Municipales à Marseille : Michèle Rubirola largement en tête, Martine Vassal ne s'avoue pas battue

A Marseille, fief de la droite depuis 25 ans, l'écologiste Michèle Rubirola devance de huit points la candidate LR Martine Vassal. Mais elle ne dispose que d'une majorité relative qui rend incertaine l'élection du maire de la ville le 3 juillet.

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La vague verte qui a déferlé sur la France a balayé le Vieux Port dimanche. La candidate écologiste Michèle Rubirola est arrivée largement en tête du second tour à Marseille. Mais pour Martine Vassal, la partie n'est pas terminée. 

Dans la deuxième ville de France, la victoire ultime dépend des élections dans chaque secteur. Le Printemps marseillais en a remporté quatre, la droite trois, la sénatrice ex-PS Samia Ghali conservant le sien dans les quartiers nord. 

Tractations pour le 3e tour

Le médecin des quartiers Nord a déjoué tous les pronostics. Il y a quelques mois encore, la mairie semblait inaccessible à Michèle Rubirola, inconnue du grand public, choisie comme tête de liste du Printemps Marseillais.

"C'est une victoire relative pour nous, a concédé Michèle Rubirola, mais c'est une défaite pour la droite."

"Le scrutin ne nous livre pas un verdict clair" mais "sans doute faut-il y voir les derniers signes de résistance d'un système que la majorité des Marseillais ont rejeté," a-t-elle ajouté.

La candidate écologiste estime que "la droite n'est plus en mesure de gouverner", dénonçant un "système électoral par secteurs qui est un contresens démocratique".

La gauche est en capacité de revenir aux commandes de la ville qu'elle a dirigée 42 ans sous Gaston Defferre et Robert Vigouroux, mais pour prendre le fauteuil de Jean-Claude Gaudin elle doit concrétiser l'union autour de Michèle Rubirola, notamment avec Samia Ghali, au 3e tour de l'élection.

Martine Vassal veut encore y croire

Et la maire des 15-16 vendra cher son ralliement. "Ce soir, Marseille ne pourra plus se faire sans les quartiers Nord", a-t-elle prévenu.

De quoi redonner espoir à Martine Vassal. "Je n'ai pas perdu, ce soir il n'y a pas de majorité à Marseille", mais une "situation de blocage", a clamé la perdante, laissant présager une semaine de lutte d'influence acharnée d'ici à la première réunion du nouveau conseil municipal, fixé le 3 juillet.

La victoire semblait pourtant toute acquise à Martine Vassal, femme forte de la métropole et du département, adoubée par le maire sortant.

Même dans le fief "imperdable" de Jean-Claude Gaudin, le 4e secteur, la cheffe de file des Républicains, a subi une cuisante défaite. La candidate du Printemps Marseillais Olivia Fortin l'a dépassée de trois points, 42 % contre 39 %. 

C'est, selon elle, la conséquence de "l'entêtement d'un candidat sans envergure", l'ex-président de l'université Aix-Marseille, Yvon Berland (LREM).

La fin du règne de la droite à Marseille

Michèle Rubirola va-t-elle quitter ses patients pour soigner les maux des Marseillais ? S’y voit-elle vraiment dans le fauteuil de Jean-Claude Gaudin ? Elle a elle-même exprimé ses doutes lors de la venue d’Eric Piolle, le maire de Grenoble : "Moi, je ne sais pas, je ne suis pas prête", avait-elle reconnu.

Son succès au second tour est une surprise comme l’a été sa désignation à la tête du Printemps Marseillais. Le socialiste Benoît Payan se voyait déjà mener la bataille de la reconquête, mais les critiques l’ont conduit à renoncer.

A 63 ans, voilà donc Michèle Rubirola propulsée sur le devant de la scène nationale. Par un double exploit.  Elle est celle qui met fin à 25 ans de règne de la droite à Marseille. Elle est en position de devenir aussi la première femme à la tête de la deuxième ville de France.

Militante chez les Verts depuis 2002

La coalition gauche, écolo et citoyenne marseillaise a profité de la vague verte qui a gagné d’autres grandes villes comme Bordeaux, Strasbourg et Lyon.

Michèle Rubirola milite chez les Verts depuis 2002. Elle y est restée jusqu’à ce EELV la suspende pour son engagement dans le Printemps Marseillais.

Mais à Marseille, l’union de la gauche a surtout profité de la division de la droite, marquée par la candidature du sénateur LR Bruno Gilles, et des soupçons de fraudes aux procurations de la part de la liste LR qui ont entaché cette fin de campagne.   

Un troisième tour pour un fauteuil à la mairie

"Ce second tour de scrutin a confirmé la nette poussée à gauche" du premier tour, où les listes de l'union de la gauche de Michèle Rubirola avaient créé la surprise, doublant la droite de Martine Vassal, a convenu dans un communiqué le maire sortant Jean-Claude Gaudin, figure des Républicains à la tête de la ville depuis 1995.
   
Mais ce scrutin "n'a pas permis de dégager de véritable majorité pour désigner clairement mon successeur à la tête de notre ville", souligne-t-il.
Le scrutin à Marseille se déroule par secteurs et la majorité au suffrage populaire n'offre pas automatiquement de majorité au conseil municipal, qui doit élire le maire lors d'un "troisième tour", à bulletins secrets.

Martine Vassal siègera dans ce conseil municipal, mais sa défaite dans un 4e secteur, où Jean-Claude Gaudin a toujours été réélu au premier tour, affaiblit la droite et ajoute une inconnue quant au choix du maire de la deuxième ville de France.

Le Printemps marseillais remporte quatre secteurs : le 1er avec Sophie Camard, le 2e avec Benoît Payan, le 3e avec Michèle Rubirola et 4e avec Olivia Fortin. 

Les listes LR se sont imposées dans le 5e secteur, 6e et 7e repris au Rassemblement national par le général Galtier. La sénatrice Samia Ghali sauve sa mairie dans le 8e secteur. Le dissident LR Bruno Gilles se retrouve en position d'arbitrer le 3e tour.

Rompu aux joutes électorales, Jean-Claude Gaudin, figure tutélaire d'une droite jusqu'ici hégémonique à la ville, à la métropole, au département et à la région, laisse une droite en miettes, mais assure encore, lui aussi, que "rien n'est joué".

Avant de raccrocher les gants, à 80 ans, il a lancé, dimanche soir, un dernier appel du pied aux "onze élus des listes minoritaires d'hier", celles du dissident Bruno Gilles et surtout de Samia Ghali, sommés de choisir "entre la poursuite du développement de la ville et le repliement vers les errements du passé et le déclin".
 
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