"C’est très difficile d’admettre mon impuissance", l'élu EELV, Étienne Tabbagh en burn-out politique, démissionne et accuse la Métropole

Étienne Tabbagh, élu de secteur à la mairie du 1ᵉʳ et 7e arrondissement (EELV du Printemps marseillais), a annoncé ce mardi 22 octobre, sa démission. Selon lui, il souffre d'un burn-out politique et militant. Dans une lettre de neuf pages qu'il publie sur X, il impute sa souffrance à la Métropole et les blocages institutionnels auxquels il a dû faire face.

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Après avoir mûri sa décision pendant plus d’un mois, Étienne Tabbagh, élu EELV du Printemps marseillais, a quitté ses mandats ce mardi 22 octobre. Il affirme souffrir "de burn-out politique et militant" et il accuse Martine Vassal et la Métropole d'être la cause de tous ces maux.

"J’étais en paix avec cette décision”

Ancien adjoint à la mairie des 1ᵉʳ et 7ᵉ arrondissements et conseiller à la Métropole, il exprime un sentiment de “soulagement” face à ce choix. “J’ai pris ma décision, il y a un peu plus d’un mois, et l’écriture de cette lettre m’a aidé à réaliser que j’étais en paix avec cette décision.

Dans une lettre de neuf pages publiée sur X, il dénonce les conditions qui l'ont poussé à cette décision, ciblant particulièrement la présidente de la Métropole, Martine Vassal. Il écrit ceci :

C’est un déni de démocratie et un scandale politique.

Etienne Tabbagh

sur X

L'objectif de sa lettre est clair : “Je veux exposer la réalité de la situation, expliquer les blocages institutionnels et faire pression sur la Métropole pour que les citoyens soient informés de la manière d’agir.”

"J’ai tout tenté auprès de la Métropole"

Il souligne : “Je m’attendais à de la conflictualité, surtout avec la droite à la Métropole et la gauche à la municipalité, mais je n’ai pas anticipé un blocage systématique de dossiers importants pour l’aménagement urbain.” Étienne Tabbagh ajoute : “Il existe une volonté manifeste de Martine Vassal et de son équipe de ne rien céder au Printemps marseillais, afin de donner l’illusion qu’il ne se passe rien à Marseille. Cela me confronte à la réalité en disant aux administrés : ‘J’ai tout tenté auprès de la Métropole pour faire avancer ce dossier, mais cela ne progresse pas.’ C’est très difficile d’admettre mon impuissance.” Une situation qui provoque en lui une grande frustration. “Je travaille avec des collectifs d’habitants et des associations de quartiers pour élaborer des projets, mais lorsque je les soumets à la Métropole, rien ne suit”, souligne-t-il. 

Contactée Martine Vassale, n'a pas souhaité répondre aux accusations, en revanche Sabine Bernasconi, ancienne maire de secteur et conseillère des 1ᵉʳ et 7ᵉ arrondissements de Marseille, a réagi sur le plateau de BFM Marseille: "Étienne Tabbagh, je crois, a lui-même fait le constat de son inefficience puisqu'il a décidé de se retirer. Mais je constate également qu'il est le seul élu dans ce cas, sur les huit secteurs de Marseille qui sont de tous bords politiques, de droite comme de gauche. Il est dans la théâtralisation et dans la victimisation. Dans cette mairie de secteur, on crie au loup, mais il n'y a pas de loup". L'ancienne maire de ce même secteur, va plus loin, " les marseillais justement n'arrêtent pas de nous dire qu'ils n'en peuvent plus de tous ces travaux en ville, c'est bien la preuve, qu'il se passe des choses". 

Selon Sabine Bernasconi, "c'est plutôt une méconnaissance des mécanismes de la vie politique locale" indique-t-elle avant d'ajouter, "ce n'est pas à un élu de secteur de s'adresser directement à la Métropole. Il doit faire remonter à la mairie centrale ses besoins, qui elle travaille en direct avec la Métropole".

Le burn-out en hausse constante 

Pour Étienne Tabbagh, cette situation, qu'il a subie depuis cinq mois, est devenue intenable. “Depuis mai, j’ai éprouvé des symptômes d’anxiété et de difficulté de concentration. Répondre à des administrés en disant : ‘Désolé, j’ai relancé la Métropole, mais je n’ai pas eu de réponse’, m’a causé une détresse physique et mentale, entre autres un sentiment d’anxiété, la boule au ventre, des douleurs à la nuque, une difficulté à travailler. Une psychologue m’a confirmé qu’il s’agissait de symptômes de burn-out.

Ce phénomène, reconnu comme une maladie professionnelle, touche tous les secteurs, y compris le monde politique. Selon une psychologue, deux facteurs principaux favorisent le burn-out en politique : “Il y a cette pression de ‘sois fort, garde tout pour toi’, et l’attente de reconnaissance de la part des administrés, puis le fait de se dire que si tout n’est pas parfaitement exécuté cela pourrait avoir de lourdes conséquences.

Depuis la pandémie de Covid, le burn-out ne cesse d’augmenter, touchant potentiellement jusqu’à 500 000 personnes en France. Les symptômes incluent une fatigue extrême, un manque de motivation, une sensation d’oppression, des douleurs physiques et des pensées négatives pouvant mener à la dépression. “Aujourd’hui, cela représente 70% de mes consultations,” affirme la psychologue.

Malgré cette épreuve, Étienne Tabbagh garde espoir. Il envisage de s'engager dans de nouveaux dispositifs, comme des assemblées citoyennes. “Le principe est de tirer au sort des représentants de toutes les couches sociales pour co-construire des politiques publiques. C’est ce qui a été fait lors de la convention citoyenne pour le climat. Il s’agit d’un autre dispositif démocratique dans lequel j’aimerais m’engager à l’avenir.

Article réalisé avec Gilles Ammar et Alban Poitevin.

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