Dans un entretien au Point daté du 23 octobre dernier, Sabrina Agresti-Roubache lance "Nous aurions dû mettre Marseille sous tutelle". Amine Kessaci, fondateur de l'association Conscience et élu EELV à Marseille, réagit à ces propos.
Trois ans après le lancement du plan "Marseille en grand", lancé par Emmanuel Macron, la chambre régionale des comptes Provence-Alpes-Côte d'Azur a vivement critiqué sa mise en œuvre dans un rapport publié ce lundi 21 octobre. Suite à la publication de celui-ci, présenté par Nathalie Gervais, présidente de la chambre régionale des comptes Provence-Alpes-Côte d'Azur, l'ancienne secrétaire d'État chargée de la Ville et de la Citoyenneté, Sabrina Agresti-Roubache regrette "de ne pas avoir mis Marseille sous tutelle". Une critique qui a le don d'agacer Amine Kessaci, militant marseillais dans les quartiers nord.
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Les critiques de l'ancienne secrétaire d'État chargée de la Ville
Au lendemain de la publication du rapport de la Cour des comptes, Sabrina Agresti-Roubache, membre de Renaissance, s'est exprimée à ce sujet auprès du Point. L'ancienne secrétaire d'État a affirmé : "Nous aurions dû mettre Marseille sous tutelle." "Sur les transports, nous sommes parvenus à faire avancer les choses. Bien mieux que sur les écoles. C'est ce volet qu'on aurait dû mettre sous tutelle", poursuit-elle.
Dans son entretien, elle critique également la mairie de Marseille. "Je souhaite sincèrement à Benoît Payan de réussir, mais il n'est pas aidé. Il n'a pas de stabilité dans son entourage et les bons sentiments ne règlent pas les problèmes. Il y a un vrai problème de compétences. Ça me rend folle."
"Après avoir menti aux Marseillais.e.s, concernant les effectifs de police du plan "Marseille en petit" et avoir divorcé de notre ville, Sabrina Roubache continue sur sa lancée de trahison en critiquant ouvertement Marseille et l’ensemble de ses habitant.e.s et en affichant clairement son mépris à leur égard", a posté sur X Amine Kessaci.
Après avoir menti aux Marseillais.e.s, concernant les effectifs de police du plan « Marseille en petit » et avoir divorcé de notre ville, @SabrinaRoubache continue sur sa lancée de trahison en critiquant ouvertement Marseille et l’ensemble de ses habitant.e.s et en affichant… https://t.co/fOmQfEWnoM
— Amine Kessaci (@kessaciamine1) October 23, 2024
"Marseille en petit"
Ces critiques agacent Amine Kessaci, fondateur et président de l'association Conscience, en lien avec les jeunes des quartiers nord de Marseille. "Elle était aux manettes. S'il y a quelqu'un qui avait le pouvoir de faire changer les choses, c'est elle." Le jeune militant et candidat écologiste du Nouveau Front populaire, battu dans la 3ᵉ circonscription des Bouches-du-Rhône, revient par ailleurs sur les observations de la Cour des comptes concernant le plan "Marseille en grand", qu'il appelle "Marseille en petit". Il nous exprime sa déception face à la sécurité et les effectifs de police, des effectifs plus faibles que promis par le gouvernement. "C'est une arnaque", soutient Amine Kessaci, alors que les chiffres du narcotrafic ont été multipliés par quatre en sept ans. "Je suis le premier à y croire pour ma ville et à vouloir sortir de cette vague de sang, cette vague noire."
Pour Amine Kessaci, "la délinquance n'a pas baissé et les jeunes ne travaillent pas plus qu'avant". "On a juste mis des pansements là où il y avait des plaies", s'exprime-t-il avec lassitude. Seul le plan école, selon lui, est porté par la ville de Marseille.
Le plan "Marseille en grand" a été réfléchi dans un contexte de guerre. La réponse devait être portée autour de la sécurité et de l'emploi.
Amine Kessaci, fondateur de l'association Conscience et militant politiqueà France 3 Provence-Alpes.
Pour rappel, ce plan visait à rénover les écoles insalubres, développer les transports en commun, réduire la fracture géographique et sociale entre quartiers nord et sud, renforcer les effectifs de police : ce plan étant destiné à rattraper les retards historiques de la deuxième ville de France. Or, estime la Cour, "la réalité du caractère exceptionnel et global du plan Marseille en Grand mérite d'être nuancée". Les nouveaux cofinancements s'élèveraient à seulement 28% - soit 1,55 milliard d'euros - du montant total annoncé.
Ce mardi 22 octobre, le préfet de la région Paca, Christophe Mirmand, a, lui aussi, réagi face aux manquements pointés dans le rapport. Il conteste les chiffres avancés par la Cour, affirmant qu'il "ne sait pas sur quelles données s'appuie la Cour". Selon lui, les différentes lignes budgétaires impliquées rendent la lecture du plan complexe et fragmentée, ce qui "peut rendre difficile sa lecture" d'ensemble. Le préfet rejette l'idée d'une gouvernance défaillante, expliquant qu'il ne juge pas nécessaire de créer une "superstructure" soit "rajouter une structure de gouvernance" pour coordonner le plan.