Boosté par la crise des prix des carburants à l'automne dernier, le covoiturage devrait encore prendre de l'essor en 2023. C'est le souhait en Paca. La région lance une étude sur son plan de service régional de covoiturage alors que l'Etat propose un bonus de covoiturage de 100 euros.
Plus pratique que l'autostop de leurs aînés, le covoiturage séduit de plus en plus les jeunes pour leurs déplacements occasionnels... En 2022, la crise des carburants a été pour un certain nombre de Provençaux l'occasion d'expérimenter pour la première fois ce mode transport.
En 2023, la région Provence Alpes Côte d'Azur lance une étude sur un "plan de service régional du covoiturage" afin d'encourager ce mode de transports alternatif pour les déplacements du quotidien.
Au niveau national, 70 % des trajets domicile-travail se font en voiture et 3 % seulement en covoiturage. Un constat qui vaut sans doute pour une ville comme Marseille, il n'est qu'à voir l'intérieur des voitures sur les grands axes d'accès à la cité phocéenne aux heures de pointe...
Un énorme potentiel de "sièges vides"
"Nous avons la volonté d'utiliser le gisement des "sièges vides" qui sont dans les voitures qui circulent", explique Jean-Pierre Serrus, le vice-président de la région, en charge des transports et de la mobilité durable, "et on veut réfléchir de manière globale à l'échelle des six départements de la région pour nos 5 millions d'habitants à ce qu'il conviendrait de faire pour développer un service régional favorisant le covoiturage".
Voies dédiées au voiturage, parkings... le projet n'en est qu'au stade de la réflexion globale pour la région, autorité organisatrice des mobilités, laquelle rappelle par ailleurs qu'elle n'est ni propriétaire ni gestionnaire des voies et parkings, qui relèvent de la compétence des métropoles, départements, communes et intercommunalités.
Cette étude, qui devrait déboucher sur des propositions concrètes d'ici la fin de l'année, concerne aussi bien les besoins en infrastructures que la mise en relation des conducteurs avec les usagers potentiels du covoiturage, les outils pédagogiques pour gagner de nouveaux adeptes, ou encore l'accompagnement des employeurs.
"On veut convaincre ceux qui ont des sièges vides disponibles qu'il y a des intérêts et que c'est vertueux de covoiturer, et puis surtout, on veut que des gens qui utilisent leur voiture aujourd'hui ne l'utilisent plus parce qu'il y aura des possibilités plus aisées pour le covoiturage", explique Jean-Pierre Serrus.
Les urbains autour des grands centres d'activité d'Aix-Marseille, Nice ou Toulon très engorgés ne sont pas les seuls visés. "Ce ne sont pas les seuls endroits, où il y a un vrai intérêt sur le covoiturage. Quand on est dans des zones plus rurales ou montagneuses aujourd'hui, ce n'est pas très simple d'organiser les transports collectifs de type autocars et on peut créer de l'offre au travers de véritables lignes de covoiturage dit "du quotidien", notamment sur les trajets domicile travail avec la mise en relation de personnes qui font tous les jours le déplacement", souligne le vice-président de la région Provence Alpes Côte d'Azur.
"Avec le changement climatique, le coût des carburants, il y a un attrait aujourd'hui pour le covoiturage et le partage des frais comme de l'organisation du trajet en véhicule personnel", ajoute-t-il.
Les exemples de Lyon et Grenoble
D'ailleurs depuis 2020, les projets se multiplient en France. Les agglomérations de Grenoble et Lyon ont ainsi pris de l'avance en réaffectant les voies de gauche au covoiturage. Dans l'aire grenobloise, le contrôle du respect de la voie réservée se fait avec des radars fixes installés sur différents tronçons sur A48, comme sur les portions nord et sud des autoroutes métropolitaines lyonnaises (l'ancienne A6-A7).
A Lyon, la voie est réservée au covoiturage les jours de semaine, du dimanche soir minuit au vendredi soir minuit, ce qui est signalé par un panneau lumineux avec un losange blanc. Le week-end, la voie de gauche redevient ouverte à tous.
Ces radars permettent de compter le nombre d’occupants dans chaque voiture empruntant les voies de covoiturage. Ces contrôles radars sont pour l'heure pédagogique et n'entraînent aucune verbalisation mais si un contrevenant est pris en flagrant délit par les forces de l'ordre, il risque une amende de 135 euros.
Le bonus de l'Etat
Autre mesure pour encourager le partage de véhicule, à partir de ce mois de janvier 2023, les conducteurs qui se lancent dans le covoiturage recevront une prime de 100 euros, rappelle le ministère de l'Economie et des Finances sur les réseaux sociaux.
Ce bonus gouvernemental sera versé aux nouveaux inscrits sur une plateforme de covoiturage (Blablacar, Karos, Klaxit) sous certaines conditions.
Multiplier les trajets de covoiturage par trois
25 euros seront versés directement par la plateforme lors du premier trajet, les 75 euros restant si vous effectuez neuf trajets dans les trois mois, en tant que conducteur ou conductrice. Pour être éligibible, il faut aussi effectuer des trajets de plus de 80km avec au minimum un passager.
50 millions d'euros du Fonds Vert du ministère de la Transition écologique aideront les collectivités qui soutiennent le covoiturage pour fluidifier les déplacements, qu'il s'agisse d'aménagement de voies dédiées ou d'aires de covoiturage.
L'objectif de l'Etat est de passer de 900.000 trajets de covoiturage/jour actuels à 3 millions de trajets, en vue de réduire de 4,5 millions de tonnes de CO2/an.
Selon, l'Agence de la Transition écologique ADEME, le covoiturage peut permettre une économie de 2 000 € par an pour un usager habitant à 30 km de son lieu de travail et covoiturant quotidiennement.
Au niveau national, à l'heure actuelle, 70% des déplacements domicile-travail sont réalisés en voiture et seulement 7 % en moyenne des actifs covoiturent pour accéder à leur emploi dans les grands pôles d’activités.