La tempête Monica a laissé des traces sur les plages marseillaises. Les services de la mairie ont ramassé une importante quantité de macrodéchets sur le littoral et un panache brun a remplacé, dans la baie, le bleu de la Méditerranée. Un scenario qui se répète inlassablement à chaque épisode de fortes pluies.
La tempête Monica est passée par là. Sur les réseaux sociaux, lundi 23 mars, les photos circulent et impressionnent toujours autant. À Marseille, les épisodes de fortes pluies donnent systématiquement lieu au même scénario : à l'embouchure de l'Huveaune, le littoral se réveille jonché d'ordures et un nuage d'eau brune vient troubler durablement le bleu de la Méditerranée. Quelque 15 m³ de déchets ont été ramassés sur le littoral par les services municipaux. La Mairie s'explique sur ce phénomène.
Un mélange nauséabond de boue et de déchets
"Cela me rappelle un cliché que nous avions posté, il a sept ans", raconte Eric Akopian, "les gens pensaient que c'était un photomontage tellement c'est incroyable, on voit clairement un immense nuage d'eau marron dans l'eau bleue" ! Le fondateur de l'association Clean My Calanques, qui vient d'immortaliser le panorama, ne décolère pas "c'est une fois de plus une catastrophe".
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Erik Akopian évoque un mélange nauséabond de pluie, de boue et de déchets, selon les informations que des kitesurfeurs lui ont rapporté le matin même, indiquant "que cela sent vraiment mauvais", convaincu que "les eaux des stations d'épuration relâchées en pleines calanques" ne sont pas étrangères à cette pollution.
Quant aux enchevêtrements de déchets plastiques sur la plage Épluchures Beach, il désigne une fois de plus l'Huveaune comme responsable. Ce petit fleuve côtier qui prend sa source dans le massif de la Sainte-Baume, se déverse près de 50 km plus bas dans la Méditerranée, charriant les jours de fortes pluies, toutes sortes de détritus jusqu'à la mer. "C'est décourageant, nous avions nettoyé cette plage, il a deux semaines avec l'aide des Marseillais" s'indigne ce défenseur de l'environnement, qui réclame que "le problème soit enfin pris à la racine". "
"Il est tombé des baignoires d'eau"
"Nous avons eu de la chance" tient à relativiser Hervé Menchon, l'adjoint au maire de Marseille, en charge de la biodiversité marine et des plages, "ailleurs la tempête Monica a fait de nombreuses victimes" rappelant la violence de cet épisode pluvieux : "Il faut se rappeler qu'il est tombé des baignoires d'eau, un mètre cube par mètre carré, ce qui revêt un caractère exceptionnel".
@marseille en action sur la #plage de l'Huveaune immédiatement après la #tempête. Grapillage en cours, cependant 15 m3 de déchets mélangés avec de la #posidonie sont enlevés car impossibles à trier. pic.twitter.com/xJXJpiLReB
— Hervé Menchon (@Menchon_Herve) March 11, 2024
Selon l'élu, cette situation se produit inévitablement à chaque intempérie, notant toutefois que la pollution est moins importante ici que lors de la tempête de 2021. Pour explication, il redessine le circuit habituel de l'eau qui nettoie les rues : le barrage de la Pugette situé sur l'Huveaune joue un rôle central, détournant l'eau vers la station d'épuration enfouie sous le stade Vélodrome. L'eau épurée est ensuite rejetée dans l'émissaire de Cortiou, "une sorte de tunnel qui la déverse dans le Parc des calanques".
Seulement voilà, en cas de fortes pluies, le barrage de la Pugette s'ouvre pour éviter de déborder et les eaux souillées s'écoulent jusqu'à la mer, charriant mégots, sacs plastiques, canettes et déchets en tous genres.
Une eau qui "a lavé les caniveaux "
Ce panache d'eau brune qui trouble ce lundi la baie marseillaise, Hervé Menchon le qualifie de "nuage sous-marin de macrodéchets" et ne mâche pas ses mots : "c'est carrément ignoble certes, cette eau a lavé les trottoirs et les caniveaux quand même, on peut y trouver des traces d'hydrocarbures et surtout de déjections animales en grand nombre".
Des eaux pas propres coulent vers la plage, mais ce ne sont pas des eaux usées, elles ne proviennent pas des canalisations, mais sont chargées de tout ce qui était dans la rue".
Hervé Menchon, adjoint à la mer de la Ville de MarseilleFrance 3 Provence-Alpes
En cause, dit-il, le système " un peu archaïque" de collecte des eaux de la Ville, qui nécessiterait que "les avaloirs des caniveaux ne soient plus dirigés vers la mer, mais vers des bassins de rétention et vers un système d'épuration". Avant de renvoyer la balle dans le camp de la Métropole, responsable de ces aménagements.
De son côté, l'association Clean My Calanques redoute que la situation ne se produise durant les Jeux olympiques, promettant à Marseille,"la honte internationale". "Il faudrait peut-être que le monde entier se moque de nous pour que les choses changent ?", conclut Eric Akopian, qui promet une mobilisation forte des bénévoles sur les plages durant les JO.