Rendre l'audition aux plus démunis, c'est la mission d'Audition Solidarité. Cette association récupère, recycle et réadapte gratuitement les appareils auditifs pour les personnes en grande précarité, en France et à l'étranger.
C'est un grand jour pour Nadya et son petit garçon. Pour la première fois, depuis longtemps, cette maman de 32 ans perçoit à nouveau les sons. "Je suis très heureuse de pouvoir bénéficier de ces appareils. Maintenant, je peux entendre mon fils parler." Au 318 rue Saint-Pierre, dans le 5ème arrondissement de Marseille, Nadya vient tout juste d'être appareillée par l'équipe de l'association Audition Solidarité. Mardi 27 et mercredi 28 février, 12 professionnels de santé, médecin ORL, audioprothésistes et orthophonistes vont équiper des personnes sourdes et malentendantes, bénéficiaires de l'Aide médicale d'Etat ou sans couverture sociale.
Nadya est arrivée d’Arménie. Cette jeune maman souffre d'une surdité partielle. "Elle a eu un cancer il y a cinq ans et depuis son opération, elle n'entend plus comme avant", nous traduit Youra, son petit garçon de 10 ans, qui l'accompagne. Quand sa mère parle, Youra, son petit garçon la regarde et l'écoute attentivement. L'émotion est forte. "Je suis très content et je suis très fier de l'équipe médicale car maintenant ma maman, elle pourra bien entendre", confie le petit garçon, les yeux remplis de larmes.
"Quand je mets l'appareil, je suis heureuse"
Depuis 2017, tous les six mois, l'association Audition Solidarité assure l'équipement et le suivi des appareils auditifs recyclés qu'elle propose. Sur le plateau de consultation, nous rencontrons Inès. Cette jeune femme de 24 ans souffre d’acouphènes. Elle est suivie par l’association. Aujourd’hui, elle revient pour faire contrôler son audition et changer son appareil auditif, tombé en panne.
Après quelques réglages, vient la phase de test et la question fatidique : "Est-ce que vous m'entendez bien, là ?". Le large sourire de la jeune femme témoigne de son soulagement. "Quand je mets l'appareil, je suis heureuse, et quand je l'enlève, je suis énervée parce que les acouphènes me donnent des maux de têtes. J'entends encore plus les enfants qui crient, ça me rend nerveuse", raconte Inès, bénéficiaire.
Inès repart enchantée de sa visite. Elle va pouvoir de nouveau écouter de la musique, téléphoner, regarder la télévision ou tout simplement prendre part à une conversation.
Un handicap invisible qui brise le lien social
"Il y a une désociabilisation qui se fait quand on perd l'audition. La personne se renferme, elle se coupe du monde, de ses enfants, de ses amis, de sa famille. Le fait de venir ici, de pouvoir être appareillé, de pouvoir entendre à nouveau, le lien se recrée et c'est magique !", explique Blandine Petit, adjointe de direction au sein de l'association.
Accueillies au secrétariat, les personnes suivent un véritable parcours de soin en 1 heure et demie chrono. Consultation ORL, audiométrie jusqu'à l'arrivée sur le plateau technique, pour certains patients qui devront être appareillés. Tout est fait sur place. Après la prise d'empreinte, les équipements sont ajustés au millimètre, en taillant le silicone à la main.
La quintessence de notre métier
"Ici on se retrouve dans l’essence même du métier, le côté commercial qu’on peut avoir est totalement occulté. On est vraiment concentré sur le patient, l’appareillage et ce que l'on peut leur apporter. On rencontre des personnes qui nous touchent énormément et on sait pourquoi on fait ce métier", confie Marine Coustet, audioprothésiste, membre de l'association.
Comme Nadya, qui peut enfin entendre son fils parler, 500 personnes sourdes et malentendantes ont été appareillées l’an dernier, en France, grâce à l’association Audition Solidarité. Leur prochaine mission humanitaire à Marseille aura lieu les 8 et 9 octobre prochain.