Entre la Métropole qui estime qu'il faudra huit jours pour venir à bout des poubelles qui encombrent les rues de Marseille et les associations qui jugent que ce sera plutôt trois semaines, qui croire ? Les habitants sont appelés à se mobiliser pour nettoyer leur ville.
La grève des éboueurs - la troisième depuis quatre mois à Marseille - est terminée et le mistral est tombé. Les déchets ne finiront peut-être pas à la mer comme l'automne dernier.
Mais après plus de 15 jours d'arrêt des bennes, les poubelles se sont accumulées dans les rues de Marseille.
À ce jour, la Métropole Aix Marseille Provence, en charge de la collecte des déchets ménagers, estime qu'il reste 2.000 tonnes à collecter, auxquelles viennent s'ajouter les quelque 1.000 tonnes de déchets produites par les Marseillais quotidiennement.
Combien de temps faudra-t-il pour tout ramasser ? La réponse varie. La Métropole espère un retour à la normale sous huit jours. Pour y arriver, il faudrait ramasser chaque jour un quart de plus de déchets qu'habituellement.
Heures sup et camions du privé en renfort
Un jour "normal" à Marseille, les éboueurs ramassent 1.000 tonnes d'ordures ménagères, selon Yves Moraine. Avec la levée des piquets de grève et le recours au privé, le vice-président métropolitain en charge du dossier a affirmé mercredi avoir "commencé très fortement à taper dans le stock qui était passé de 3.000 tonnes il y a huit jours à 2.000".
Patrick Rué, représentant de Force ouvrière (FO), le syndicat majoritaire à la ville et à la métropole juge aussi que huit jours devraient permettre de venir à bout des poubelles à Marseille, même s'il souligne que cela prendra plus de temps de ramasser les sacs qui débordent des containers, jonchant trottoirs et chaussées.
Une soixantaine de camions vont reprendre leurs tournées jeudi soir. Les agents feront des heures supplémentaires, précise-t-il encore, avec l'appui d'agents du privé.
Une carte interactive des collectes citoyennes
Huit jours pour tout nettoyer selon la métropole et FO ? Ce serait plutôt deux à trois semaines, selon Clean My Calanque.
"Il y a des déchets partout, ils se sont envolés, ils sont éparpillés, constate amère Isabelle Poitou, fondatrice de l'association Mer et Terre, quid de la qualité du travail qui sera effectué, est-ce qu'ils vont faire ça à la va-vite, est-ce que ça ne va pas se réenvoler s'il y a du vent?"
"C'est un dysfonctionnement qui existe en dehors des grèves, rappelle Isabelle Poitou, on est là parce qu'il y a un problème de déchets sauvages diffus depuis des années. La grève n'a fait qu'aggraver la situation".
Dès le mois d'octobre, les associations se sont mobilisées avec des brigades d'intervention pour agir en urgence en fonction du vent et de la météo afin d'éviter que ces déchets ne finissent à la mer.
Face à cette nouvelle crise, les associations rassemblées au sein d'un collectif appellent les habitants à se mobiliser. "On lance une grande campagne de sensibilisation auprès des Marseillais pour leur dire, arrêtez de jeter vos déchets n'importe où!", explique Isabelle Poitou.
L'opération s'intitule "Pas de déchets à Terre = Pas de déchets en Mer".
"Aidez-nous à garder ces déchets dans des sacs, bien fermés. On met à disposition une carte interactive des points de distribution de gants et de sacs poubelle pour les Marseillais les plus courageux, volontaires et bienveillants qui voudraient bien donner un coup de main pour empêcher que les déchets descendent à la mer avant que les services métropolitains n'aient enfin régulé la masse de déchets qui sont toujours dans les rues", explique Isabelle Poitou.
10.000 sacs et gants fournis par la mairie
La mairie de Marseille apporte son soutien en mettant à disposition les 18 points de distribution (mairies de secteur, bibliothèques ou piscines) ainsi que 10.000 sacs et paires de gants.
Les associations organisent par ailleurs deux opérations de nettoyage les dimanches 6 et 13 février.
En parallèle, depuis mardi, la mairie de Marseille a fait intervenir des camions du privé pour accélérer le nettoyage des rues et "garantir la salubrité".
Le maire Benoît Payan a assuré qu'il maintiendra ce dispositif exceptionnel jusqu'au retour à la normale.
Lors de la première grève des éboueurs marseillais en octobre dernier, des centaines de tonnes de déchets non ramassées avaient été déversées sur les plages du Prado par les fortes pluies.