L'homme d'affaires vient de mourir à l'âge de 78 ans à Paris. Bernard Tapie était atteint d'un double cancer de l'estomac et l'œsophage contre lequel il se battait depuis trois ans. Entre Tapie et Marseille, l'histoire a commencé en 1986 avec son arrivée à la tête de l'OM.
Très affaibli, l'ancien président de l'Olympique de Marseille avait dû être à nouveau hospitalisé fin mai suite à l'apparition de nouvelles tumeurs.
Avec Marseille, Bernard Tapie s’était trouvé une ville à sa mesure. Belle et rebelle, capable du meilleur et du pire. Adorée et détestée. Les supporters de l’OM, eux, avaient trouvé en lui, un dirigeant capable de porter leurs rêves de gloire.
L’appel de Gaston Defferre
Quand il vient à Marseille en 1986 pour diriger le club à l’appel du maire socialiste Gaston Defferre, Bernard Tapie est connu comme un "sauveur d’entreprises".
Tout lui réussit. Il fait partie des personnalités préférées des Français, il est même élu l’homme le plus séduisant après Alain Delon aux yeux des Françaises…
Enrichi sur le dos de sociétés en difficulté, l’ancien vendeur de téléviseurs savoure son statut de nouveau riche, prenant plaisir à étaler sa fortune. Un hôtel particulier à Paris, un jet privé, une maison à Saint-Tropez, et le Phocéa, le plus grand voilier du monde.
Tapie, un modèle dans les quartiers populaires
Bernard Tapie a du succès dans les affaires et auprès des jeunes, surtout dans les quartiers populaires où il représente un modèle de réussite. Sur ses fonds propres, il créée des écoles de commerce. L’une d’elles ouvre ses portes à Marseille en 1993.
Comme souvent avec Tapie, la flamboyance ne dure pas. L’école du Pharo fermera comme les autres établissements à travers la France un an plus tard quand il fait faillite.
Tapie, champion de France avec l'OM
A l'Olympique de Marseille, Bernard Tapie promet la plus haute marche du podium. Le club remporte quatre titres consécutifs de champion de France de 1989 à 1992, une coupe de France en 1989, et la Ligue des Champions en 1993.
Mais une fois encore, après avoir laissé croire aux Marseillais qu’il leur ferait atteindre les sommets, c’est la dégringolade. Le scandale OM-VA éclate le 20 mai 1993 sur des soupçons de match truqué et de joueurs corrompus.
Tapie, en prison
A la clé, la prison pour Bernard Tapie. Il est condamné à six mois ferme pour "corruption" et "subornation de témoins". Il purge sa peine au centre pénitentiaire d'Aix-Luynes, puis à la prison des Baumettes à Marseille. Il passe 165 jours en cellule. L'homme d'affaires est ruiné. Il dépose le bilan de toutes ses sociétés.
Entre lui et les supporters, le rêve s’est brisé. Il tente un retour à l’OM en 2000 comme directeur sportif, mais il repart au bout d’un an.
Tapie, député des Bouches-du-Rhône
Pendant sa période faste marseillaise, Bernard Tapie s’était aussi lancé en politique. En 1989, il gagne la confiance des électeurs de la 6e circonscription des Bouches-du-Rhône, puis de la 10e, sous l’étiquette Majorité Présidentielle.
Malgré les multiples scandales et les vingt années de démêlés judiciaires autour de l’affaire du Crédit Lyonnais, Bernard Tapie semble avoir résisté à toutes les tempêtes. Tel le roseau de La Fontaine, il plie mais ne rompt pas.
Tapie, patron de presse
Après avoir été chanteur, député, ministre, animateur de télé... à 70 ans, il se découvre une nouvelle vocation. En décembre 2012, Tapie rachète La Provence au groupe Hersant. Ses détracteurs l’imaginent tentant de se frayer un chemin vers la mairie. Il ne fera finalement pas de retour en politique.
Parfois excessif, toujours imprévisible, Bernard Tapie était recherché autant que craint par les journalistes pour sa vindicte et son langage cash qui assurait souvent le buzz.
Celui qui jeune homme rêvait d’être un jour en haut de l’affiche a en tout cas réussi à faire la Une des journaux pendant plus de 50 ans.