renforcer les aides à l'achat de véhicules "propres" pour faciliter l'acceptation des zones à faibles émissions mobilité (ZFE-m), qui visent à bannir progressivement les véhicules les plus polluants des grandes agglomérations.

Une généralisation des ZFE prévue fin 2024

Son rapporteur, le sénateur Philippe Tabarot (LR), note un accompagnement insuffisant de l'Etat, une offre de transports alternatifs à la voiture "trop modeste", et le "caractère financièrement inaccessible" des véhicules propres, comme il l'a énoncé lors d'une conférence de presse de présentation au Sénat.

Après la création de 11 ZFE-m en 2019, la loi climat et résilience de 2021 a prévu leur généralisation dans les quelque 43 agglomérations de plus de 150.000 habitants en France métropolitaine avant le 31 décembre 2024. Leur objectif est d'améliorer la qualité de l'air et de limiter les émissions de particules fines, responsables de maladies respiratoires et de 40.000 décès par an selon Santé Publique France.

Renforcer les aides aux ménages modestes

M. Tabarot a aussi demandé un renforcement des aides à l'acquisition des véhicules propres, y compris d'occasion, en priorité à destination des ménages modestes ou habitant en dehors des ZFE mais contraints d'y venir travailler. Le sénateur préconise aussi de "créer un choc d'offre alternative de transport" comme les cars express ou les RER métropolitains pour lutter contre "l'autosolisme".

Enfin, concernant l'accompagnement des collectivités dans la mise en place des ZFE, l'Etat doit faire plus d'après M. Tabarot, car il s'agit d'un "problème de santé publique et la santé publique relève de la compétence l'Etat", a-t-il insisté. Rien que sur la question des contrôles, l'installation de radars pour scanner les plaques d'immatriculation par l'Etat n'est toujours pas clarifiée, déplore-t-il.

Quelles sanctions pour les contrevenants ?

En cas de circulation ou de stationnement avec une vignette non autorisée ou sans vignette, les propriétaires des véhicules s’exposent à une amende forfaitaire de 68 € ou 135 €, selon la catégorie du véhicule. 

La ZFE est destinée à lutter contre la pollution de l'air en centre-ville dans les métropoles. À Marseille, cette ZFE doit permettre d’améliorer la qualité de l’air pour 84% des métropolitains les plus exposés au dioxyde d’azote.

Pour rappel, vous pouvez vous munir de votre vignette en vous rendant sur le site dédié du gouvernement. Attention aux arnaques, ce site est le seul à pouvoir délivrer la vraie vignette. La vignette coûte 3,11 euros (hors frais d'envoi).

Pour Sébastien Barles, l'amélioration de la qualité de l'air devrait aussi concerner le secteur maritime, notamment à Marseille, ville portuaire où la présence de navires de croisières géants est de plus en plus contestée. "Il faut qu'il y ait une ZFE maritime, c'est une évidence", a suggéré l'élu.

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