La sénatrice Samia Ghali, victorieuse de son secteur au 2d tour des municipales préfère éluder le sujet en plaisantant. Et pourtant de source proche du Printemps Marseillais, on évoque des contacts établis à gauche pour l'élection du maire de Marseille, samedi. Et les négociations avancent vite.
Mais à quel jeu joue Samia Ghali ?
Mercredi matin, une source proche de l'écologiste Michèle Rubirola, candidate à la mairie de Marseille, a confirmé que des contacts étaient pris entre les deux femmes. Un échange de plusieurs sms aurait eu lieu.
Sauf que ce même jour, la sénatrice s'est montrée beaucoup moins claire, surprise par une des équipes de France 3 Provence-Alpes dans les rues de Marseille.
A la question de savoir si Samia Ghali était bien en contact avec le Printemps Marseillais, l'intéressée a préféré éluder la question sur le ton de la plaisanterie.
-"Tout le monde vous cherche à Marseille !"
-"Ah bon ? Vous m'avez trouvée vous !"
-"Et le Printemps Marseillais ?"
-"Ils ne sont pas malins alors..."
Sous-entendu, y-a-t-il eu contact? Nous n'obtiendrons pas plus de précisions.
Samia Ghali s'était pourtant déjà posée en arbitre du troisième tour, dimanche soir après sa victoire dans les 15 et 16e arrondissements avec les huit sièges remportés au conseil municipal.
"Marseille ne pourra plus se faire sans les quartiers Nord". C'est avec ces quelques mots que Samia Ghali résumait le poids de sa victoire dimanche soir.
386 voix de plus qui font d'elle l'arbitre tout désigné d'un troisième tour très disputé.
Un rôle qu'elle entend bien jouer, mais dans quel sens ?
Du côté du Printemps Marseillais, on s'interroge mercredi sur l'intérêt de ce double langage.
Dimanche soir, la situation semblait évidente : "Qui peut croire que Samia Ghali va, après avoir combattu la droite, s'être opposée 25 ans à Jean-Claude Gaudin, offrir sur le tapis vert à son héritière, la mairie de Marseille. Je connais trop Samia Ghali pour savoir qu'elle ne fera pas cette erreur politique", détaillait Benoît Payan candidat socialiste au Printemps Marseillais et maire des 2 et 3e arrondissements de Marseille.
Dans un communiqué mercredi, Michèle Rubirola a enfoncé le clou dans un appel à Samia Ghali et ses colistiers.
"Je souhaite qu’ils travaillent avec nous dans cette direction en partageant avec le Printemps Marseillais un projet qui assure un rééquilibrage de Marseille et de ses politiques publiques dans tous les secteurs".
Coup d'accélérateur à gauche
Les négociations auraient pris un coup d’accélérateur ce mercredi en fin de journée .Cette même source confirme l’échange de SMS entre les deux femmes et précise qu'"une demande de rendez-vous a été faite. Il devrait se tenir d'ici à vendredi".
Sur la table des négociations, Samia Ghali demanderait le poste de première adjointe et de conserver sa mairie de secteur, souffle-t-on de source proche.
Par ailleurs, la sénatrice renoncerait à se représenter aux sénatoriales de septembre prochain.
Samia Ghali souhaiterai aussi mettre dans la balance "la prolongation du métro jusque dans les quartiers Nord", détaille cette même source.
Dernier rebondissement dans des tractations qui sont décidément bien nébuleuses. Michèle Rubirola a démenti toutes négociations avec Samia Ghali.
La chef de file du Printemps Marseillais a toutefois bien confirmé une prise de contact et un rendez-vous.
Le Printemps Marseillais "prêt à toutes les combines"
Les Républicains n’ont pas tardé à répliquer, face à ce qu’il considèrent comme une manoeuvre "culottée" de la part du Printemps Marseillais."Après avoir pris le risque de faire élire le Front National et voulu écarter Samia Ghali du 8e secteur de notre ville, [ils] osent aujourd’hui l’appeler à les rejoindre", s'agace David Galtier, maire LR des 13 et 14e arrondissements de Marseille.
Des tractations qui inquiètent le maire, fraîchement élu, de l'autre partie des quartiers Nord. "Voilà Madame Rubirola et son attelage hétéroclite et improbable prêts à tout pour l’emporter".
Une majorité relative
Suite aux résultats officiels du second tour, Michèle Rubirola (PM), arrivée en tête des suffrages avec 42 conseillers, devance Martine Vassal (LR) de trois sièges.Le reste des voix est réparti entre, Samia Ghali (exPS) et ses huit sièges (ex-PS), Stéphane Ravier (RN) avec neuf sièges, et Bruno Gilles (DVD) avec trois sièges.
Stéphane Ravier va présenter sa candidature et il est fort peu probable que des voix de son camp lui échappent.
Bruno Gilles a déjà annoncé qu'il ne donnerait pas ses voix à Martine Vassal, une candidate qui ne représente plus la droite pour ce dissident LR. Selon lui, "elle n'est pas crédible après la perte de son secteur".
Les tractations vont bon train entre les différents camps pour obtenir les voix manquantes. Le temps va sembler long aux différents candidats d'ici samedi 9h30 et l'ouverture du conseil municipal, espace Bargemon.