Il y a 50 ans, les femmes n'avaient pas le droit de participer à des courses longues distances. Un droit difficilement acquis et pas si vieux. Les discriminations persistent encore dans certains sports, pour dénoncer ces inégalités, le "mouvement 50" prend part à cette 43ème édition du Marseille-Cassis.
"Le mouvement 50" est une opération coup de poing pour dénoncer les inégalités entre les hommes et les femmes dans le milieu sportif.
Des inégalités qu'il a fallu combattre
Avant 1972, courir pour une femme en compétition était interdit.
En 1967, lors du marathon de Boston, Kathrine Switzer, s’inscrit en cachant son prénom, mais elle est vite repérée. Elle est bousculée en pleine course par des hommes qui ne voulaient de sa présence dont l'organisateur.
En 2016, elle revenait sur ce moment historique qui a fait les gros titres de toute la presse à l'époque.
"J'étais vraiment effrayée, j'avais un seul objectif, finir la course quoi qu'il arrive, mon petit copain a bousculé l'organisateur, il a été projeté loin derrière et j'ai pu terminer".
Elle avait 20 ans et c'était le Elle achèvera la course avec un temps d'environ 4 heures et 20 minutes. En 1972, quand le marathon de Boston s'ouvrira aux femmes, elle finira 3e des femmes.
50 femmes à part
Lors de cette 43ème édition du Marseille-Cassis, 50 femmes vont prendre le départ de la course avec 50 secondes de retard. Un chiffre symbolique qui fait référence au 50ème anniversaire de l’année où les femmes ont été autorisées à courir un Marathon. En effet, c’est seulement en 1972 lors du marathon de Boston que les femmes ont pu prendre le départ d’une course officielle.
Parmi ces 50 femmes, deux héroïnes aux parcours atypiques.
La première Fabienne Rai, elle a couru plus de 30 Marseille-Cassis mais surtout elle a remporté cette course à quatre reprises ( en 1979, en 1980, en 1982 et en 1986), dont la première édition en 1979 en 1h et 34 min.
Elle se sentait bien seule dans les premières années.
"Au fur et à mesure j'ai vu une très grande évolution, et cela fait plaisir parce que la femme a autant le droit de courir, de faire du sport", souligne l'athlète de 66 ans.
Un retard qui se reflète encore aujourd’hui : si l’accès au sport pour les femmes est désormais total, ces dernières se confrontent toujours à des barrières qui peuvent entraver.
20 ans séparent les deux femmes et elles partagent le même plaisir de se dépasser.
Aux côtés de Fabienne Ray, il y aura aussi une championne qui n'a pas froid aux yeux, Emma Clair-Dumont. Habitante de Cuges-les-Pins dans les Bouches-du-Rhône et 13ème femme a avoir gravi l'Everest, c'était le 12 mai dernier.
A 46 ans, elle n'en n'est pas à son premier défi, elle a gravit aussi le Kilimandjaro en 2009 mais aussi le Mont Blanc et l’Aconcagua.
Côté courses à pieds, elle a réalisé l'exploit de courir sept marathons en sept jours sur sept continents différents. C'était du 31 janvier au 7 février 2019. Elle fait partie des 39 femmes au monde à avoir réussi ce world marathon challenge.
Auparavant, la provençale a participé au marathon de New York en 2016 puis au marathon du pôle Nord, avec des températures de -37 degrès, en avril 2018.
Femme de défis, au mental d'acier, Emma Clair-Dumont reste stupéfaite du retard concernant l'inégalité de traitement entre hommes et femmes dans le sport.
"C'est quand même une aberration, car 50 ans c'est très court, à l'échelle de la planète, mais aujourd'hui enfin, et heureusement on a le droit de courir, on a le choix de courir, et puis on a la liberté de courir".
Mais si dans la course à pieds c'est réglé, dans le domaine de la voile, ce n'est pas encore le cas.
"L'America's cup par exemple qui va ouvrir seulement en 2024, la compétition à la population féminine. Donc forcément les pas se font, mais vous voyez, il y a encore beaucoup de choses à faire dans plein de domaines".
Au départ de la 43e édition Marseille-Cassis ce dimanche, il y aura 34% de femmes. Tout un symbole…