Du 18 au 24 novembre, Marseille accueille la 18e édition de ce rendez-vous, créé en 2006 pour mettre en lumière les réalisatrices des deux rives méditerranéennes.
Cinéma au féminin et cinéma du Sud : c’est ce double caractère qui fait la singularité des Rencontres Films Femmes Méditerranée. Un rendez-vous unique en Europe. Chaque année, il permet au grand public de découvrir la diversité et l'audace de réalisatrices, nouvelles et confirmées, et d’échanger avec elles, lors de projections, tables rondes ou leçons de cinéma. Voici cinq choses à savoir sur l’édition 2023.
50 films à l’affiche
Longs et courts métrages, fictions, documentaires… Pas moins de 50 films sont projetés cette année, dont 6 en avant-première. Une large palette qui reflète un cinéma "exigeant, souvent dérangeant, où se mêlent le drame et la comédie, l’intime et l’Histoire en mouvement" soulignent les organisatrices.
La programmation 2023 met en résonance la violence dans l’espace domestique et dans le monde professionnel, avec par exemple Machtat, de Sonia Ben Slama (Tunisie), Love is not an orange, de Otilia Babara (Moldavie), Les Chenilles, de Michelle Keserwany et Noel Keserwany (France) ou Achewiq, le chant des femmes courages, d’Elina Kastler (Algérie).
Mais elle fait aussi la part belle à l’amour, aux racines, aux liens familiaux : on citera notamment le récit bouleversant d’un premier amour à 48 ans dans Blackbird, Blackbird, Blackberry, de Elene Naveriani (Géorgie) ; l’histoire familiale que Lina Soualem explore dans Bye Bye Tibériade (Palestine) ; ou encore cet amour immense d’une mère pour sa fille dans Madame de Sévigné d’Isabelle Brocard (France), qui clôturera les Rencontres.
Si la Méditerranée est largement représentée, la programmation traverse bien d'autres pays tels que la Belgique, l’Angola, le Congo-Kinshasa, l’Ukraine ou encore Haïti…
Un focus sur le cinéma engagé et décolonial de Sarah Maldoror
Cette année, Films Femmes Méditerranée met à l’honneur une personnalité exceptionnelle, disparue en 2020. Lorsqu’elle réalise son premier film en 1968, Sarah Maldoror est l’une des premières femmes noires à oser le cinéma. Réalisatrice du cinéma dit "décolonial", elle signera une trentaine de films, poétiques et d’une grande qualité esthétique, qui composent une œuvre politique et engagée.
Au programme : une rétrospective partielle de son œuvre et la projection, en ouverture le 18 novembre, de Sambizanga (1973) en présence de sa fille, Annouchka de Andrade. Récompensé de nombreux prix, ce film a marqué de son empreinte l’histoire du cinéma sur le continent africain et l’histoire du cinéma tout court.
Des initiatives pour le jeune public
Une programmation dédiée aux jeunes spectateurs est proposée le 22 novembre : El After del Mundo, une fiction de Florentina Gonzalez - ce court métrage d’animation fait partie de la sélection des Césars 2024 - suivi de Bac à sable, documentaire de Charlotte Cherici et Lucas Azémar, qui sera projeté en présence de Charlotte Cherici.
Autre initiative : le jury lycéen·nes. Trois classes de lycées marseillais y participent. Après avoir visionné une sélection de courts métrages, les jeunes gens choisiront ensemble le film qu’ils souhaitent distinguer. Le nom de la réalisatrice lauréate sera annoncé lors de la soirée de clôture, le 24 novembre.
Un beau projet collaboratif pour aiguiser l’esprit critique de ces jeunes, leur permettre d’exprimer leur sensibilité à travers le visionnage et la discussion autour de films traitant de sujets sociétaux contemporains.
Un coup de pouce aux jeunes cinéastes méditerranéennes
Pour les aider à produire leur film, une journée professionnelle est organisée chaque année. 9 réalisatrices ont ainsi été sélectionnées à l’issue d’un appel à projets international : le 20 novembre, chacune pourra présenter son projet à 9 productrices, recueillir leurs avis et tisser des liens professionnels qui pourraient déboucher sur une collaboration future.
Le film Machtat - sélectionné à l’ACID Cannes 2023 - en est un bel exemple : sa genèse s'est construite lors de ces journées professionnelles. Il sera d’ailleurs projeté le 20 novembre au soir aux Variétés.
Un festival engagé et solidaire
Rendre la culture accessible au plus grand nombre, c’est aussi l'objectif de l’équipe organisatrice. Pour la première fois, une séance en langue des signes sera proposée le 20 novembre : grâce à une interprète, les personnes atteintes de déficience auditive pourront assister à la projection-débat de deux films inédits - Horkos de Marta Anatra, en présence de la réalisatrice et Euridice, Euridice de Lora Mure-Ravaud.
Côté tarifs, la gratuité est maintenue pour les jeunes de moins de 26 ans, les étudiants, les demandeurs d'emploi et les bénéficiaires de minima sociaux.
Enfin, tout au long de l’année, des actions sont menées en faveur de publics éloignés du cinéma, notamment des ateliers d'éducation à l’image, avec l’objectif de faire connaître le cinéma d’auteures et de déconstruire des idées reçues.
Films Femmes Méditerranée, à Marseille du 18 au 24 novembre 2023 puis en région.