A Marseille, les chercheurs de l'AP-HM ont mené une étude sur les effets positifs de la plongée sous-marine en cas d'états de stress et d'angoisse. Des résultats notables ont été constatés sur des rescapés d'attentats et des soldats.
Une équipe de chercheurs de l'AP-HM a trouvé un médicament peu courant pour vous aider à maîtriser vos angoisses. Cette étude a mis en valeur les bienfaits de la plongée sous-marine sur la santé mentale.
Promoteur de l'étude et investigateur principal, Mathieu Coulange, chef de service de médecine hyperbare, subaquatique et maritime au CHU Sainte-Marguerite, détaille ses découvertes alors que son équipe est la première à publier sur cette thématique. "Avec ces résultats, on espère que la plongée sera bientôt prescrite par ordonnance et prise en charge pour combattre certaines pathologies", s'enthousiasme ce professeur.
Un contrôle respiratoire immédiat
Tout commence en 2015, lorsque Frédéric Bénéton, un trader, quitte son travail suite à un burn-out. La plongée sous-marine est le seul sport qui lui permet de décompresser, il décide alors d'examiner le phénomène de plus près. Entouré notamment de Mathieu Coulange, il se lance dans un Master de physiologie des conditions extrêmes pour étudier les bienfaits de la plongée sur le stress.
Rapidement, un programme de recherche se monte et les découvertes se multiplient. Les publications aussi, comme dans la respectable revue Frontiers in Psychology. Il faut dire que leurs expériences les agitent jusqu'à les mener en Guadeloupe, à Malte, et bientôt à Monaco.
La plongée induit un contrôle respiratoire sans aucune résistance du patient, contrairement au yoga où celui-ci doit y adhérer au principe.
Mathieu Coulange, chercheur au CHU Sainte-Margueriteà France 3 Provence-Alpes
"On a démarré nos études sur des cas de stress du quotidien", explique le Pr Coulange, qui enchaîne sur la multitudes de bienfaits découverts. "On s'est rendu compte, grâce à des accéléromètres, que les systèmes accélérateur et freinateur de l'organisme se rééquilibraient. En état de stress, nos organes accélèrent et il n'y a plus de frein. Celui-ci se remet en place en plongée".
À cela s'ajoute l'état de méditation de pleine conscience que provoque cette activité. Cet état permet de se focaliser sur l'instant présent en évacuant les pensées gênantes. Enfin, la sensation de cocooning est majeure dans l'enveloppe aquatique, elle agit comme un réveil de l'état fœtal. "Le fait d'entendre sa respiration influe beaucoup", souligne le coordinateur du projet.
Des recherches menées sur des soignants en burn-out
L'étude s'est ensuite élargie à ceux qui souffrent d'un syndromesyndrôme post-traumatique. En 2017, des tests sont menés en Guadeloupe sur une quarantaine de rescapés des attentats du Bataclan. Certains partaient en plongée, d'autres en forêt. "Pour la quasi-totalité du groupe en plongée, les indicateurs sont passés en dessous du seuil du stress posttraumatique", explique Mathieu Coulange.
Même bénéfices constatés à Malte avec les premiers résultats obtenus sur des blessés psychiques et physiques de l’armée de terre
Une reproduction possible en piscine
L'eau étant primordiale, il n'est pas question de reproduire une plongée sous-marine par réalité augmentée. Cependant, pour les réfractaires à la plongée en mer, une mise en situation est possible en piscine. L'enjeu est d'ouvrir la pratique au plus grand-nombre.
De son côté, la Fédération française études et sports sous-marins (FFESSM) a fait inscrire en février 2021 la plongée bouteille sur la liste des activités sport-santé. Le but est de pousser aux remboursements de cette pratique pour certains malades.
Les mutuelles prennent en effet en charge des activités sportives sous certaines conditions et sur prescription médicale. La natation ou la gymnastique apparaissent aujourd'hui comme les sports les plus souvent prescrits.
En France, selon la Fédération Française d'études et de Sports Sous-Marins, on compte pour l'heure 150 000 licenciés de plongée sous-marine. Un chiffre qui pourrait exploser si ce sport est reconnu d'utilité sanitaire.
Première publication en juin 2021