Depuis ce mercredi 23 octobre, la communauté Emmaüs de Marseille Pointe-Rouge vend au public une partie des meubles du Village olympique installé en Seine Saint-Denis pour les JO. Des lits, des étagères, des oreillers quasiment neufs, proposés à tout petit prix. Au bénéfice des compagnons, et des personnes aidées, de plus en plus nombreuses
Devant le bric-à-brac de la communauté Emmaüs de Marseille Pointe-Rouge, la vaste cour disparaît sous des dizaines de tables, de chaises, de chevets, d'étagères, de lits et de matelas, Des centaines d'articles d'ameublement, "peut-être davantage, il y en a tellement, on est incapable de compter" se réjouit Karim Fassatoui, qui dirige la communauté locale.
Un premier camion pour Marseille
Les bénéficiaires aidés de quelques bénévoles ont mis la matinée pour décharger le camion de 10 tonnes arrivé dans la nuit. "Un premier, mais il devrait y en avoir d'autres à venir" précise le directeur.
Le mobilier du Village olympique, presque neuf
54 000 meubles, dont 9 000 matelas ou encore 11 000 oreillers. Les communautés Emmaüs partout en France reçoivent depuis quelques jours l'ensemble des objets qui ont meublé durant quelques semaines les appartements des athlètes dans le village olympique en Seine-Saint-Denis lors des Jeux.
Une fois les épreuves terminées, le mobilier est offert et livré à Emmaüs par le Comité d'organisation, dans le cadre de sa stratégie globale d’économie circulaire de Paris 2024. Une première dans l'histoire des Jeux. Tout sera vendu au public au profit des communautés.
Tout à 10 ou 20 euros
À Marseille, Emmaüs a choisi de faire simple. Et mieux qu'abordable. Pour le mobilier des JO, tout est à 10, ou 20 euros, selon les pièces. C'est parfois 5 à 10 fois inférieur à la valeur d'origine. Un choix assumé du directeur de la communauté, afin de "coller au pouvoir d'achat de population locale".
On connait les moyens, et aussi les besoins de nos clients locaux. On sait ce que pauvreté veut dire
Karim Fassatoui, directeur d'Emmaüs Marseille Pointe-Rouge
Les prix mini permettront aussi de vendre plus vite. "Car nous n'avons aucune capacité de stockage, tout doit disparaître vite" se justifie Karim Fassatoui. Au milieu de ces centaines d'objets, une dizaine de jolis poufs de repos couleur vieux rose, dont on devine qu'ils ne feront pas long feu. Ce sont les seules pièces du Village olympique vendues au-dessus de vingt euros.
Les poufs, on les a mis à 25 euros. Ça reste "un prix d'ami", les communautés de Paris les vendent le double
Karim Fassatoui, directeur d'Emmaüs Marseille Pointe-Rouge
La cible ? Les familles et les collectionneurs
Du beau, quasi-neuf, et pas cher. La vente ouverte depuis mercredi 23 octobre au 110 Traverse Parangon à Marseille devrait ravir les familles refroidies par les prix actuels du marché. "Nous avons tout pour équiper la chambre d'un étudiant en colocation" avance Karim Fassatoui. Mais il s'attend aussi aux visites de collectionneurs intéressés pour se meubler " à la mode JO".
Contre la précarité, un don qui tombe à pic
"Vous n'avez pas idée de la précarité actuelle" se désole le directeur d'Emmaüs Marseille Pointe-Rouge. L'argent de la vente des "meubles JO" va renforcer le budget de fonctionnement de la communauté qui héberge et nourrit 70 compagnons. Il offrira aussi un répit face à l'explosion des demandes de secours, que ce soit sous forme de colis alimentaires, ou d'hébergement d'urgence de personnes à la rue. "J'ai 10 demandes par semaine, deux encore ce matin. J'ai dû les refuser faute de places disponibles" confie le directeur.
Les chaises des para athlètes pour les blessés libanais
Dans le lot reçu ce mercredi, les bénévoles de la communauté ont également trouvé une quinzaine de chaises adaptées aux personnes en situation de handicap, utilisées lors des Jeux paralympiques. Les responsables marseillais ont décidé de ne pas les vendre, et de les réserver aux blessés de guerre à Beyrouth, grâce à un partenariat avec l'armateur CMA CGM. "Pour les victimes libanaises, les besoins sont immenses", explique Karim Fassatoui, qui lance déjà un appel public aux dons afin de participer à leur acheminement.
Des meubles dans les hébergements d'Emmaüs
Au-delà du don aux communautés, Emmaüs recevra aussi gratuitement du mobilier destiné à équiper dans toute la France ses hébergements d'urgence et pour personnes en précarité. "Nous avons prévu un nombre de meubles en fonction de nos besoins sur les trois ans à venir" explique Amélie Desprez, responsable communication d'Emmaüs Défi. L'association était en lien avec le fabricant avant même les Jeux Olympiques, pour adapter le mobilier à ses besoins.
Entre 2500 et 4000 ménages résidents de nos hébergements bénéficieront du mobilier des JO"
Amélie Desprez, responsable communication d'Emmaüs Défi
Les objets des athlètes bientôt dans les "braderies des Jeux"'
Uniformes, gobelets, drapeaux, serviettes utilisées par les athlètes. Il y en aura pour tous les passionnés et les nostalgiques des Jeux, à l'occasion des "braderies des" Jeux proposées par le Comité d'organisation. Après Rouen, Rennes ou Vichy, les collectionneurs de la région Sud peuvent espérer qu'une ville proche leur permette de s'offrir un souvenir.