Pollution liée au trafic routier : Marseille ville la plus irrespirable de France

Le Réseau action climat France, Greenpeace France et UNICEF France publient un rapport avec un classement des 12 plus grandes agglomérations françaises sur leurs efforts pour lutter contre la pollution de l’air liée au trafic routier. Sans surprise, Marseille arrive à la dernière place.

Le classement passe au crible des enjeux clés : mise en place de zones à faibles émissions (ZFE), sortie du diesel et de l’essence, politique pour réduire la place de la voiture, aides financières pour changer de mode de transport ou de déplacement, développement du vélo et des transports en commun, et enfin, mesures spécifiques pour un public plus vulnérable, les enfants.

La conclusion est sans équivoque. Entre 2014 et 2019, si aucune des grandes villes françaises ne va aujourd’hui assez loin pour protéger efficacement ses habitants de la pollution de l’air, Marseille fait figure de très mauvais élève, bonne dernière sur les 12 villes sondées.

Paris première, Marseille dernière

Trois grandes agglomérations se distingue : Paris, Grenoble et Strasbourg, tandis que ce sont trois villes du sud-est de la France qui ferment la marche : Montpellier, Nice et Marseille.

L'agglomération marseillaise est dans le rouge, que ce soit sur l’abandon du tout-voiture, le développement du vélo, l’offre et l’usage des transports en commun, ou la protection des enfants face à la pollution de l’air.

Si des efforts ont été réalisés pour la piétonisation, la création de nouvelles pistes cyclables et l’extension de son réseau de transports en commun, Marseille n’a pas comblé son retard vers l’abandon du tout-voiture, souligne l'étude.

Bonne nouvelle tempère les trois organismes : la métropole marseillaise travaille sur un projet de zone à faibles émissions pour limiter la circulation des véhicules polluants dans la ville, mais dont l’ambition reste floue à ce stade… Dont acte.

Au final, sur les six critères retenus par les associations pour effectuer ce classement, la ville de Marseille prend un carton rouge, sauf en matière d'aides financières à la transition où elle obtient un "timide" peut mieux faire.

Ces aides permettent aux habitants d’acheter des véhicules moins polluants, ou, mieux, d’évoluer vers d’autres modes de transport que la voiture individuelle.

A ce titre, Marseille a bien mis en place des aides au changement de véhicule ou au changement de moyen de transport, mais celles-ci sont encore trop limitées dans leur nombre, souligne l'étude.

Toujours trop de véhicules polluants

Moins de voitures et surtout moins de véhicules polluants. C'est une obligation fixée dans le cadre de la loi d’orientation des mobilités, adoptée par le Parlement.

Les élus locaux doivent s’engager à mettre en oeuvre des zones à faibles émissions (ZFE) qui permettent d’exclure progressivement les véhicules polluants de la circulation.

Sauf que pour Marseille, la mise en place de ZFE est encore à l’étude, sans grande clarté sur le type de véhicules et le périmètre géographique qui seront in fine concernés, et encore moins sur l’ambition du dispositif (sortie du diesel et de l’essence).

Mais il va falloir faire vite. Au même titre que Nice, Marseille a l'obligation d'établir des ZFE d’ici à la fin 2020...

La voiture prend trop de place 

Trois mesures ont été prises en compte pour évaluer la politique des villes dans ce domaine : la généralisation des zones limitées à 30 km/h, l’instauration de zones à trafic limité où seuls sont autorisés à circuler les résidents, commerçants et les transports en commun et l’introduction de nouveaux plans de circulation pour réduire le trafic routier.

Le constat est sans appel pour Marseille. Si quelques rues ont bien été piétonnisées et autant de zones de circulation apaisée mises en place, aucun axe structurant n’a été fermé à la circulation, aucune zone à trafic limité n’a vu le jour en cinq ans.

La baisse des vitesses de 50 à 30 km/h a été réservée à quelques zones, sans être généralisée. Bien au contraire dénonce l'étude.

Les pouvoirs publics ont décidé de conforter l’usage de la voiture en construisant une nouvelle rocade urbaine, la fameuse L2, malgré une multitude de problématiques à résoudre (congestion, bruit, stationnement, pollution, etc.).

Il va falloir se mettre au vélo

Moyen simple, pratique et rapide de se déplacer, alors que la moitié des trajets effectués en ville représentent moins de 3 km.

Les avantages du vélo ne sont plus à démontrer et quel que soit la ville française concernée, aucune n'arrive à tutoyer des métropoles plus exemplaires à l’étranger, comme Amsterdam, Copenhague ou Malmö.

Le retard accumulé par la ville de Marseille fait là aussi figure de mauvais exemple. Le centre-ville de Marseille et la métropole accusent un retard immense à rattraper en matière de politique cyclable, explique l'étude.

Malheureusement, peu de travaux ont été entrepris ces cinq dernières années.

Une petite “vélorution” pourrait néanmoins voir le jour dans la cité phocéenne et ses parages. La métropole Aix-Marseille-Provence vient en effet de débloquer, avec le Département des Bouches-du-Rhône, 100 millions d’euros pour les cinq ans à venir et souhaite atteindre les 250 kilomètres de voies destinées aux vélos d’ici à 2024. A suivre.

Le développement transports en commun

L'agglomération marseillaise se démarque négativement, indique l'étude. Pas assez de voyages au nombre d'habitants, pas de véritable tarification solidaire et un faible nombre de places kilomètres offertes (places disponibles en transport en commun au km, ndlr) : moins de 4000 PKO/habitant à Marseille en 2016.

Néanmoins, souligne l'étude des progrès méritent d’être relevés. À Marseille, trois lignes de bus à haut niveau de service (BHNS) ont été ouvertes.

Mais l’endettement et des projets dispendieux en faveur de l’automobile brident la politique en faveur des transports en commun, alors que la ville-centre, très étendue, ne compte à l’heure actuelle que deux lignes de métro et trois lignes de tramway.

Enfin, les lignes de bus qui desservent la périphérie sont souvent prises au piège des embouteillages.

Ceux qui toussent le plus, les enfants

Plusieurs études ont prouvé que les enfants sont très exposés à la pollution sur le chemin vers l’école, qu'il soit passager d'une voiture, à pied ou à vélo.

Les relevés dans les cours des établissements et dans les salles de classe attestent de la présence de dioxyde d’azote et de particules fines, indique l'étude.

Et là encore, c'est un carton bien rouge pour la métropole d'Aix-en-Provence Marseille. Aucun engagement n’a été pris à ce jour afin de limiter la circulation de véhicules aux abords des écoles et/ou afin de développer les mobilités actives chez les plus jeunes.

Des projets de pédibus ont été mis en place sur la commune d’Aix-en-Provence, mais ils ont été arrêtés. Et depuis, aucun projet n'a vu le jour. 

L’analyse cartographique menée par Greenpeace France à l’échelle de Marseille et de ses communes périphériques montre que plus de la moitié des écoles et crèches se situent à moins de 200 mètres d’une zone où la pollution de l’air au dioxyde d’azote dépasse le niveau légal.

Pire, pour une école ou une crèche sur cinq, le niveau légal de pollution au dioxyde d’azote est dépassé à moins de 50 mètres de l’établissement.

On s'en doutait mais là plus moyen d'y échapper. La lutte contre la pollution liée au trafic routier sera l'un des enjeux à relever pour les candidats aux élections municipales à Marseille. 
 
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