Ce que l'on sait sur la mise en examen de deux policiers du Raid pour l’éborgnement d’Abdelkarim Y

Deux policiers du Raid ont été mis en examen ce mercredi 15 novembre pour des violences policières présumées sur un jeune homme, Abdelkarim Y qui a perdu un œil suite à un tir de LBD à Marseille en marge des émeutes déclenchées fin juin après la mort de Nahel.

Le 30 juin, Abdelkarim Y. a perdu un œil suite à un tir de LBD à Marseille, en marge des émeutes ayant fait suite à la mort de Nahel. Ce mercredi 15 novembre, le parquet de Marseille a annoncé la mise en examen de deux policiers du Raid poursuivis pour "violences policières ayant entraîné une infirmité permanente par personne dépositaire de l'autorité publique" précise Nicolas Bessone, le procureur de la République de Marseille confirmant, confirmant l'information de Libération et Mediapart.

Que sait-on sur ces nouvelles mises en examen ?

Une enquête préliminaire ouverte en août

Abdelkarim Y., 22 ans, cousin de Mohamed Bendriss, a été visé par un tir de LBD des policiers du Raid, alors qu'il marchait seul à Marseille dans la nuit du 30 juin au 1er juillet, selon son avocat Me Arié Alimi. Une source judiciaire a confirmé à l'AFP qu'il avait perdu l'usage d'un œil. Il a "subi plusieurs opérations", expliquait Me Alimi en août.

Le parquet de Marseille avait alors ouvert une enquête préliminaire du chef de "violences volontaires en réunion ayant entraîné une mutilation ou infirmité permanente par personne dépositaire de l'autorité publique et avec arme".

Trois mois plus tard, après les révélations de Médiapart, le parquet de Marseille a donc finalement annoncé la mise en examen de deux policiers du Raid poursuivis pour "violences policières ayant entraîné une infirmité permanente par personne dépositaire de l'autorité publique".

La confirmation d'une blessure causée par un tir de LBD

Médiapart de Libération ont eu accès aux vidéos et au rapport de l'ancien officier de gendarmerie mandaté par le juge d’instruction qui a opéré fin septembre une expertise sur les images. Ce rapport remis au juge mi-octobre, permet d’horodater les deux tirs.

Leurs investigations montrent qu'Abdelkarim Y. a bien été blessé par un tir du Raid, comme il le supposait en décrivant des policiers "habillés en noir", accompagnés d’un étrange véhicule au toit ouvrant. "La scène a été captée par les caméras de surveillance de la ville, d’une bijouterie et du "petit véhicule de protection" (PVP) du Raid, et les images ont été exploitées par les enquêteurs de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN)", explique Médiapart.

L’enquête judiciaire montre que deux policiers ont fait feu simultanément, à une cinquantaine de mètres de la victime. L’exploitation des images disponibles permet aux enquêteurs de distinguer deux tireurs parmi les agents du Raid à pied dans la rue. Le premier, qui se trouve devant tous ses collègues, épaule son arme et fait feu à 23h57, 18 secondes et 107 millièmes. Le second, légèrement à l’arrière et plus petit que les autres, tire à 23h57, 18 secondes et 427 millièmes. Soit un écart de seulement 320 millièmes de seconde. 

Le doute sur l'identité du policier qui a tiré

Si les nouveaux éléments confortent la thèse d'une blessure causée par un tir de LBD, le doute subsiste sur l'identité du tireur. L’expert mandaté constate que "les images ne permettent pas de déterminer lequel des deux tirs est susceptible d’avoir atteint" Abdelkarim Y., puisque même en faisant défiler la scène image par image, "les projectiles ne sont pas visibles sur les enregistrements". Seuls de nouveaux éléments, ou les déclarations des policiers eux-mêmes, pourraient permettre d’identifier celui qui a causé la blessure.

Abdelkarim Y. dément toute participation aux émeutes survenues ce soir-là. "Je ne sais pas quel policier a tiré", déclare Abdelkarim Y. Quand le projectile l’atteint au visage, une caméra municipale montre qu’il "a un mouvement de tête en arrière" et tombe à genoux une fraction de seconde, devant le magasin Boulanger. Il se relève, porte sa main à la tempe "en regardant en direction du tir" et reprend sa course, rue Francis-Davso. Les marins-pompiers de Marseille le prennent en charge à 00h17, à quelques dizaines de mètres de là, et le conduisent à l’hôpital.

Quatre affaires de violences policières à Marseille

Après la mort de Nahel le 27 juin dernier, tué par un policier lors d'un contrôle routier, des émeutes urbaines ont éclaté partout en France et pendant plusieurs soirs d'affilée. Plus précisément, dans la nuit de vendredi 30 juin au samedi 1er juillet à Marseille, 95 personnes ont été interpellées et 31 policiers ont été légèrement blessés. De nombreux magasins ont également été pillés. Des renforts de gendarmerie avaient alors été envoyés en appui des policiers.

Les émeutes de juillet à Marseille ont déclenché quatre enquêtes pour des faits de violences policières, dont trois pour des faits qui se sont produits dans la nuit du 1er au 2 juillet. Outre les coups reçus par Otman, la mort de Mohamed Bendriss, 27 ans, les blessures de son cousin Abdelkarim Y., 22 ans, éborgné après un tir de LBD, et celles d'Hedi, qui a eu le crâne amputé, devront être élucidés par l'IGPN. Dans cette dernière affaire, le policier suspecté a été remis en liberté le 1er septembre.

Au total, une dizaine de policiers sont poursuivis dans le cadre de quatre affaires de violences policières présumées lors des émeutes à Marseillefin juin, début juillet, après le décès du jeune Nahel, tué quelques jours plutôt par le tir d'un policier lors d'un contrôle routier à Nanterre en banlieue parisienne.

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