L’octogénaire est décédée à Marseille le 2 décembre 2018 après avoir reçu en plein visage une grenade lacrymogène tirée par la police en marge d’une manifestation des gilets jaunes. Le policier auteur du tir a été mis en examen mi-septembre a appris l'AFP ce jeudi 28 novembre.
Le CRS auteur d'un tir de grenade lacrymogène qui avait touché mortellement Zineb Redouane fin 2018 à Marseille, a été mis en examen pour homicide involontaire, a appris l'AFP le jeudi 28 novembre de source proche du dossier et auprès de l'avocat de la famille de la victime, confirmant une information du Monde.
La mise en examen remonte au mois de septembre
Le policier a été mis en examen le 12 septembre, selon une source proche du dossier et l'avocat de la famille de la victime, par les juges chargés de l'instruction de cette affaire, dépaysée à Lyon depuis 2019 à cause de soupçons de collusion entre le parquet de Marseille et les policiers mis en cause.
"La justice savait depuis le début qu'elle devait mettre en examen ce policier, mais manquait de courage face à toutes les pressions qui ont existé dans le dossier", a déclaré à l'AFP Me Yassine Bouzrou, avocat des enfants de Zineb Redouane, "soulagés" mais "en colère" après avoir attendu six ans que le policier soit mis en examen.
Une préconisation de l'IGPN ignorée
Début décembre 2018 à Marseille, alors qu'elle se trouvait à sa fenêtre, au 4e étage de son immeuble, Zineb Redouane, 80 ans, avait reçu au visage des éclats de grenade lacrymogène tirée depuis la rue par la police qui tentait de disperser des manifestants durant l'acte III du mouvement des "gilets jaunes". Elle était décédée de ses blessures le lendemain Sa mort avait à l'époque suscité un vif émoi en France.
Un rapport d'expertise avait conclu en juin 2020 que le tir avait été effectué dans les règles (trajectoire en cloche) et l'avait atteinte accidentellement. Quelques mois plus tard, une contre-expertise indépendante avait contredit le premier rapport, validant la thèse d'un tir tendu, c'est-à-dire direct, strictement interdit face à un immeuble d'habitation, selon le règlement d'utilisation de l'arme.
Dans son rapport en 2021, l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) a estimé que le CRS avait bien réalisé un tir réglementaire, sans viser délibérément la victime, mais avait manqué à "l'obligation de discernement par une action manifestement inadaptée".
Dans les conclusions de son enquête administrative, l'IGPN préconisait un renvoi devant le conseil de discipline du CRS auteur du tir, ainsi que de son superviseur au moment des faits, recommandation qui n'avait pas été suivie en interne par la police nationale.