Le 3 Octobre 2021, dans la cité de la Bricarde, dans le 15e arrondissement de Marseille, des fonctionnaires de police de la Bac Nord se font tirer dessus à la kalachnikov. Un nouvel épisode de violence qui interroge sur la récurrence des faits en moins d'un mois.
Le dimanche 3 octobre 2021, vers 15h, des policiers de la Bac Nord de Marseille dans les Bouches-du-Rhône, ont été la cible de tirs à la kalachnikov. C'était lors d'une intervention sur un point de vente de drogue dans la cité de la Bricarde, située à côté de la Castellane dans le 15e arrondissement de Marseille.
Un jeune homme, probablement un vendeur, appelé charbonneur, est interpellé. Lors de l'investigation policière qui va suivre pour trouver des produits stupéfiants et d'autres personnes du réseau, des coups de feu vont retentir.
"D'abord en l'air et après quelques secondes ce sont en direction de nos collègues que les tirs sont dirigés, les impacts de balles de gros calibres le prouvent", détaille une source policière.
"Les tireurs vont même se déplacer et avancer vers les policiers tout en continuant de tirer", rapporte cette même source.
Lorsque les tirs se sont arrêtés, les policiers ont réussi à interpeller un des présumés tireurs.
"L'examen ballistique devrait confirmer ou infirmer sa participation", poursuit ce policier.
"Une enquête est ouverte et confiée par le Parquet de Marseille à la Police Judiciaire .
Vendredi 8 octobre, l'auteur présumé de ces tirs a été écroué", précise la Préfecture de police de Marseille.
Même jour, une heure plus tard
Près d'une heure plus tard, toujours le 3 octobre 2021, vers 16h30 à Campagne Lévêque, cité dans le nord de Marseille, quartier de Saint-Louis, dans le 15e arrondissement, lors d'une opération anti-drogue, nouvelle confrontation entre forces de l'ordre et présumés trafiquants de drogue.
Un guetteur a lancé "ce qui s'apparente à une herse artisanale pour ralentir la progression de nos collègues", explique un policier.
Le guetteur prend aussitôt la fuite et se réfugie dans un des bâtiments de la cité, vers lequel vont alors se diriger les policiers.
C'est à ce moment-là que sept individus, depuis les toits, vont lancer des boules de pétanque, des pierres et des fusées d'artifice sur les policiers.
Les deux équipages de la division Nord, soit huit policiers vont pouvoir repartir sans être blessés mais leurs voitures seront endommagées.
"Ces deux cités connues pour trafics font l'objet d'opérations de police quotidiennes, comme ailleurs à Marseille" souligne Frédérique Camilleri, préfète de police des Bouches-du-Rhône.
Des précédents
Vendredi 1er octobre 2021, alors que des policiers rentrent dans la cité de la Bricarde en plein après-midi, pour se rendre sur un point de vente de drogue, "ils trouvent anormale, l'absence de guetteurs", raconte une source proche du dossier.
Ils patrouillent et quand ils sont sur le point de repartir, "deux hommes cagoulés arrivent avec des armes de guerre chargées à seulement huit ou dix mètres en face", raconte un fonctionnaire de police.
BAC NORD MARSEILLE JOUR
— Rudy Manna (@RudyManna2) October 2, 2021
Opération Cité Bricarde
Étonnamment vide
Frontal avec tueurs qui venaient en découdre
N’ose pas tirer sur collègues quand ils s’en rendent compte .
Course poursuite , 2 interpellations , kalach chargée prête à tirer .
CORONES TIME MAIS AUSSI MIRACLE TIME pic.twitter.com/ArQiXwrKqw
"Quand ils se rendent compte que c'est la police, ils s'arrêtent et repartent dans l'autre sens. Ils seront rattrapés par les collègues et interpellés ".
Un mois auparavant, des policiers ont été attaqués, le lundi 6 septembre 2021, lors d'une opération anti-drogue à Frais Vallon, une cité du 13e arrondissement de Marseille. Le suspect qu'ils venaient d'interpeller a été libéré par la force après l'intervention de plusieurs personnes. Deux policiers avaient été blessés et hospitalisés.
Une escalade de la violence
Selon le syndicat de police Alliance, "cette escalade de la violence est proportionnelle au sentiment d'impunité qui règne chez les trafiquants de drogue".
Ce serait une des raisons qui expliquent que ces jours-ci, les face à face entre malfaiteurs et policiers se multiplient.
"Peut-être ausi parce qu'il y a plus de policiers présents dans les cités", concède le syndicaliste Rudy Manna.
"Il y a énormément d'interpellations tous les jours, mais on ne connait pas les suites, y a-t-il des sanctions assez lourdes?", s'interroge le policier.
Force est de constater que "la politique de pilonnage mis en place par la préfecture de police des Bouches-du-Rhône les contrarie fortement".
Cette façon de travailler, où les policiers de terrains sont appuyés par des colonnes de CRS qui encerclent les cités le temps des descentes de police, a été mise en place en janvier 2021.
" Mais on vide l'océan avec une petite cuillère", confie les policiers.
Pour eux , "la réalité d'aujourd'hui dépasse la fiction". Ils regrettent le départ des travailleurs sociaux, des services publics, que l'éducation nationale soit démissionnaire dans ces zones "que les braves gens soient obligés de vivre avec la loi des trafiquants qui ont vérouillé les cités, où les malfaiteurs sont plus armés que la police".
"J'étais d'ailleurs lundi (4 octobre 2021, ndlr) sur une opération de police au cours de laquelle j'ai pu constater la motivation intacte des effectifs. Enfin j'étais cette semaine à la division nord pour assurer les policiers de mon soutien et leur transmettre un message déterminé : aucune impunité pour les trafiquants et ceux qui attaquent la police", précise Frédérique Camilleri, préfète de police des Bouches-du-Rhône.
Contacté, le parquet de Marseille n'a toujours pas répondu à nos questions à cette heure.