Éoliennes offshore, giga-usine photovoltaïque, port center... le Grand port maritime de Marseille est placé sous le signe de la transformation. Retour sur quatre dossiers phares qui font l’actualité.
Énergies renouvelables, transition écologique et protection de la Méditerranée et du patrimoine, autant de préoccupations environnementales qui semblent s'ancrer peu à peu dans le Grand port maritime de Marseille. En surface, les remous de sa transformation masquent ces sujets éminemment politiques, que sont la souveraineté en matière d’énergie et la décarbonation de l’économie.
Emmanuel Macron en déplacement dans la cité phocéenne le 28 juin 2023 avait pointé les enjeux énergétiques, avec, dans le viseur, une décarbonation du site. "Il faut penser en réconciliant ces trois grands axes fondamentaux : la souveraineté, la réindustrialisation et l'écologie", avait déclaré le chef de l'État. France 3 Provence-Alpes fait le point sur les quatre projets qui participent à cette "transformation verte".
Carbon, "reconnu d'intérêt national majeur"
Carbon est un projet d'implantation d'une giga-usine à Fos-sur-Mer, labellisé par le gouvernement Projet d'intérêt national majeur (PINM), le 5 juillet 2024. Ce nouveau statut, né de la loi relative à l'industrie verte d'octobre 2023, permet à des projets industriels d'envergure, revêtant une importance pour la transition écologique ou la souveraineté nationale, de bénéficier de mesures d'accélération ou de dérogation administrative.
"Les panneaux solaires Carbon seront produits de A à Z depuis la transformation du silicium, jusqu'aux modules", promet Carbon Solar, la start-up lyonnaise à origine de cette "gigafactory".
Avec un investissement de 1,7 milliard d’euros, ce site installé sur le port de Fos, est promis à devenir le numéro un en Europe, dans le domaine de l’industrie photovoltaïque, avec 3000 emplois à la clé. Objectif : produire en France plus de 10 millions de panneaux solaires par an et permettre à l'Europe de s'affranchir de sa dépendance à l’importation, en totalisant cinq gigawatts (GW) de puissance.
Cette usine sera la "réponse française" à la question "comment sortir de la dépendance à la Chine sur les panneaux solaires, et demain à l'Inde et aux États-Unis ?", estime le président de Carbon, Pierre-Emmanuel Martin. Sa mise en service est programmée pour fin 2026, avec un lancement des travaux attendus à l'été 2025.
Déos, une plateforme de construction d'éoliennes
Alliance du gigantisme et de la haute technologie, une plateforme de construction d'éoliennes doit être livrée, en 2028, dans le port de Fos-sur-mer. Baptisée Déos, pour Développement de l’éolien offshore, cette plateforme globale de 80 hectares, sur terre, sera complétée de zones de stockage de 50 à 60 hectares, à flot, et permettra "la fabrication des flotteurs en béton ou en acier, l'assemblage de l'éolienne, jusqu'au système d'ancrage et à la maintenance", a précisé à l'AFP le président du directoire du port, Hervé Martel, mardi 1ᵉʳ octobre.
Construire des éoliennes flottantes, consiste à immerger des immeubles de béton pour aller ensuite poser une tour Eiffel dessus.
Hervé Martel, président du directoire du port de MarseilleAFP
Déos requiert 550 millions d’euros d’investissement et doit générer 2000 emplois. De quoi surclasser le parc éolien pilote "Provence grand large" et ses trois éoliennes, mis en service en mai 2023. Selon René Raimondi, maire (divers gauche) de Fos-sur-Mer, ces projets "ramènent Fos vers une destinée nouvelle, plus verte". Mais il rappelle que la zone industrialo-portuaire (Zip) de Fos est déjà fortement impactée par les nuisances et se dit " vigilant aux problèmes de voisinage" que peut poser ce futur parc éolien flottant.
La concertation préalable sur le projet Deos, Développement de l'éolien offshore aura lieu du 14 octobre au 23 décembre.
— Ville de Fos-sur-Mer (@villedefos) October 2, 2024
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La plaquette de présentation prévient que le projet sera "potentiellement émetteur de polluants atmosphériques" et pourrait générer "une augmentation du niveau acoustique et vibratoire", sur terre et en mer, impactant les espèces et habitats naturels.
Le port de Marseille-Fos va donc impulser une concertation ouverte à tous, et spécifiquement aux habitants de la zone, du 14 octobre au 23 décembre 2024.
Port center, "un lieu totem" dédié au patrimoine
Promis par le Port de Marseille pour le printemps 2024, le "Port center" sera finalement inauguré ce jeudi 3 octobre dans la gare maritime de la Major, à côté du Mucem. Le lieu aura pour vocation de proposer au public des animations, des expositions et des visites autour des activités maritimes et portuaires.
À l'instar de celui du Havre, le Port Center de Marseille est un lieu totem pour le Grand port maritime de Marseille (GPMM) qui entend "symboliser son ouverture sur la ville", en abordant des sujets parfois lointains tels que le transport des marchandises, le commerce international, les métiers portuaires ou l’intégration du port dans la ville.
Le concept de « Port Center » est un label attribué par l’Association Internationale des Villes Portuaires (AIVP). De nombreuses cités à travers le monde ont ainsi ouvert leurs ports au public : Anvers (Belgique), Vancouver (Canada), Bilbao (Espagne), Gènes (Italie), Ashdod (Israël)…
À terme, le Port center de Marseille pourrait déménager pour rejoindre le futur siège social du GPMM en 2028, ce nouveau "navire amiral" qui sera installé quai de la Joliette et qui porte le nom de projet "Phare".
Pour valoriser le patrimoine maritime, l’ancienne consigne sanitaire, située au pied du fort Saint-Jean et fermée depuis une dizaine d’années, devrait se transformer prochainement en un tiers-lieu dédié aux métiers de la mer.
Odysseo, un hub du développement durable
Serpent de mer ? Le projet Odysseo, dédié à la préservation de l’écosystème méditerranéen, faisait partie des annonces du président de la République en septembre 2021 à Marseille, dans le cadre du Plan Marseille en grand.
Annonce à #Marseille par @EmmanuelMacron du lancement d'#Odysseo, porté par @FrancoiseNyssen, @fonviellec et @Studio_Ora_Ito : un lieu majeur d’éducation et de sensibilisation dédié à la protection de l’environnement méditerranéen pic.twitter.com/LilooQ3j1P
— neede . Méditerranée (@neede_med) September 2, 2021
Odysseo est voué à s’installer dans l’ancienne gare maritime et sa friche de 6700 m², inutilisés depuis l’arrêt de son exploitation. Ce sera un espace dédié à la protection, la sensibilisation et la découverte de l’environnement méditerranéen, porté par l’association Neede, présidée par l'ancienne ministre de la Culture Françoise Nyssen.
L'ambition affichée est de "transformer Marseille et sa région en un hub euro-méditerranéen du développement durable" et faire de la cité phocéenne "la capitale de la Méditerranée en transition".
