Coronavirus : les Bouches-du-Rhône sous tension, le conseil de défense pourrait décider de nouvelles mesures

Deux professeurs de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM) s'inquiètent de l'afflux de patients Covid en réanimation dans les Bouches-du-Rhône. Le conseil de défense qui se réunit vendredi pourrait décider de nouvelles mesures applicables dans le département.

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Le conseil de défense pourrait décider vendredi de nouvelles mesures applicables dans les Bouches-du-Rhône, qui enregistre le taux de nouveaux cas le plus élevé de France, selon Olivier Véran.

"A Marseille il y a un sujet de sensibilité particulière, (...) et donc il faut pouvoir prendre toutes les bonnes mesures, c'est l'objet du conseil de défense notamment", a indiqué le ministre de la Santé. 

Cela pourrait notamment passer par davantage d'encadrement des rassemblements, comme cela avait été le cas en Mayenne, avec l'obligation de déclarer auprès de la préfecture tous les rassemblements de plus de 10 personnes.

Deux professeurs de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM) ont attiré l'attention sur la situation dans les Bouches-du-Rhône ces derniers jours. Selon eux, au 6 septembre, sur les 70 lits en réanimation dédiés à la Covid-19 dans le département, 67 étaient occupés.

"Il n'y a pas d'affolement général, on gère la situation. Mais on est sur une ligne de crête et si on dépasse un certain seuil, on sait qu'il faudra déprogrammer des malades non-Covid, pour remplir avec des Covid et c'est ce que nous voulons éviter parce qu'il y a des gens qui ont besoin d'être soignés," explique le professeur Dominique Rossi, chef de service d’urologie, président de la commission médicale d'établissement de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM).

Un appel à l'aide sur les réseaux sociaux

Très actif sur les réseaux sociaux, le profeseur Rossi a interpelé les internautes. "Préservez nos capacités hospitalières", "nous avons besoin de vous pour contenir la vague", a tweeté le professeur.

Le professeur Chambost s'alarme

Le directeur médical de crise aux hôpitaux universitaires de Marseille (AP-HM), Hervé Chambost, s'alarme également de la situation.

"Les personnes à risque présentent de nouveau des formes graves et se retrouvent actuellement en réanimation", explique-t-il dans un message relayé par Tweet de l'AP-HM.

Le professeur invite les habitants des Bouches-du-Rhône à "éviter les évènements festifs où les mesures barrières ne peuvent pas être respectées".

Les hôpitaux ne sont encore loin d'être saturés

Même si les hôpitaux du département ayant des lits de réanimation Covid-19 (La Timone, Hôpital Nord, Martigues, Aubagne...) accueillent de plus en plus de malades, ils sont loin d'être saturés.

Nous avons la capacité d'ouvrir plus de lits. Nous nous adapterons à la situation.

Professeur Rossi (APHM)

Pour le moment, l'AP-HM n'a pas prévu d'ouvrir de nouveaux lits en réanimation dédiés au Covid-19.

Le professeur Nicolas Bruder, chef de service anesthésie-réanimation du Pôle Centre à Marseille (Timone, Conception, Sainte-Marguerite) confirme que l'activité de son service a été très intense tout cet été.

Un coup d'accélérateur depuis 10 jours

"On a eu énormément de traumatologie du fait que les gens sont ressortis et de certains comportements à risque", explique-t-il. C'est pourquoi les lits étaient déjà très occupés avant ce regain des cas de Covid.

"Les réanimations étaient pleines à 90 %, depuis on a libéré sur la Timone 16 lits Covid sur un total d'environ 70," souligne-t-il. 

"Si on doit monter encore, il n'y aura qu'une solution c'est de diminuer les autres activités et en particulier l'activité chirurgicale. Ce qui va poser des problèmes difficiles à résoudre", note le praticien, reconnaissant qu'il est très compliqué de faire des prévisions.

Depuis 10 jours,le professeur Lionel Velly, coordinateur du service d'anesthésie-réanimation du CHU La Timone note un coup d'accélérateur inquiétant des admissions en réanimation.

On a enregistré six nouveaux patients Covid sur les dernières 24 heures, ce qui n'était jamais arrivé depuis plusieurs mois.

Lionel Velly coordinateur réanimation Timone

"Il faut être clair, c'est la même maladie, prévient-il, quand ça se multiplie d'un coup dans la population, les formes graves reviennent et ce sont les mêmes, avec des atteintes respiratoires gravissimes au niveau pulmonaire sur les scanners et des patients qui ont le même niveau de gravité que lors de la première vague."
 
"30 % des patients dans le service ont moins de 65 ans, précise-t-il encore, le plus jeune doit avoir 50 ans." On retrouve trois principaux facteurs de risque ; l'obésité, l'hypertension et le diabète.

49 personnes en réanimation en PACA

Selon Santé publique France, c'est en Provence-Alpes-Côte d'Azur que l'incidence du virus est la plus forte sur le territoire métropolitain (180 pour 100.000 habitants alors que le seuil d'alerte est de 50 pour 100.000). Malgré de contexte samedi, le préfet des Bouches-du-Rhône a assoupli les mesures de lutte contre la propagation du virus, en décalant l'horaire de fermeture des bars de 23 h 00 à 00 h 30. Il a, en revanche, rendu obligatoire le port du masque dans toutes les agglomérations du département.

Lors de son dernier point de situation le 1er septembre, l'Agence régionale de Santé (ARS PACA) a fait état de 396 personnes hospitalisées, 61 de plus par rapport à la semaine précédente.

49 personnes étaient alors en réanimation, soit 9 de plus qu'au précédent bilan. Depuis le début de l'épidémie en Paca, 993 personnes hospitalisées sont décédées.

Au niveau national, le nombre de cas graves en réanimation reste inférieur à 500 selon les derniers chiffres disponibles, très loin des niveaux enregistrés en mars-avril, au plus fort de la crise sanitaire, mais le ministre de la Santé Olivier Véran a prévenu qu'il allait augmenter, mécaniquement, dans
le sillage de la hausse des contaminations.

Malgré ce contexte préoccupant, le ministre envisage d'assouplir la "quatorzaine", et de raccourcir la période d'isolement préconisée aux malades et aux "cas contacts" susceptibles d'avoir été contaminés. La mesure sera discutée lors du prochain Conseil de défense.
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